"L'expulsion de Leonarda est le sous-produit de la politique de Manuel Valls"
La jeune Rom kosovare a été expulsée le 9 octobre. C'est au moins la troisième arrestation dans le cadre scolaire depuis la rentrée 2013, explique Richard Moyon, membre du Réseau éducation sans frontières.
L'expulsion de Leonarda, jeune Rom kosovare scolarisée dans un collège du Doubs, continue de faire polémique. A l'Assemblée nationale mercredi 16 octobre, le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, a exclu que les enfants puissent "être interpellés au sein de l'établissement scolaire" ou au cours des "activités associées à l'école". Pourtant, depuis la rentrée 2013, cette règle tacite datant de 2005 a été transgressée plusieurs fois, selon Richard Moyon, membre du Réseau éducation sans frontières (RESF).
Francetv info : La loi interdit-elle à la police d'arrêter des enfants au sein de leurs établissements scolaires ?
Richard Moyon : Les enfants ne sont pas protégés par la loi. Ce qui les protège, c'est la conscience de la population. A chaque affaire de ce type, les parents d'élèves et les enseignants sont proprement scandalisés. A tel point que Nicolas Sarkozy, alors ministre de l'Intérieur, avait demandé aux préfets, dans une circulaire de 2005, d'éviter les arrestations "dans l'enceinte scolaire ou dans ses abords".
Cette consigne a-t-elle été respectée ?
Oui, cela a été globalement respecté sous Nicolas Sarkozy, lorsqu'il était ministre puis pendant ses cinq années de présidence. Mais depuis la rentrée 2013, il y a eu au moins deux événements avant le cas de Leonarda. A Nîmes, un enfant a été arrêté à l'école, la police prétextant agir sur demande de la maman, ce qu'elle a démenti. Il y a quelques semaines également, cette fois à Caen, des lycéens en BTS étaient sortis devant leur établissement pour fumer, lorsqu'un contrôle de police est intervenu. L'un d'eux [âgé de 21 ans] était sans papiers. Il a été arrêté et expulsé.
Ces arrestations traduisent-elles selon vous une volonté politique du gouvernement ?
Cela traduit le fait que Manuel Valls veut faire autant de reconduites à la frontière que sous Claude Guéant. Les services de police sont donc sous pression, et dans ces conditions, les bavures sont inévitables. L'affaire Leonarda, comme les précédentes, est le sous-produit de la politique de Manuel Valls.
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