Maisons de retraite : "Il y a des maltraitances dans tous les établissements", dénonce le président de l'AD-PA
"La vieillesse n'est pas un business lucratif, réfute Pascal Champvert qui affirme que "80% des établissements ou des services à domicile sont gérés par des associations ou des structures publiques" et qu'il n'y a que "20% de structures privées commerciales".
"Le problème de fond, c'est qu'il y a des maltraitances dans tous les établissements", a reconnu mardi 25 janvier sur franceinfo Pascal Champvert, président de l'Association des Directeurs au service des Personnes Agées (AD-PA) alors qu'un livre-enquête, Les Fossoyeurs, édité chez Fayard, dénonce des actes de maltraitance dans les maisons de retraite du groupe Orpéa. Ce livre s'appuie notamment sur le témoignage de Laurent Garcia, cadre infirmier, qui a travaillé huit mois dans une maison de retraite du groupe à Neuilly-sur-Seine dans les Hauts-de-Seine. Pascal Champvert se montre "assez étonné", mais "si les faits sont avérés, cela relève de la justice", selon lui. Mais plus largement, c'est "la France" qui "est maltraitante avec ses aînés", dit-il.
franceinfo : Êtes-vous surpris par ce témoignage ?
Pascal Champvert : Il y a des choses qui paraissent absolument étonnantes. Si les faits sont avérés, ils sont graves, bien entendu. Si les faits sont avérés, cela relève de la justice et de la maltraitance. Il faut une enquête de justice sur ces sujets.
Vous connaissiez la situation évoquée par cet infirmier ?
Le problème de fond, c'est qu'il y a des maltraitances dans tous les établissements et dans les services à domicile. C'est ça le problème de fond de notre société.
"Les pouvoirs publics se sont habitués à sous-financer l'aide aux personnes âgées. Partout, à domicile comme en établissement, la France est maltraitante avec ses aînés."
Pascal Champvert, président de l'AD-PAà franceinfo
Et cette maltraitance systémique, elle est connue de tous. Il y a des rapports officiels qui la dénonce. Le problème, c'est que, comme ce sont les pouvoirs publics qui sont à l'origine, rien ne bouge. C'est le problème de fond sur lequel peuvent se greffer des comportements totalement dysfonctionnants, soit individuels, soit collectifs. Mais le problème de fond, c'est cette habitude qu'a pris la France de ne pas bien s'occuper de ses aînés, de maltraiter ses aînés.
Est-ce que cela vient du fait que la vieillesse est devenue un business lucratif ?
La vieillesse n'est pas un business lucratif. Il faut savoir que 80% des établissements ou des services à domicile sont gérés par des associations ou des structures publiques. Il y a 20% de structures privées commerciales. Ce livre, manifestement, dont nous n'avons lu aujourd'hui que les bonnes feuilles, cible un groupe commercial. Ce groupe commercial se défendra. Il y aura des débats et on verra où est la vérité. Je suis opposé au lynchage médiatique contre qui que ce soit. Donc, il y a une police en France, il y a une justice. S'il y a des faits qui relèvent de la justice, eh bien ils seront examinés et débattus devant la justice. Le malaise systémique dans l'aide aux personnes âgées, nous en parlons depuis longtemps. Si ce livre peut contribuer à faire bouger les choses et si la campagne présidentielle peut contribuer à faire bouger les choses, alors ce sera une bonne chose. Nous allons présenter une plateforme à tous les candidats pour leur faire des propositions concrètes pour sortir de ce que nous appelons la maltraitance des aînés.
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