Saint-Denis : les sinistrés de l'immeuble des terroristes attendent d'être relogés
Depuis que le froid est arrivé, les nuits sont devenues insupportables dans ce gymnase sans chauffage. Assise sur un lit de camp de fortune, Widad Hagras, vient d'amener ses deux plus grands à l'école et surveille sa fille de 15 mois. Comme les autres, elle habitait au 48, rue de la République, dans la même cour que l'appartement des terroristes, et depuis mercredi elle ne dort plus : "On se sent rejetés par l'Etat, pas pris en charge. On a très froid la nuit. Mes enfants sont traumatisés, ils ne parlent que de ça (l'assaut du Raid la semaine dernière, ndlr)."
L'immeuble avait en partie brûlé en 2008 et en 2012
45 adultes et 26 enfants dorment encore dans ce gymnase. Tous refusent la solution proposée par la préfecture, celle de dormir à l'hôtel en attendant d'être relogé définitivement. Il faut dire qu'en 2008 puis en 2012, leur immeuble avait en partie brûlé, et certains ont attendu plus d'un an et demi avant de pouvoir rentrer chez eux.
A LIRE AUSSI ►►►Attentats : un seul pistolet retrouvé dans l'appartement de Saint-Denis
Kamila Sadaoui a vécu l'assaut du Raid, elle habite en face de l'appartement des terroristes, et elle ne veut pas revivre ce cauchemar. Elle veut être relogée ailleurs et très vite :
"Bien que je sois propriétaire, je ne veux plus repartir au '48'. C'est impensable après ce qu'on a vécu."
A l'extérieur du gymnase, la tension monte à l'arrivée du préfet à l'égalité des chances, Didier Leschi, pris à partie par les habitants. Pour lui, il faudra du temps avant de pouvoir reloger tout le monde, d'autant qu'il y a déjà 90 000 demandes de logement en souffrance dans le département de Seine-Saint-Denis. "Ce que nous disons, c'est que cela va prendre quand même quelques semaines , explique Didier Leschi. Je ne peux pas leur proposer un logement ce soir, je ne peux que leur proposer un hôtel. C'est la deuxième fois que je viens ici. L'Etat est présent et veut organiser la mobilisation de l'ensemble de ses partenaires qui en capacité de fournir du logement social."
La réponse de la préfecture du 93 aux habitants du 48 rue de la république qui attendent d'être relogés #stdenis pic.twitter.com/LZAcSXyDNm
— Gaele Joly (@joelgaly) November 23, 2015
"Le sentiment de ne pas être considéré"
A la mairie de Saint-Denis, on accuse l'Etat d'avoir laissé tomber une partie de ses habitants. Stéphane Peu, maire-adjoint communiste de Saint-Denis, a tenu, lundi, une conférence de presse pour dénoncer la situation : "Il y a un sentiment de ne pas être considéré, qui s'ajoute au traumatisme , regrette l'élu. Quand vous avez vécu cela, il faut réussir à vous projeter à nouveau dans l'avenir et, pour cela, le logement est essentiel. Comment peut-on gérer de manière aussi froide une situation tout à fait exceptionnelle comme celle qu'ont vécue ces familles mercredi dernier."
Comme la semaine dernière, la mairie de Saint-Denis envisage de faire appel à nouveau à Manuel Valls pour prendre en main le dossier.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.