Ehpad : le directeur adjoint de l'AD-PA juge "maigre" la proposition d'Emmanuel Macron de recruter 50 000 soignants

La promesse électorale d'Emmanuel Macron de recruter en cinq ans 50 000 infirmiers et aides-soignants dans les Ehpad est jugée "maigre" par Éric Fregona, directeur adjoint de l’AD-PA (Association des Directeurs au service des Personnes Agées) vendredi 18 mars sur franceinfo. Il préconise plutôt "300 000 professionnels en plus" et le recrutement immédiat de "deux postes supplémentaires dans chaque établissement et dans chaque service à domicile". Tous "dysfonctionnent parce qu'il n'y a pas assez de moyens accordés par la puissance publique dans ce secteur d'activité", déplore Éric Fregona.

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franceinfo : Ce recrutement, sur cinq ans, de 50 000 infirmiers et aides-soignants dans les Ehpad vous paraît-il suffisant ?

Éric Fregona : Ça nous paraît maigre puisque l'ensemble des rapports de la puissance publique produits durant le quinquennat d'Emmanuel Macron préconisaient le double, à savoir 100 000 postes supplémentaires dans les établissements pour les personnes âgées et 100 000 professionnels en plus pour les services à domicile. À l'AD-PA, nous préconisons 300 000 professionnels en plus. Il faut immédiatement et absolument deux postes supplémentaires dans chaque établissement et dans chaque service à domicile pour passer le cap de l'affaire Orpea. Si on veut vraiment prendre la mesure de ce qui s'est passé, il faut immédiatement recruter et c'est bien que les candidats [à l'élection présidentielle] s'en emparent.

Ces métiers sont-ils assez attractifs pour attirer les jeunes notamment ?

Pas suffisamment. Aujourd'hui, l'ensemble des Français ont conscience que dans ce secteur d'activité les conditions de travail sont extrêmement dures. Les maladies professionnelles et les accidents du travail ne cessent d'augmenter donc il faut aérer ce secteur. Au-delà des postes d'aides-soignants et d'infirmiers qui sont nécessaires, il faut ouvrir ce secteur et recruter immédiatement. On peut recruter des psychologues, des animateurs, des professionnels du socioculturel.

"Force est de constater qu'aujourd'hui on ne prend pas suffisamment en compte les attentes des personnes âgées."

Éric Fregona, directeur adjoint de l’AD-PA

à franceinfo

Leurs besoins, c'est une chose, mais on a bien vu lors de la crise sanitaire que leur santé psychique et leurs aspirations sont tout aussi importantes.

Emmanuel Macron veut aussi renforcer les contrôles sur les établissements privés. Selon vous, il faut insister aussi sur ces contrôles ?

Faire des contrôles sur des établissements ou sur des services à domicile que l'ARS a ciblé à risque ou parce qu'il y a eu des déclarations d'événements indésirables graves, c'est nécessaire et indispensable. Qu'il y ait des sanctions après, c'est aussi indispensable. Par contre, la réponse du ministère de dire "on va élargir des contrôles et faire des contrôles dans l'ensemble des établissements", c'est jeter le discrédit sur toute une profession. Ce n'est pas uniquement le secteur privé, il y a aussi des établissements qui dysfonctionnent gravement dans le secteur public et dans le secteur associatif, mais tout le monde ne dysfonctionne pas gravement. Par contre, tous les établissements et services à domicile dysfonctionnent parce qu'il n'y a pas assez de moyens accordés par la puissance publique dans ce secteur d'activités.