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Menus de substitution : "Les repas végétariens sont un moyen de mettre tout le monde d'accord"

Article rédigé par Elise Lambert - Recueilli par
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Le député UDI Yves Jégo à l'Assemblée nationale, le 17 février 2015. (  MAXPPP)

Le député Yves Jégo a lancé une pétition appelant à imposer la présence d'un repas végétarien au menu des cantines. Interrogé par francetv info, l'élu centriste revient sur cette proposition.

"Pour une alternative végétarienne obligatoire dans les cantines scolaires." Le député UDI Yves Jégo a lancé, vendredi 14 août, une pétition en ligne pour demander la présence obligatoire, chaque jour, d'un repas végétarien dans les cantines scolaires françaises. Lundi matin, la pétition totalisait plus de 11 000 soutiens.

Cette initiative fait suite au débat sur les menus de substitution proposés aux enfants qui ne mangent pas de porc, et sur la décision du tribunal administratif de Dijon, jeudi, de rejeter le référé qui avait pour but de maintenir des repas de substitution dans les cantines de Chalon-sur-Saône (Saône-et-Loire). Yves Jégo compte désormais déposer une proposition de loi à ce sujet, lors de la rentrée parlementaire en septembre. Interrogé par francetv info, le député revient sur cette proposition.

Francetv info : Pourquoi avoir choisi de lancer une pétition en faveur de l'obligation des menus de substitution végétariens dans les cantines scolaires ?

Yves Jégo : Cela fait dix ans que la France est empêtrée dans ce débat. La récente polémique du repas sans porc lancée par le maire de Chalon-sur-Saône n'est que le dernier événement en date. J'ai voulu donner une réponse à un débat religieux pervers, malsain et stigmatisant.

J'ai choisi internet car aujourd'hui, tout le monde est connecté : la pétition en ligne est un moyen de mesurer l'adhésion du public, de voir si cette solution les intéresse. En à peine 48 heures, près de 10 000 personnes ont signé la pétition et j'ai reçu le soutien de personnalités politiques de tous bords : Cécile Duflot, Chantal Jouanno... On peut dire que c'est une réussite.

De plus, en tant que maire de Montereau-Fault-Yonne (Seine-et-Marne), j'ai déjà instauré la présence de menus végétariens dans les cantines et ça se passe très bien. Je sais combien les maires sont démunis et délaissés face à cette question mais je veux leur dire qu'il existe une solution.

N'est-ce pas une façon d'occulter l'aspect religieux du débat ?

Il faut plutôt se demander pourquoi le débat religieux a atterri dans l'assiette de nos enfants. Jusqu'où va-t-on aller ? Pour moi, la religion n'a rien à faire dans les cantines laïques. C'est une question de fond qui appartient à chaque enfant, chaque famille, mais à la maison. 

La loi ne doit pas accepter la présence de repas confessionnels dans les cantines. Elle doit promouvoir le bien vivre ensemble entre tous les enfants, et ce, qu'importe leur religion. Pour l'instant, à chaque fois, les réponses données sont stigmatisantes et punitives. On veut pointer du doigt les musulmans et les juifs avec des menus halal ou casher ou des menus sans porc, qui n'ont aucune place à l'école de la République.

Moi je suis pour la laïcité du choix, de la liberté. Les repas végétariens sont un moyen de mettre tout le monde d'accord et de faire taire les prosélytes. De plus, c'est complètement en phase avec les mœurs de la société. Aujourd'hui, la consommation de viande baisse en France, et beaucoup de Français, pour des raisons idéologiques, ne mangent plus de viande. Certaines personnes ont réagi à la pétition en disant : "Ils n'ont qu'à pas prendre de viande." Mais dans ce cas, le problème devient nutritionnel. Il faut que les enfants puissent bénéficier d'un repas complet, avec un apport en protéines équivalent, mais 100% végétal.

Toutes les communes ont-elles les moyens d'appliquer ce nouveau menu ?

Si la loi passe, on donnera du temps aux communes pour s'adapter. Je vais envoyer un courrier au président de l'Association des maires de France (AMF), François Baroin (Les Républicains), ainsi qu'au président des Régions de France (ARF), Alain Rousset (Parti socialiste), pour leur faire part de ma proposition et pour que les communes puissent se préparer.

La mesure a déjà été mise en place par certaines municipalités, comme à Perpignan, et le coût n'est pas forcément plus élevé. Si on supprime la viande, qui reste l'aliment le plus cher d'un repas, on gagne des marges pour les légumes. Les petites communes aussi pourront facilement s'adapter car en général, elles utilisent des produits locaux pour la cantine des enfants.

De mon côté, j'ai contacté les entreprises de restauration collective, elles sont tout à fait capables de s'adapter à ce projet. La question de faisabilité est un faux débat.

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