Cet article date de plus de deux ans.

Pédophilie dans l'Eglise : le pape François reçoit la Conférence des évêques de France

Le pape François doit faire le "point" lundi avec une délégation de la Conférence des évêques de France. Une réunion où il sera question notamment du rapport Sauvé sur la pédociminalité dans l'Église et des décisions prises par l'épiscopat.

Article rédigé par Bruce de Galzain
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Le pape François dans l'avion le ramenant de Grèce avait estimé qu'il fallait être "prudent" sur l'interprétation du rapport Sauvé, le 6 décembre 2021. (ALESSANDRO DI MEO / AFP)

Le Vatican prend-il ses distances par rapport aux conclusions du rapport de la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l'Église (Ciase) ? Une délégation de la Conférence des évêques de France (CEF) est reçue lundi 13 décembre par le pape François. Une réunion en décembre à Rome pour faire un point général avec l'épiscopat français et où il sera question cette année du rapport Sauvé sur la pédocriminalité dans l'Eglise catholique. Mais le pape semble moins convaincu aujourd’hui de la pertinence du rapport.

>> Pédocriminalité : l'Église catholique clarifie son droit canonique sans éteindre toutes les critiques

Quelques heures à peine après la publication du rapport début octobre, le pape exprimait "douleur et tristesse pour les victimes" mais surtout "sa honte" pour la trop longue incapacité de l'église à mettre les victimes au centre de ses préoccupations. L'empathie est réelle et sincère mais deux mois plus tard dans l'avion de retour de Grèce le 6 décembre, le pape François change de ton : "Lorsque l'on fait ce genre d'étude, on doit être attentif à l'interprétation. Une situation historique doit être interprétée avec le contexte de l'époque."

Des critiques contre le rapport Sauvé

Entre temps, le pape François a entendu beaucoup de critiques sur le rapport Sauvé et il est devenu plus prudent. Selon certains, l'Église de France en fait trop. Les évêques réunis à Lourdes ont fait acte de repentance avec des prises de position qui engageaient aussi l'église universelle. Le Vatican ne peut pas l'accepter. En affirmant le caractère systémique des agressions, les évêques ont-ils voulu mouiller toute l'église ? 

Fin novembre, des membres de l'Académie catholique avaient dénoncé la "méthodologie défaillante". Selon cette instance non-officielle qui rassemble des intellectuels catholiques, il y a aussi des "carences sérieuses" et des recommandations "discutables" dans le rapport. Une des membres de la Ciase, Nathalie Bajos, a rencontré jeudi à Rome l'universitaire Hans Zollner, expert conseillant le pape François sur la protection des mineurs. L'occasion, notamment, "de lui exposer en détail notre méthodologie et principaux résultats", a-t-elle dit à l'AFP.

"On va bien bien sûr redemander au pape de pouvoir recevoir la Ciase", a expliqué le porte-parole de la CEF Hugues de Woillemont à l'AFP. Les membres de la commission devaient être reçus par le pape François le jeudi 9 décembre, mais la rencontre a été reportée, sine die, officiellement pour des raisons d'agenda serré pour le souverain pontife. Mais si le pape reçoit les membres de la Commission Sauvé tout de suite, il leur donnerait une sorte de caution. Et s'il ne les reçoit pas ce serait un désaveu pour les évêques français qui ont totalement endossé les conclusions du rapport.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.