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"L'expulsion de Leonarda est le sous-produit de la politique de Manuel Valls"

La jeune Rom kosovare a été expulsée le 9 octobre. C'est au moins la troisième arrestation dans le cadre scolaire depuis la rentrée 2013, explique Richard Moyon, membre du Réseau éducation sans frontières.

Article rédigé par Ilan Caro - Propos recueillis par
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Lors d'une manifestation du Réseau éducation sans frontières, en juin 2008 à Angers (Maine-et-Loire). (FRANK PERRY / AFP)

L'expulsion de Leonarda, jeune Rom kosovare scolarisée dans un collège du Doubs, continue de faire polémique. A l'Assemblée nationale mercredi 16 octobre, le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, a exclu que les enfants puissent "être interpellés au sein de l'établissement scolaire" ou au cours des "activités associées à l'école". Pourtant, depuis la rentrée 2013, cette règle tacite datant de 2005 a été transgressée plusieurs fois, selon Richard Moyon, membre du Réseau éducation sans frontières (RESF).

Francetv info : La loi interdit-elle à la police d'arrêter des enfants au sein de leurs établissements scolaires ?

Richard Moyon : Les enfants ne sont pas protégés par la loi. Ce qui les protège, c'est la conscience de la population. A chaque affaire de ce type, les parents d'élèves et les enseignants sont proprement scandalisés. A tel point que Nicolas Sarkozy, alors ministre de l'Intérieur, avait demandé aux préfets, dans une circulaire de 2005, d'éviter les arrestations "dans l'enceinte scolaire ou dans ses abords".

Cette consigne a-t-elle été respectée ?

Oui, cela a été globalement respecté sous Nicolas Sarkozy, lorsqu'il était ministre puis pendant ses cinq années de présidence. Mais depuis la rentrée 2013, il y a eu au moins deux événements avant le cas de Leonarda. A Nîmes, un enfant a été arrêté à l'école, la police prétextant agir sur demande de la maman, ce qu'elle a démenti. Il y a quelques semaines également, cette fois à Caen, des lycéens en BTS étaient sortis devant leur établissement pour fumer, lorsqu'un contrôle de police est intervenu. L'un d'eux [âgé de 21 ans] était sans papiers. Il a été arrêté et expulsé.

Ces arrestations traduisent-elles selon vous une volonté politique du gouvernement ?

Cela traduit le fait que Manuel Valls veut faire autant de reconduites à la frontière que sous Claude Guéant. Les services de police sont donc sous pression, et dans ces conditions, les bavures sont inévitables. L'affaire Leonarda, comme les précédentes, est le sous-produit de la politique de Manuel Valls.

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