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Religieuses abusées par des prêtres : une "organisation criminelle ne fait pas pire"

Véronique Margron, présidente de la Conférence des religieux et religieuses de France et François Devaux, président de l'association "La parole libérée", réagissent à la diffusion mardi soir sur Arte d'un documentaire qui brise le tabou des religieuses abusées par des prêtres au sein de l'Église.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Le documentaire de Marie-Pierre Raimbaud et Éric Quintin est diffusé mardi 5 mars sur Arte. (MARVIN RECINOS / AFP)

Alors qu'un sommet se tenait au Vatican la semaine dernière sur les abus sexuels au sein de l'Église, un documentaire intitulé "Religieuses abusées, l'autre scandale de l'Église" de Marie-Pierre Raimbaud et Éric Quintin est diffusé mardi 5 mars sur Arte. Il dévoile un autre tabou : celui des religieuses abusées par des prêtres au sein de l'Église, dans le monde entier et aussi en France. 

"Quelque chose qui relève du trafic humain avec leurs propres sœurs"

Un phénomène qui fait penser à ce qu'il se passe au sein "d'organisations criminelles" dénonce Véronique Margron, présidente de la Conférence des religieux et religieuses de France (CORREF). Elle condamne aussi "le sentiment d'impunité" qui règne autour de cette question au sein de l'Église.

Véronique Margron, présidente de la Conférence des religieux et religieuses de France. (MARGAUX STIVE / FRANCEINFO)

"Je suis atterrée, je suis comme violentée à l'intérieur de moi-même", confie Véronique Margron, après avoir regardé le documentaire. "Qu'il y ait des prédateurs, des sortes de criminels en série, en France, à Rome, partout, malheureusement on le sait, mais qu'il y ait en même temps, ce que l'on voit dans ce documentaire, des communautés complices, des supérieurs qui semblent organiser quelque chose qui relève de trafic humain avec leurs propres sœurs, c'est incompréhensible. Vous vous dites que n'importe quelle organisation criminelle ne fait pas pire", poursuit Véronique Margron.

Une réalité d'autant plus scandaleuse qu'elle se déroule au sein de l’Église, estime Véronique Margron, ulcérée "de voir que ceci est fait sous couvert de la religion, sous couvert du vœu d'obéissance, qui dans la vie chrétienne, est fait pour rendre libre, pas pour rendre esclave".

Une ampleur "supérieure à la pédophilie dans l'Eglise"

"Il est très probable que ce soit un scandale d'une ampleur bien supérieure à celui de la pédophilie au sein de l'Église", estime de son côté François Devaux, président de l'association "La parole libérée", qui vient en aide aux victimes d'abus sexuels au sein de l'Église.

On est face à une problématique endémique de l'Église. L'Évangile a enfanté d'une organisation qui est d'une perversion incomparable.

François Devaux

à franceinfo

"Le mécanisme d'abus sur la pédophilie est exactement le même sur les religieuses, dénonce François Devaux. Le premier des abus c'est l'abus spirituel. On utilise le spirituel pour perpétrer l'abus [...] toute l'Église est infiltrée par cette problématique. En fait c'est partout le même schéma, c'est la même situation qui se répète sans arrêt".

"Je crois que l'Église est face à un terrible constat, qu'elle ne veut pas voir et qu'elle a tout fait pour cacher", estime François Devaux. Pour lui, "on est dans l'emprise psychique, et dans la dérive sectaire".

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