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Prêtre tué en Vendée : le suspect est "un homme fragile" qui a grandi dans une "extrême violence", selon une journaliste qui a enquêté sur son parcours

La famille d'Emmanuel Abayisenga "était impliquée du mauvais côté de l'histoire génocidaire", rapporte la journaliste Héloïse de Neuville. Lui-même s'était mis "sous la protection de la communauté catholique" dès son arrivée en France.

Article rédigé par franceinfo - avec France Inter
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A son arrivée en France, le suspect du meurtre du père Olivier Maire, très pieux, s'est mis sous la protection de la communauté catholique. Il était hébergé par cette homme d'Eglise depuis plusieurs mois, à Saint-Laurents-sur-Sèvre, en Vendée.  (SEBASTIEN SALOM-GOMIS / AFP)

Emmanuel Abayisenga, le suspect du meurtre du père Olivier Maire, lundi 9 août en Vendée, est décrit comme un "homme fragile", "polytraumatisé" sur France Inter par Héloïse de Neuville, journaliste au service Enquête de la Croix. Elle a signé une enquête publiée le 15 juillet 2021 sur le parcours d'Emmanuel Abayisenga, suspect dans l'incendie de la cathédrale de Nantes en 2020.

"J'ai été surprise, parce que c'est un homme fragile, et en même temps qui m'avait été décrit comme quelqu'un de plutôt pacifique, qui aurait sans doute pu retourner sa violence contre lui-même", a affirmé Héloïse de Neuville.

Son père a été exécuté au Rwanda

Emmanuel Abayisenga est né au Rwanda au sein d'une famille Hutu. Il est âgé de 13 ans au moment du génocide des Tutsi. "Son père a été exécuté sommairement pour avoir participé au génocide, et son oncle purge une peine de prison à vie", poursuit la journaliste, qui a contacté le parquet de Kigali.

"Il grandit dans cette extrême violence avec une famille impliquée du mauvais côté de l'histoire génocidaire."

Héloïse de Neuville, journaliste au quotidien La Croix

à franceinfo

Selon Héloïse de Neuville, le suspect entre dans la police dans sa jeunesse, avant de déserter au bout de trois ou quatre ans. Il ment à sa famille en expliquant qu'il part pour la France pour une mission. En réalité, il fuit le Rwanda et explique aux personnes qu'ils rencontrent à Nantes "qu'il aurait refusé de participer à des exécutions ou des basses besognes contre les Hutus."

Cette version n'est pas retenue par l'OFPRA, l'office chargé d'examiner les demandes d'asile qui le déboute à plusieurs reprises. "Il aura en tout quatre obligations de quitter le territoire français", précise Héloïse de Neuville. La dernière a été refusée puisqu'il était sous contrôle judiciaire suite à l'incendie de la cathédrale de Nantes.

"Choc post-traumatique" après une agression

Emmanuel Abayisenga est aussi un homme qui a grandi en lien avec la religion catholique, au sein d'une famille très pieuse. "C'est son premier réflexe quand il arrive en France. Il va tout de suite se mettre sous la protection de la communauté catholique", relate Héloïse de Neuville.

Pour la journaliste, ses actes ne sont pas dirigés contre cette communauté, notamment l'incendie de la cathédrale de Nantes. "La veille de ce geste, il avait envoyé un mail à 300 personnes, en disant qu'il devait expulser une menace diabolique de la cathédrale, parce que lui-même avait subi une agression de la part d'un marginal devant la porte de la sacristie en 2018."

"Il était déjà tombé dans une forme de paranoïa, de délire mystique qui témoigne de son état psychique, qui à mon avis s'était encore dégradé."

Héloïse de Neuville, journaliste au quotidien La Croix

à franceinfo

Il était "manifestement en choc post-traumatique" lorsqu'il s'est fait agresser en 2018 et cela a "éveillé des souvenirs de violence extrêmement profonds chez lui. Tous ses proches ont témoigné qu'il y avait eu un basculement dès ce moment-là", conclut la journaliste qui décrit un "homme malade".  

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