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La folle journée du meilleur apprenti de France sans papiers en trois actes

Dans un premier temps, le Sénat a refusé de recevoir ce jeune menuisier albanais, en raison de sa situation irrégulière. Mais l'obligation de quitter le territoire dont il faisait l'objet a été abrogée, mardi, par la préfecture de la Loire.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Le palais du Luxembourg à Paris, qui abrite le Sénat, le 19 novembre 2014. (MAXPPP)

En une journée, sa situation a nettement évolué. Désigné meilleur apprenti de France, primé en juin dans la catégorie menuiserie-agencement pour la réalisation d'un insert de cheminée, Armando Curri est arrivé en France il y a trois ans, bénéficiant du statut de mineur isolé. Ce jeune albanais de 19 ans est depuis sa majorité sous le coup d'une obligation de quitter le territoire français, qui lui interdit de travailler.

L'apprenti avait engagé un recours contre cette obligation, qui devait être examiné en mai. Titulaire l'an dernier d'un CAP de menuiserie à Saint-Etienne (Loire), il est aujourd'hui inscrit en bac pro dans un lycée de l'agglomération roannaise. Il recevra finalement sa médaille, mardi 3 mars au Sénat, qui avait refusé un temps de l'accueillir en raison de sa situation irrégulière. Francetv info revient sur la folle journée d'Armando Curri. 

Acte 1 : le Sénat refuse de recevoir le jeune sans-papiers

Mardi 2 mars, le cabinet de Gérard Larcher a d'abord indiqué "qu'il ne [pouvait] accueillir en son sein une personne en situation irrégulière" dans le cadre de la cérémonie organisée pour récompenser les meilleurs apprentis de France. La haute assemblée en avait informé la la société des Meilleurs ouvriers de France (SMOFvendredi, qui avait alors, à son grand regret, demandé à Armando Curri de ne pas venir avec les autres lauréats. "C'est une décision politique qui appartient au Sénat et à laquelle on se plie", expliquait alors la SMOF. "On ne comprend pas vraiment pourquoi il ne peut pas être présent à cette cérémonie de mise en avant de jeunes qui s'investissent dans des métiers souvent décrits comme des voies de garage"insistait le directeur de la société.

Acte 2 : le Sénat fait marche arrière et invite Armando

Finalement, la présidence revient sur sa décision, mardi après-midi, après la publication de plusieurs articles évoquant le cas du jeune albanais"Au plan des principes, le Sénat, institution de la République chargée d'élaborer la loi, se doit de la respecter. Au plan des réalités, l'apprentissage est une voie d'excellence que le Sénat ne cesse de promouvoir", a indiqué mardi la présidence du Sénat dans un communiqué.

"Sans préjuger de la décision souveraine du tribunal administratif et de celle du gouvernement qui, à tout moment, peut délivrer un titre de séjour, Gérard Larcher [le président UMP du Sénat] a décidé, après en avoir informé le ministère de l'Intérieur, de ne pas faire obstacle à l'accueil de ce jeune dans le cadre strict de la cérémonie organisée par la SMOF", a ajouté la présidence, qualifiant la situation d'Armando Curri de "réussite qui mérite d'être saluée".

Dans la foulée, la secrétaire d'Etat au Commerce et à l'Artisanat, Carole Delga, qui doit lui remettre "ce titre d'exception" s'est fendue d'un communiqué : "L'apprentissage est une voie d'excellence et aussi une voie d'intégration. La République doit toujours donner sa chance à l'excellence, au mérite et à l'exemplarité."

Acte 3 : la situation d'Armando est finalement régularisée

L'obligation de quitter le territoire français dont faisait l'objet Armando Curri a finalement été abrogée, mardi en fin de journée, par la préfecture de la Loire. Celle-ci lui a également délivré une autorisation provisoire de séjour de trois mois "compte tenu des capacités d'intégration dont ce jeune homme a fait preuve à travers l'exemplarité de son parcours".

"Je viens de recevoir toutes ces belles choses. (...) En une journée, ma vie a changé. Je suis carrément content. C'est le plus beau jour de ma vie", a réagi le jeune homme au micro de France bleu Saint-Etienne Loire

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