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Pourquoi Manuel Valls ne peut pas être renvoyé du gouvernement

Après l'affaire Leonarda, un départ du ministre de l'Intérieur comporterait bien trop de conséquences politiques pour être envisagé.

Article rédigé par Bastien Hugues
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Le président de la République, François Hollande, le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, et le ministre de l'Intérieur, Manuel Valls, sur le perron de l'Elysée, à Paris, le 12 juin 2013. (ERIC FEFERBERG / AFP)

Certains le somment de "s'expliquer". D'autres exigent sa démission. A gauche, après l'expulsion de la jeune Leonarda, Manuel Valls est une nouvelle fois la cible de toutes les critiques. Mais ceux qui pensent sérieusement que le ministre de l'Intérieur pourrait quitter le gouvernement oublient sans doute une chose : Manuel Valls est "invirable". Francetv info vous dit pourquoi.

Parce qu'il est bien trop populaire

Avec 56% d'opinions positives, selon le dernier baromètre Ipsos, Manuel Valls est, de loin, la personnalité politique préférée des Français, tous bords confondus. Populaire auprès des sympathisants PS (57% d'opinions favorables), il l'est aussi auprès des sympathisants UMP (70% d'opinions favorables).

"C'est incontestablement un atout pour François Hollande", observe Bruno Jeanbart, directeur de l'institut de sondages OpinionWay. Comme Cécile Duflot ou d'autres permettent au président de faire passer des messages à gauche, "Manuel Valls permet de faire passer des messages au centre et à droite, et d'avoir une forme de soutien au-delà de la gauche", poursuit Bruno Jeanbart.

"Cela illustre bien le fait que François Hollande a toujours eu le souci de l'équilibre politique, rebondit le politologue Gérard Grunberg, directeur de recherche au Centre d'études européennes de Sciences Po. Il n'a pas plus envie de perdre Manuel Valls qu'il n'a envie de perdre Cécile Duflot !"

Parce que Hollande partage ses prises de position

Sur le fond, François Hollande a d'autant moins de raisons de se séparer de Manuel Valls qu'il partage la même ligne politique que l'ancien député-maire d'Evry sur biens des sujets. "Tous les deux s'inscrivent dans un socialisme réaliste", souligne Gérard Grunberg. Social-démocrate et réformiste, le chef de l'Etat a toujours prôné la fermeté en matière de sécurité ou d'immigration, il a toujours été contre la dépénalisation du cannabis, réticent au droit de vote des étrangers, hostile aux régularisations massives de sans-papiers… "Ils sont, hélas, d'accord sur tous les sujets régaliens !" regrette un député de l'aile gauche du PS. 

Ce n'est d'ailleurs pas un hasard, évidemment, si Manuel Valls a été le directeur de sa communication en 2012. Si son ami Aquilino Morelle est aujourd'hui la plume du président. Et si Christian Gravel, qui a dirigé pendant dix ans son cabinet à la mairie d'Evry, est aujourd'hui en charge de la communication du chef de l'Etat.

Parce que tant qu'il est ministre, il ne nuit pas à Hollande

Enfin, sur la forme, François Hollande n'a aucun intérêt à voir Manuel Valls en dehors du gouvernement. Le ministre de l'Intérieur n'a jamais caché son ambition. "Même si François Hollande risque d'être candidat à sa succession en 2017, Valls représente un concurrent potentiel. Mieux vaut donc l'avoir au sein du gouvernement qu' à l'extérieur, fait valoir Bruno Jeanbart. Cela restreint quelque peu ses libertés." 

D'autant que s'il suscite souvent des crispations à gauche, Manuel Valls n'a jamais remis en cause la ligne de François Hollande. Là où les choses se compliquent, c'est lorsque "François Hollande donne le sentiment de ne pas trancher", poursuit Gérard Grunberg. "Dans le cas présent, il ne peut pas condamner Manuel Valls, car le ministre applique précisément la politique qu'il souhaite voir menée. Mais il ne peut pas non plus le soutenir publiquement, car il s'attirerait les foudres de la gauche du PS. En réalité, tout cela illustre combien François Hollande est pris à son propre piège : celui d'un équilibre politique subtil, et fragile."

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