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Baisse du denier du culte : "Ça représenterait une quarantaine de millions d'euros sur la collecte générale"

Le denier du culte est en baisse de 2% lors des neuf premiers mois de 2018, constate la conférence des évêques. 

Article rédigé par franceinfo
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Le denier du culte, illustration.  (CHRISTIAN LANTENOIS / MAXPPP)

Comme d'autres associations, l'Église catholique constate une baisse des dons en 2018. Le denier du culte, sa principale ressource, chute de 2,2% sur l'ensemble du territoire sur les trois premiers trimestres. "Si on atteint à la fin de l'année cette baisse, ce qui n'est pas sûr du tout, ça représenterait quelque chose comme une quarantaine de millions d'euros sur la collecte générale", affirme dimanche 30 décembre sur franceinfo Philippe Guyard, économe diocésain de Créteil.

franceinfo : L'Église ne s'en sort-elle pas finalement plutôt bien ?

Philippe Guyard : On peut s'estimer plutôt heureux, car l'une des raisons principales de la baisse des dons cette année, c'est la suppression de l'ISF, remplacé par l'IFI. Un certain nombre de donateurs qui étaient assujettis à l'ISF ne le sont plus et donc ne font plus leurs dons au travers de la déduction de cet impôt. Toutes les associations et fondations qui étaient dépendantes de l'ISF ont des taux plus importants. Si on atteint à la fin de l'année une baisse de 2,2%, ce qui n'est pas sûr du tout, ça représenterait quelque chose comme une quarantaine de millions d'euros sur la collecte générale. Le denier de l'Eglise représente 40% de ce chiffre. Au niveau du diocèse de Créteil, cette baisse de 2% représente le traitement de trois prêtres sur l'année. En 2017, le don moyen en France pour le dernier de l'Eglise était de 232 euros. Il n'y a pas de tarif indiqué, c'est laissé à la générosité de chaque donateur. Le denier du culte sert à assurer le fonctionnement de l'Église catholique, organisée par les diocèses en France. Chaque diocèse est une association, qui doit équilibrer ses comptes sur le plan des charges et produits. L'objectif principal du denier de l'Église, c'est de rémunérer les prêtres et les laïcs qui travaillent au sein de l'Église. Il faut aussi assurer le fonctionnement général, payer les notes d'électricité, le chauffage des églises et des lieux où se réunissent les chrétiens, entretenir les bâtiments... Et puis il faut conduire un certain nombre de projets pour que l'Église vive.

La suppression de l'ISF est-elle la seule cause à cette baisse, ou peut-on penser au contexte général, avec les "gilets jaunes" notamment ?

Beaucoup des dons sont faits en novembre et en décembre, c'est une habitude des donateurs d'attendre d'y voir clair sur ce qui leur reste à la fin de l'année. C'est clair que l'ambiance générale du pays, avec un moral plutôt morose, incite plutôt à la prudence et au repli sur soi qu'au don généreux. Il faut donc lancer de nouveaux appels, ce qui est en cours avec une campagne pour remercier les donateurs. Les scandales qui ont touché l'Église peuvent être un facteur explicatif au fait que certains chrétiens soient plus réticents à donner. Il ne faut pas nier l'importance de la crise de ces abus sexuels. Là aussi, les situations sont très différentes : aujourd'hui les chrétiens connaissent bien leurs prêtres, ils ont des relations directes avec la plupart des gens qui font vivre l'Église et peuvent relativiser l'impact d'événements qui ont eu lieu il y a quelques années.

Faut-il moderniser le don ?

Il faut moderniser la communication, en particulier car il faut atteindre des gens plus jeunes. De manière générale, on se rend compte que quand le chrétien commence sa vie professionnelle, il a tendance à une certaine générosité même s'il a peu de moyens. Quand il fonde une famille et qu'il prend un certain nombre de charges, la générosité est plus contenue. Il faut donc utiliser des moyens actuels avec la communication de masse et sur Internet. Il faut stimuler d'autres formes de dons comme la quête, en offrant la possibilité de payer par Internet, ou avec le panier de quête électronique.

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