Places de répit "pour souffler", guichet unique... Ce qu'il faut retenir de la nouvelle stratégie nationale du gouvernement pour les aidants

Article rédigé par franceinfo
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Un homme et une femme poussent deux personnes en fauteuil roulant dans un jardin du Mans (Sarthe), le 29 janvier 2021. (GILE MICHEL / SIPA)
L'exécutif a promis, vendredi, la création de 6 000 nouvelles "places de répit" dans des structures adaptées auxquelles les aidants peuvent confier un proche dépendant, pour un ou plusieurs jours.

Le gouvernement veut "mieux prendre soin de ceux qui prennent soin des autres". Une nouvelle stratégie nationale pour les aidants a été présentée, vendredi 6 octobre, par la ministre des Solidarités, Aurore Bergé, et la ministre déléguée aux Personnes handicapées, Fadila Khattabi. La France compte 9,3 millions de personnes déclarant "apporter une aide régulière" à un proche âgé, handicapé ou atteint d'une maladie invalidante, selon des chiffres officiels publiés en février. Parmi eux, 500 000 mineurs s'occupent d'un de leurs parents.

Ce plan pour la période 2023-2027 vise à "simplifier le parcours des aidants, qui n'est pas à la hauteur de ce que notre pays doit aux familles", résume Aurore Bergé. Devenir aidant est "une charge très lourde, à la fois physique et mentale", souligne-t-elle. Dans un contexte de vieillissement de la population et de développement du maintien à domicile, l'enjeu est de taille. Le gouvernement se voit déjà reprocher un manque d'ambition. Cette stratégie est "un amas de petites mesures", selon Hélène Rossinot, médecin spécialiste du sujet. Voici les principales dispositions du nouveau plan Agir pour les aidants.

Davantage de places de répit pour "souffler" 15 jours par an

C'était l'une des promesses de campagne d'Emmanuel Macron en 2022 : permettre aux aidants "de prendre deux semaines au moins par an pour souffler", en se faisant remplacer par une aide à domicile ou en confiant temporairement leur proche à un établissement spécialisé. Pour y parvenir, le gouvernement annonce la création de 6 00 places de répit supplémentaires, "en particulier des places d'accueil de jour et des places d’accueil temporaire pour les personnes âgées et handicapées". Les jours d'ouverture des établissements pour enfants doivent aussi être élargis pour instaurer un accueil "pendant les week-ends et les vacances".

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L'exécutif se montre plus timide en matière de remplacement sur le lieu de vie du proche aidé. Ce dispositif, très attendu et encore peu développé, fera "l'objet d'une structuration territoriale" et d'un "renforcement", sans précision concrète à ce stade. L'offre est aujourd'hui freinée par d'"importantes difficultés de recrutement" dans le secteur du soin et de l'aide à domicile, comme le relevait un rapport de l'Inspection générale des affaires sociales (PDF), fin 2022. L'Igas soulignait en outre que "l'accès à des solutions de répit n’est pas la première demande des aidants, qui insistent en premier lieu sur l'importance d'un accompagnement soignant et médico-social approprié pour les personnes aidées".

Un guichet unique départemental pour les aidants

Pour sortir les aidants du "parcours du combattant" actuel, Aurore Bergé promet "un interlocuteur unique" qui sera chargé, dans chaque département, d'informer et accompagner les proches de personnes dépendantes. Ce futur "service public départemental de l'autonomie", en cours de lancement depuis cet été par le ministère des Solidarités, s'appuiera notamment sur les 285 plateformes de répit existantes, déjà chargées d'orienter et de proposer des services aux aidants. "Nous allons couvrir d'ici 2027 tous les départements avec une plateforme de répit", promet l'exécutif, alors que seuls cinq départements en étaient encore dépourvus fin 2022, selon l'Igas.

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Plus largement, le gouvernement entend informer l'ensemble de la population, via une campagne de communication inédite sur les aidants, ainsi que sur les dispositifs et droits auxquels ils peuvent prétendre. L'un des enjeux est de "mieux repérer les aidants", en mobilisant par exemple les professionnels de santé et du médico-social, pour ensuite les accompagner correctement. Un repérage chez les jeunes lors de la journée défense et citoyenneté est également annoncé, ainsi que des actions d'identification des "aidants vieillissants fragiles ou très fragiles".

Une prise en compte renforcée de la parole des aidants

Du fait de leur rôle central, les millions de Français qui épaulent des personnes dépendantes développent une "expertise" dans les soins et l'accompagnement. Celle-ci doit être davantage "reconnue", estime le gouvernement. Pour simplifier leur quotidien, le ministère des Solidarités veut leur permettre d'accéder au compte "Mon espace santé" de leur proche avec un identifiant dédié. Sur le plan professionnel, grâce aux compétences acquises en tant qu'aidant, l'accès à la validation des acquis par l'expérience (VAE) sera facilitée, "avec une attention particulière aux personnes ayant renoncé à leur emploi". Des décrets en ce sens doivent être "prochainement publiés".

Le gouvernement entend aussi "favoriser les échanges entre aidants, en particulier par les lignes d'écoute", améliorer l'accès à un soutien psychologique et développer la médiation familiale "pour prévenir et soulager les aidants dans les situations de tension". Un effort de formation est également annoncé pour ceux qui souhaitent "mieux appréhender la situation de leur proche et les gestes pour l'aider dans son quotidien".

Des mesures pour les étudiants et les salariés aidants

La stratégie nationale 2023-2027 comprend enfin un volet visant à réduire les ruptures de parcours scolaires ou professionnels. Depuis la rentrée 2023, l'accès aux bourses a été amélioré pour les étudiants aidants, qui bénéficient de quatre points de charge supplémentaires dans le calcul de leurs droits. "Il ne doit plus y avoir de jeunes qui renoncent à faire des études, à déménager pour faire leurs études, faute de solutions", affirme Aurore Bergé. Les aménagements doivent être facilités et "des actions seront organisées pour sensibiliser les acteurs académiques".

Dans le monde professionnel, le nouveau plan vise à "sécuriser le congé de proche aidant", qui permet de s'absenter de son travail pour s'occuper d'une personne dépendante en percevant indemnisation proche du smic. Pour favoriser le recours à ce dispositif, qui a connu un démarrage poussif, le gouvernement entend mettre en place des "droits rechargeables", afin de pouvoir bénéficier plusieurs fois de cette allocation si on aide plusieurs de ses proches au cours de sa carrière. Dans la fonction publique, le recours à des horaires adaptés sera "encouragé" pour les aidants qui le souhaitent.

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