"Malaise généralisé" du monde agricole : le Salon de l'agriculture, un "lieu propice" pour une trêve
Le Salon de l'agriculture 2020 ouvrira ses portes samedi au public. L'occasion "de sortir des conflits, notamment de nature idéologique, autour des modèles agricoles", selon le politologue Eddy Fougier.
Le Salon de l'agriculture est un "lieu propice" pour une période d'apaisement dans le monde agricole, assure sur franceinfo vendredi 21 février, le politologue Eddy Fougier, chargé d’enseignement à SciencesPo Aix, auteur de Malaise à la ferme. Enquête sur l’agribashing (Éditions Marie B). La plus grande ferme de France s'installe ce week-end porte de Versailles à Paris. Une occasion de mettre en lumière "le malaise généralisé" du monde agricole.
franceinfo : C'est une trêve le salon de l'agriculture ?
Eddy Fougier : C'est souvent le cas. C'est le moment où on se pose un petit peu et puis on montre ce que l'on fait, et éventuellement l'évolution des pratiques. Et du côté des politiques, il y a toujours l'idée de se montrer auprès des agriculteurs et des Français qui apprécient toujours les terroirs. Il faut faire la part des choses entre un certain nombre de critiques dont souffrent les agriculteurs et un sentiment de confiance dont ils font l'objet de la part d'une grande partie des Français.
Y a-t-il un malaise très partagé dans le monde agricole ?
Oui, pour différentes raisons. Il n'y a pas que les agriculteurs qui utilisent des produits phytosanitaires qui font l'objet de critiques. Il y a aussi une critique de l'agriculture bio. Beaucoup d'agriculteurs se plaignent aussi de la critique de l'élevage et de l'élevage intensif, mais pas uniquement. Il y a un malaise généralisé qui va au-delà des rapports compliqués qu'ils peuvent avoir avec la société, qui est un malaise de nature économique, malaise de nature personnel, qui se traduit quelquefois par des drames.
Tout le monde est logé à la même enseigne, le malaise n'est pas uniquement sur l'opposition agriculture conventionnelle, agriculture biologique ?
Pas nécessairement. Il y a aujourd'hui des interrogations sur un certain nombre de pratiques. Il y a une mise en concurrence entre les différents modèles, qui n'est sans doute pas la bonne solution. Il y a une multitude de besoins auxquels il faut répondre sur le plan alimentaire. Le passage au tout bio peut conduire à une fracture alimentaire à partir du moment où une grande partie de la population n'aurait plus les moyens de se payer une alimentation de qualité. Il est plus que temps de sortir de ces conflits, notamment de nature idéologique, autour des modèles agricoles. Sans doute que le Salon de l'agriculture est le lieu propice pour cela.
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