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Contrôle des Ehpad : "On est prévenus des mois avant et tout est briqué, nettoyé et organisé pour le recevoir convenablement", témoigne une déléguée CGT

La déléguée syndicale CGT, en grève depuis 30 jours, doute de la volonté des autorités de mener jusqu'au bout ces enquêtes.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Une personne âgée rejoint sa chambre dans un Ehpad. (R?MY PERRIN / MAXPPP)

"La dernière fois qu'on a eu un contrôle, c'était il y a quelques années, en général, on est prévenu des mois avant", témoigne mardi 1er février sur franceinfo Siham Touazi qui travaille dans l’Ehpad du Château de Neuville dans le Val-d'Oise depuis 12 ans. La ministre déléguée chargée de l'Autonomie Brigitte Bourguignon a annoncé mardi l'ouverture d'une enquête administrative et d'une enquête financière concernant Orpea. Les dirigeants du groupe ont été convoqués ce mardi au ministère pour s'expliquer après les révélations sur des actes de maltraitance dans leurs établissements. 

franceinfo : Vous êtes combien de salariés au service de des personnes âgées, dans votre établissement ?

Siham Touazi : C’est très compliqué parce que nous faisons partie d'une holding découpée toujours en dessous de moins de 50 salariés pour ne pas avoir de représentativité forte. À l'intérieur de notre établissement, nous sommes, effectivement, moins de 50 salariés pour un établissement qui peut accueillir jusqu'à 142 résidents. Il faut dire qu'il y a un gros gros turn-over, beaucoup d'arrêts maladie, beaucoup d'accidents de travail. Donc, sur une unité de 23 ou 24 résidents, on va trouver deux voire trois salariés. Vous arrivez à avoir des stagiaires, des étudiants ici et là. Le bricolage permet d'avoir une aide à accomplir au minimum de ces tâches dans un temps toujours imparti.

Craignez-vous que le livre Les Fossoyeurs ne change pas la situation dans les Ehpad ?

Malheureusement, effectivement. Quand on voit la canicule il y a quelques années, on s’était dit après la canicule, on va faire sauter un jour férié et cet argent va servir à la dépendance de nos plus anciens parce qu'on a ouvert les yeux à ce moment-là. Ensuite, il y a eu le Covid. On s’est dit, oh là là nos seniors, il faut les mettre à l'abri. Et de nouveau un scandale sur les Ehpad. C’est encore le énième scandale. Ils percutent une réalité, en tout cas la nôtre. Ça fait 30 jours que des salariés sont en grève devant l'établissement pour regagner notre dignité. Bien sûr que j'ai de l’espoir. Bien sûr que j'espère que le mouvement qui est lié à la sortie de cette enquête [Les Fossoyeurs de Victor Castanet] va faire changer les choses. Mais quand j'ai entendu la ministre ce matin sur France Inter, j’ai été très surprise du propos parce que tout était orienté sur Orpea et tout était orienté sur la question des contrôles. Est-ce qu'on donne les moyens des contrôles? Est-ce que réellement, Il y a des contrôles ? Un inspecteur a presque 200 entreprises à contrôler. Est-ce que tout cela est bien réaliste ?

Votre établissement a déjà été contrôlé ?

La dernière fois qu'on a eu un contrôle, c'était il y a quelques années. En général, on est prévenu des mois avant. Tout est briqué, nettoyé et organisé pour recevoir convenablement ledit "contrôle". Effectivement, on est contrôlé, mais si ça c'est une forme de contrôle, je ne sais pas à quoi cela correspond. Il est aussi important que pour les établissements lucratifs on puisse regarder où va cet argent public. Ce sont les impôts des Français qui sont reversés à des établissements qui font de l'argent avec.

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