Abus sexuels dans l’Eglise : le Vatican doit ouvrir "le tiroir-caisse" pour indemniser les victimes, selon le fondateur d’une association de victimes
Olivier Savignac, cofondateur de l’association Parler et revivre, estime que le Vatican "était au courant de tous les signalements concernant des prêtres" français.
Le Vatican doit ouvrir "le tiroir-caisse" pour indemniser les victimes, selon Olivier Savignac, cofondateur de l’association Parler et revivre qui accueille des victimes de prêtres et de religieux pédophiles, invité lundi 8 novembre de franceinfo. La Conférence des évêques de France est réunie à Lourdes et doit faire des annonces sur une potentielle indemnisation des victimes d'abus sexuels au sein de l'Eglise.
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Olivier Savignac estime que le Saint-Siège s’est rendu coupable de complicité en couvrant les actions de prêtres pédophiles. "Jusqu’aux années 2010, tout signalement sur des prêtres devait parvenir d'abord à la Congrégation pour la doctrine de la foi au Vatican, avant ensuite d'être renvoyé à la justice. Ça veut dire quoi ? Que solidairement, civilement, le Vatican était au courant de tous les cas. Donc eux aussi doivent payer parce qu'ils sont, ils étaient dans cette mécanique infernale de protection", affirme Olivier Savignac.
La question de l'indemnisation des victimes est "centrale"
Selon lui, l’Église de France doit financer des indemnisations, mais l’Église de Rome aussi. "Quand on sait que le Vatican a 600 millions de biens immobiliers à Paris, je crois qu'il peut aisément payer", ironise-t-il même s’il craint que le Vatican ne paye qu’a minima. "Ils n'ont pas abreuvé les fonds d'indemnisation en Suisse, en Belgique, en Allemagne et aux Etats-Unis. Mais j'estime que pour la France, il doit le faire parce qu’il était solidaire et était au courant de tous les signalements concernant des prêtres", affirme Olivier Savignac.
Le cofondateur de Parler et revivre estime qu’une indemnisation pour les victimes permettrait en partie de réparer les traumatismes : "Elle est centrale parce que neuf personnes sur dix victimes dans cette institution ne peuvent pas avoir le gain d'une audience, d'une décision de justice par le tribunal des hommes parce que les affaires sont trop anciennes et prescrites."
"L'idée est de trouver comment réparer à la juste mesure et comment ces personnes peuvent tourner aussi une page."
Olivier Savignac, co-fondateur de l’association Parler et revivreà franceinfo
Il insiste sur la nécessité de raisonner au cas par cas, pour ensuite bien indemniser chaque victime : "Tourner la page, c’est aussi être reconnu officiellement en tant que victime. Et ce n'est pas simplement un chèque qu'on envoie. C'est d'abord une commission qui doit écouter cette personne prendre en compte son traumatisme. Et derrière, pouvoir lui proposer quelque chose pour l'accompagner et pouvoir lui permettre de tourner une page."
Alors que le président de la Conférence des évêques de France a annoncé la constitution de groupes de travail "chargés de faire des propositions concrètes", Olivier Savignac déplore ne pas avoir été contacté pour en faire partie. "Pour l'instant, nous n'avons pas eu de demandes en ce sens, donc nous allons voir", explique-t-il, avant d’ajouter que l’apport des acteurs extérieurs à l’Église, comme son association sont indispensable dans ce processus : "Il faut absolument externaliser. Nous, associations, collectifs de victimes, on a un savoir-faire qui est celui de l'expérience qui doit être associé à ces différentes commissions.
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