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Pub pour les "sugar daddies" devant des facs parisiennes : "Après l’affaire Weinstein, on n'y croit pas..."

À Paris, le site "richeMeetbeautiful" qui met en relation des jeunes filles avec des "sugar daddies", des hommes riches, fait de la publicité devant des facs, ce qui provoque de vives réactions. 

Article rédigé par franceinfo - Farida Nouar
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Copie d'écran du compte twitter de la mairie de Paris, qui "condamne" la publicité pour un site de rencontres avec des "sugar daddies". 
 ((COPIE D'ECRAN TWITTER))

Depuis mardi, près des universités parisiennes, un panneau publicitaire vante les mérites d'un site de rencontres avec "un sugar daddy" ou "une sugar mama", un "papa gateau", homme ou une femme d'âge mur et riche cherchant une compagnie ou une relation. Devant le campus de Paris Descartes Paris-V, les réactions majoritairement choquées, emboîtent le pas aux plaintes et aux demandes d'interdiction.  

Pub pour les "sugar daddies" devant des facs parisiennes : "Après l’affaire Weinstein, on n'y croit pas..." - un reportage de Farida Nouar

Hugo et Marie voient la publicité en sortant de cours. "Romantique, passion, pas de prêt étudiant : sortez avec un sugar daddy ou une sugar mama", lisent-ils sur le panneau. Pour ces étudiants, le message est très clair.

C'est 'Venez chez nous et faites vos putes', pardon du mot mais...

Marie, étudiante à Paris

à franceinfo

Dans un premier temps, Hugo confie avoir été amusé. "J'ai surtout rigolé et je me suis dit qu'après les sites de rencontres extra-conjugales, on faisait les sites de sugar daddies". Puis, il fait le rapprochement avec ce que lui a raconté une amie. Elle a envoyé promener des gens qui lui ont fait une proposition de ce genre, dit-il.  

Les étudiants sont clairement visés par le site internet "richmeetbeautiful.fr" qui explique qu'il ne propose rien de plus qu'un service pour mettre en relation deux personnes. Mais pour beaucoup, il s’agit d’une prostitution déguisée. Elsa n'apprécie pas la manoeuvre. 

C'est un choc qu'ils aillent dans un secteur où ils savent qu'ils auront des cibles potentielles. Au final, c'est un abus de faiblesse.

Elsa, étudiante

à franceinfo

Clémentine et Julie ont vu la publicité sur les réseaux sociaux, par le biais des photos postées par des internautes scandalisés. Leurs réflexions sont plus nuancées. "Si des gens veulent faire ça, qu'ils le fassent", dit l'une. L'autre laisse entendre que le besoin d'argent peut conduire vers le site. "Il y a des choses que nous, dans notre petit confort, on n'imagine certainement pas. Ça peut paraître choquant, mais ça doit exister." 

Pour l'Unef, organisation étudiant représentée par Martin Vanhulle, à l'université  Paris-V, tente d'alerter les étudiants face à la "provocation".

L'UNEF demande "l'interdiction" de la tournée publicitaire, qui profiterait de la situation financière difficile de certains étudiants.

Environ 20% des étudiants vivent en dessous du seuil de pauvreté. Quand on arrive en cours, on tombe sur cette publicité qui nous incite à nous prostituer pour faire face à la misère étudiante. C'est juste dégueulasse.

Martin Vanhulle, UNEF

à franceinfo

Le président de l'université Paris Descartes, Frédéric Darle, n'a pas apprécié non plus le tour de piste de la publicité devant le campus. Il a prévu de porter plainte pour incitation au proxénétisme.

On ne le croit pas. Après ce qui s'est passé avec l'affaire Weinstein, on a l'impression qu'on est sur autre planète.

Frédéric Darle, président de l'université Paris Descartes

à franceinfo

De son côté, la mairie de Paris a saisi le procureur de la République pour demander des poursuites contre le site internet. La ministre de l'Enseignement supérieur a, elle, dénoncé mercredi sur franceinfo une incitation à la prostitution des étudiants. 

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