"Ça me remonte le moral" : que représentent les heures "de convivialité" proposées aux personnes âgées ?
Les députés vont débattre de cette proposition ce jeudi. Ces heures seront assurées par les auxiliaires de vie qui s'occupent des personnes âgées à domicile. L'objectif est de recréer du lien. Certaines ont déjà mis en place cette mesure.
"Allez, on se lève !" Chrystèle Hubert, auxiliaire de vie, s'occupe d'Annie, 90 ans, cinq jours par semaine à Eaubonne, dans le Val d'Oise. "Venez avec moi", dit-elle à la nonagénaire, "on va se promener ? Je ne me souviens pas de ça", lui répond Annie, atteinte de la maladie d'Alzheimer. Chrystèle pratique ce qu'on appelle des heures de "convivialité". Le gouvernement prévoit de financer à partir de 2024 deux heures de ce type pour tous les bénéficiaires de l'allocation personnalisée d'autonomie, qui vivent à domicile.
Une promesse de campagne d'Emmanuel Macron, qui sera débattue par les députés jeudi 20 octobre et qui doit permettre de recréer du lien avec des personnes âgées isolées. C'est ce que fait Chrystèle Hubert, en maintenant des activités avec Annie pour continuer à la stimuler. "On sort tous les jours pour faire le petit tour du pâté de maison, ou on va voir le fleuriste de temps en temps", raconte-t-elle. Ensemble, elles "papotent, rigolent", "on commente le passage des enfants". Autre activité : commenter la série "La petite maison dans la prairie" qu'Annie "aime beaucoup". "On met de la musique aussi, on a une playlist et Annie chante. Ce sont des petits moments qui sont très sympas", confie Chrystèle.
Redonner du sens à l'accompagnement
Des moments partagés appréciés à la fois par Chrystèle mais aussi par Annie. "On échange quelques trucs avec Chrystèle, on papote", raconte la vieille dame. Elle n'a pas le moral, "plus que parfois", elle "en a marre", alors ces moments lui "remontent le moral".
À partir du 1er janvier 2024, le gouvernement souhaite que tous les bénéficiaires de l'allocation personnalisée d'autonomie qui vivent encore à domicile puissent bénéficier de ces moments. Aujourd'hui, ce sont les enfants d'Annie qui paient pour ce service. "Dans la mesure où on dit qu'on veut que les personnes âgées puissent rester à domicile, ça fait partie du soin et de la vie", explique Florence, la fille d'Annie.
"Il n'y a pas que faire la toilette, faire les repas, le reste, c'est aussi très important."
Florenceà franceinfo
Ce dispositif est aussi valorisant pour Chrystèle Hubert, une auxiliaire de vie diplômée, qui ne se "considère pas femme de ménage". "Moi, aller faire que des heures de ménages chez une personne, ce n'est pas mon travail", avance-t-elle.
La question de l'utilité de ces heures de convivialité ne se pose pas selon elle. "J'ai une patiente qui n'a pas d'enfants, j'y vais une fois deux heures par semaine. Tout le reste du temps, elle est seule. Alors il m'arrive de lui passer un coup de fil et elle est en larmes au téléphone parce que quelqu'un s'intéresse à elle", raconte Chrystèle. Ce qu'il faut régler maintenant, c'est le financement. Sur cette question, le gouvernement prévoit 900 millions d'euros sur quatre ans. Cette somme serait prélevée sur une partie des recettes fiscales de la Contribution sociale généralisée (CSG).
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