Pédophilie dans l'Eglise : le cardinal Barbarin décide de se "mettre en retrait" malgré le refus de sa démission par le pape
Le plus haut responsable catholique français a été condamné début mars pour ne pas avoir dénoncé les agressions sexuelles d'un prêtre de son diocèse.
Le cardinal Barbarin a annoncé dans un communiqué, mardi 19 mars, que le pape François avait refusé sa démission mais qu'il avait tout de même décidé de se "mettre en retrait pour quelque temps". "En invoquant la présomption d’innocence, [le souverain pontif] n'a pas voulu accepter cette démission", écrit-il. Philippe Barbarin précise qu'il sera remplacé par le père Yves Baumgarten.
Dans une interview à la chaîne KTO, mardi soir, Philippe Barbarin dit avoir fait le "choix d'une certaine distance par rapport à la vie" du diocèse de Lyon. Il va se retirer des instances qu'il présidait et ira "sans doute dans un monastère". Il dit ne pas savoir combien de temps il se tiendra à l'écart, car "tout dépend si le procès en appel est très long, si les affaires sont closes à la fin de l'année 2019 ou s'il faut attendre trois ans".
Coupable d'avoir voulu "préserver l'institution"
Philippe Barbarin a été condamné à six mois de prison avec sursis pour ne pas avoir dénoncé les agressions sexuelles d'un prêtre de son diocèse. Le tribunal de Lyon a déclaré l'archevêque de Lyon "coupable" de n'avoir pas signalé à la justice en 2014 et 2015 les agressions pédophiles commises sur des scouts, un quart de siècle plus tôt, par le père Bernard Preynat.
Mais les avocats du cardinal Barbarin ont fait appel de cette condamnation. Le jugement reproche au religieux de 68 ans – qui avait martelé durant le procès, début janvier, n'avoir "jamais cherché à cacher, encore moins à couvrir ces faits horribles" – d'avoir "fait le choix en conscience" de ne pas informer la justice "pour préserver l'institution à laquelle il appartient".
"Je suis étonné, je ne m'attendais pas à ce scénario qui est intermédiaire entre les deux scénarios prévisibles", a réagi le président de la Conférence des évêques, Georges Pontier. Selon lui, cette situation "inédite" résulte du "conflit entre deux exigences", celle de "respecter le cheminement de la justice" et celle de "se préoccuper du bien du diocèce de Lyon".
Archevêque de Lyon depuis 2002, cardinal depuis 2003, primat des Gaules, le cardinal Barbarin est le plus haut dignitaire catholique français et sa condamnation a fait l'effet d'un coup de tonnerre. Avant lui, deux évêques ont déjà été condamnés pour des faits similaires en 2001 et 2018 mais, depuis trois ans, le scandale lyonnais incarne la crise de l'Église face à la pédophilie.
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