Maltraitance dans les Ehpad : une action collective contre Orpea déposée "début mars", annonce une avocate
Le groupe Orpea est accusé de maltraitance dans ses Ehpad. "Ils se croient absolument tout permis", dénonce l''avocate Sarah Saldmann qui ne voit dans le limogeage du directeur général annoncé dimanche qu'une manœuvre pour "faire retomber la pression médiatique".
L'avocate Sarah Saldmann compte déposer "début mars" une action collective conjointe comprenant un ensemble de plaintes contre le groupe Orpea auprès du procureur de la République de Paris : "Je suis vraiment entouré de clients très déterminés et pour certains, c'est le combat de leur vie", a-t-elle indiqué lundi 31 janvier sur franceinfo. Le groupe est pointé du doigt après les révélations du livre-enquête de Victor Castanet, Les fossoyeurs, paru cette semaine. Plusieurs témoignages évoquent de mauvais traitements infligés aux personnes âgées dans les maisons de retraite Orpea. "Le livre agit comme un libérateur de la parole" des familles, dit-elle.
franceinfo : Pourquoi lancer une action collective ?
Sarah Saldmann : Parce que, pour l'instant, les plaintes sont relativement éparpillées. Chacun a fait sa plainte de son côté ou ne l'a pas fait parce que le livre agit comme un libérateur de la parole. Il faut vraiment le souligner. On me dit : Mais pourquoi vos clients n'ont pas porté plainte ? Ils étaient endeuillés, esseulés et seuls face à un géant. Il faut vraiment le prendre en compte. Ce que je souhaite, c'est regrouper les plaintes, bien que chacun reste autonome dans sa plainte.
"Ce n'est pas une class action comme il en existe aux États-Unis, mais c’est vraiment la volonté de faire une masse, de faire un groupe soudé face à Orpea."
Sarah Saldmann, avocateà franceinfo
C’est une façon de mettre un peu plus encore la pression sur Orpea, de ne pas être seul face à un grand groupe ?
Bien sûr, parce que j'ai des clients qui ont tenté de discuter avec Orpea, de leur dire : ça ne va pas, ce n'est pas possible. Même moi, j'ai appelé Orpea. Je leur ai fait des recommandés pour des clients.
"C’est un groupe qui vous prend de haut. Cela m’est arrivé d'avoir une directrice qui me rit au nez."
Sarah Saldmann, avocateà franceinfo
Il n'y a pas d'avocat, ils se croient absolument tout permis. Ils envoient aussi des factures parfois qui sont injustifiées. Dès que vous envoyez un recommandé d'avocat, ils arrêtent tout de suite. Ce sont des pratiques qui, sur tous les plans, sont absolument inacceptables.
Les témoignages se sont-ils accélérés après la sortie du livre ?
Cela s'est énormément accéléré parce que ce sont des clients que j'avais avant la sortie du livre pour la plupart, et qui m'ont dit : "Cette fois, je porte plainte". Cela a été vraiment un déclencheur. Cela n'a pas été une cause du dépôt de plainte, mais cette fois, ils se sont dit, je ne suis pas seul, je vais y aller, c'est vraiment le moment. Cette action collective est prévue pour début mars.
Orpea se défend de toute politique générale de rentabilité, tout en reconnaissant des problèmes ponctuels liés à la conjoncture. D'après les témoignages que vous avez, cela ne tient pas ?
Cela ne tient absolument pas. En même temps, je les vois mal dire effectivement : "Nous sommes coupables d'homicide involontaire". C’est absolument impossible. Donc là, ils ont changé de directeur subitement. C'est un écran de fumée. C'est vraiment une manière de dire qu’on va faire retomber la pression médiatique. Non, on ne peut pas s'en sortir comme ça surtout qu'ils prennent quelqu'un qui connaît déjà Orpea. Je suis vraiment entouré de clients très déterminés et pour certains, c'est le combat de leur vie.
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