Après l'affaire Leonarda, les députés PS sommés de resserrer les rangs
Pour tenter de mettre fin aux divisions et à l'indiscipline au sein du groupe PS, Jean-Marc Ayrault et Bruno Le Roux ont appelé les députés à l'unité.
Il fallait éteindre l'incendie et ressouder une majorité socialiste divisée. Après un week-end marqué par les critiques, à droite comme à gauche, contre l'intervention de François Hollande sur l'affaire Leonarda, le Premier ministre a repris l'initiative, mardi 22 octobre. Devant le groupe PS réuni à huis clos à l'Assemblée nationale, Jean-Marc Ayrault a appelé la majorité à "faire bloc" autour du président de la République et du gouvernement.
Cette mise au point s'imposait tant la cohésion de la majorité est sortie ébranlée par la gestion de l'affaire Leonarda. Ce n'est pas la première fois que le groupe socialiste vacille. La semaine précédente par exemple, 17 députés du groupe se sont abstenus de voter la loi sur la réforme des retraites.
Une parole collective plus "cohérente"
Bruno Le Roux, le patron du groupe PS, fidèle de Hollande et Ayrault, a donc pris la parole le premier lors de la réunion du groupe parlementaire. Pour mettre un terme aux divisions, il a annoncé une nouvelle organisation du groupe. Plus des débats internes suivis de votes, dans l'espoir de verrouiller ensuite la parole collective, qui doit être plus "cohérente". Autre changement : désormais, les collaborateurs parlementaires ne seront plus autorisés à assister aux réunions du groupe "pour éviter les bruits de fond", selon un député socialiste. Une décision qui a ulcéré les principaux intéressés. "C'est la goutte d'eau qui fait déborder le vase", a confié l'un d'entre eux à francetv info.
Pour certains députés PS, "cette mise au point arrive très tardivement". "Cela fait des mois qu'il fallait qu'il siffle la fin de la récréation", estime une élue qui raconte avoir songé "à demander directement à Bruno Le Roux qu'il mette les choses au point". Pour Bernard Roman, député du Nord, cette mise au point "était surtout destinée aux 15-20 députés qui se croient tout autorisé". "Le débat doit se faire dans le groupe, pas à l'extérieur. On doit être tous derrière le président et le gouvernement", assure l'élu. "La majorité des députés était agacée par quelques-uns qui minent tout le travail", explique un autre député, qui décrit une réunion au ton "solennel mais pas disciplinaire".
"Ce n'est pas du groupe socialiste que viennent les problèmes"
"Faire bloc", c'est l'expression qui revenait sur toutes les lèvres des députés PS croisés en salle des Quatre colonnes, mardi après-midi, signe que le message semble être passé. Enfin presque. Car du côté des députés frondeurs, la pilule est amère. A l'image de Malek Boutih, élu de l'Essonne, très remonté contre Jean-Marc Ayrault. Le Premier ministre, qui s'est exprimé lors de la réunion du groupe après Bruno Le Roux, a lancé un appel à l'unité. Il a aussi fustigé les propos de Malek Boutih en pleine affaire Leonarda.
Estimant que le président avait pris "une décision incongrue", l'ancien leader de SOS Racisme avait dénoncé dimanche, au micro de RCJ, une "dérive institutionnelle" en raison d'"une personnalisation du pouvoir à gauche". "Il semble désormais que le président de la République décide de tout, de la politique économique, du sort d'une lycéenne, d'une famille...", a ajouté Malek Boutih. Jean-Marc Ayrault a donc réagi à ces propos, les qualifiants d'"insignifiants", et a reproché publiquement au député de l'Essonne de "parler trop". Selon Malek Boutih, le Premier ministre a expliqué que "le président de la République a une légitimité supérieure car il est élu pour tout le pays alors que les députés ne sont élus que par leurs électeurs".
Une déclaration "inacceptable" pour l'élu, qui y voit une remise une cause de la légitimité du Parlement. "Ce n'est pas du groupe socialiste que viennent les problèmes politiques en ce moment", a affirmé le député. Et il a enfoncé le clou, reprochant à Jean-Marc Ayrault de s'être "cru dans une assemblée générale du PS à Nantes" : "Il ambiançait la réunion en me faisant huer ou en faisant applaudir ses propos." Très remonté, Malek Boutih dit avoir pris une "claque". Puis, il a sorti la sulfateuse : "Ayrault, c'est la rigidité de Jospin, sans son intelligence, ni son argumentaire."
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