Seulement 88 prêtres ordonnés en 2023 : l'Église face à la crise des vocations en France

Après sept ans de formation, 88 séminaristes vont être ordonnés prêtres dimanche 25 juin, lors des cérémonies annuelles organisées dans les cathédrales des différents diocèses de France. Traditionnellement, les ordinations ont lieu le dimanche qui précède la fête des apôtres Saint-Pierre et Saint-Paul. 

122 nouveaux prêtres ont été ordonnés l'an dernier, 130 en 2021. Seul un tiers des 106 diocèses de France vont accueillir cette année un nouveau prêtre. "Face à leur petit nombre, nous appelons chacun à un véritable sursaut, une vraie prise de conscience qui vienne nourrir notre prière, susciter de nouvelles initiatives et inviter chaque jeune à discerner avec confiance et générosité l’appel du Seigneur", écrit la Conférence des évêques de France sur son site.

Depuis 70 ans, le nombre de prêtres est en déclin. Cette baisse est très marquée cette année. Elle l'est davantage chez les diocésains qui officient dans les paroisses. Laurent Tournier, recteur du séminaire d'Orléans, estime que l'Église n'est pas épargnée par les changements qui traversent la société française. "Tout le monde peut constater une crise de l'engagement, y compris dans le monde associatif qui a du mal à recruter."

Mais il n'occulte pas les causes propres à l'Église. Il cite notamment les travaux de la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l'Eglise (Ciase), présidée par l'ancien vice-président du Conseil d'État Jean-Marc Sauvé, "pour regarder le nombre de victimes qui ont été agressées par des membres de l'Église. Pas tous prêtres, même si c'est ce qui a beaucoup frappé les esprits", tient à souligner Laurent Tournier. 330 000 mineurs ont été victimes de violences sexuelles depuis 2050, selon une estimation de la Ciase dévoilée dans le rapport Sauvé, publié en 2021.

L'Église doit-elle et va-t-elle se réformer ? 

En refusant de se réformer, l'institution contribue à sa crise des vocations, estime Christian Terras, fondateur de Golias, un magazine catholique progressiste. Il plaide pour la fin du célibat sacerdotal et pour que les femmes puissent accéder à des fonctions ministérielles. "Le ministère presbytéral ne provoque pas d'appel d'air pour faire venir des gens qui s'engageraient pour la mission de l'Église, homme ou femme", regrette-t-il. Ces propositions ont été rejetées par le Pape François en 2020. Mais l'Église va-t-elle être contrainte de réformer ? Selon les projections des séminaires, le nombre de prêtres va encore diminuer de moitié d'ici à 2030.