"Empathie", "personnel nombreux", ouverture aux proches : des familles racontent comment elles ont choisi leur Ehpad
Après le scandale des établissements privés Orpea, le gouvernement doit faire des annonces d'ici la fin du mois pour lutter contre la maltraitance des personnes âgées. Placer son conjoint ou son parent en toute confiance relève souvent du parcours du combattant.
Daniel Doljansky vient d'avoir 81 ans et souffre de la maladie d'Alzheimer. Sa femme, Jacqueline, a dû trouver un autre Ehpad en catastrophe car dans le premier établissement, son époux était en train de décliner, faute de soins adaptés : "Il y a trois semaines mon mari ne parlait pas." Quand nous le rencontrons mi-février, l'octogénaire parvient, très lentement, mais sûrement, à s'exprimer. Pour Jacqueline, cette évolution positive est le fruit de "l'empathie qu'il y a, de la part de tout le personnel, au fait qu'il est stimulé constamment, qu'il n'est jamais seul".
"Voir l'ambiance, voir l'odeur"
Alors que les propositions du gouvernement pour éviter les dérives dans les établissements pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) - dénoncées dans le livre "Les Fossoyeurs" - sont attendues avant la fin du mois, Jacqueline pense, elle, avoir enfin trouvé la perle rare. Un Ehpad privé 100% Alzheimer, pas loin de chez elle, à Garches (Hauts-de-Seine), près de Paris. Mais il lui faut payer le prix fort : 6 000 euros par mois. il y a de la moquette partout, des nappes sur les tables, et surtout du personnel nombreux et aux petits soins.
Pour bien sélectionner son établissement, voilà ce qu'elle conseille aux familles : "Les choses classiques : visiter, voir l'ambiance, voir l'odeur. Voir les gens s'ils sont souriants, si le personnel a l'air stressé. Essayer d'y aller plusieurs fois et sinon, absolument contacter le représentant des familles. Et vraiment, ça, c'est la personne qui pourra vous dire 'c'est bien' ou 'ne venez pas'."
"Quelqu'un a essayé de l'étrangler"
Valérie pensait avoir réunit tous ces critères quand elle a découvert que sa maman qui souffre de démence était victime de maltraitance dans son Ehpad près de Toulouse : "Elle a été violemment agressée au bout de deux semaines et on n'a jamais eu d'explication sur ce qui s'est passé. C'est-à-dire que quelqu'un a essayé de l'étrangler. Elle avait des traces de mains sur la nuque. Elle m'a dit s'être fait taper à plusieurs reprises. Je l'ai retrouvée avec une dent en moins. Suite à ça, j'ai décidé de changer ma mère d'Ehpad. J'ai visité une vingtaine d'Ehpad avant d'en trouver un qui me paraissait correct. Mes critères, c'était de voir le cadre, voir le nombre de personnel, les activités et surtout l'accès à l'Ehpad des familles."
"Si les familles viennent très souvent, sont acceptées par l'Ehpad, vous avez beaucoup moins de chance d'avoir des maltraitances dans cette Ehpad-là parce qu'il y a des yeux qui surveillent."
Valérieà franceinfo
Dans cette deuxième résidence, ça ne s'est pas bien passé non plus. La maman de Valérie a perdu 12 kilos. Elle s'est résolue à installer sa mère chez elle pour s'en occuper, en plus de son travail à mi-temps.
Un contrôle "qui ne fonctionne pas"
Il existe pourtant un organe de surveillance dans chaque Ehpad qui réunit direction, famille et personnel, le conseil de vie sociale (CVS). Patrick Collardot, président de l'association "Touche pas mes vieux" constate sur le terrain que "le CVS ne fonctionne pas. C'est quelque chose qui a été mis en place en 2004 sans contraintes, sans sanctions, sans contrôle. Et je pense qu'un certain nombre de directions ont eu peur de ce qui pouvait éventuellement empiéter sur leurs prérogatives, même si le CVS n'a qu'une voix consultative. Et donc presque 20 ans après, il y a encore des Ehpad sans CVS et statistiquement, moins d'un Ehpad sur cinquante a un CVS qui fonctionne correctement."
Pour que les conseils de vie sociale tiennent leur rôle au sein des Ehpad, Patrick Collardot estime qu'il faudrait des sanctions pour faire appliquer cette loi.
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