Reportage "Quand la nuit arrive, on ne sait jamais où se mettre" : en région parisienne, de nombreux SDF s'abritent dans les bois

Plus d'un millier de bénévoles sont attendus à Paris, dans la nuit de jeudi à vendredi, pour participer au recensement des sans domiciles fixes. Ils sont nombreux à vivre dans les bois aux abords de la capitale.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Campement de sans-abri dans le bois de Vincennes, en 2008. (STEPHANE DE SAKUTIN / AFP)

Recenser les sans domiciles fixes du Grand Paris pour pouvoir adapter leur accompagnement : la septième édition de la nuit de la solidarité a lieu dans la nuit du 25 au 26 janvier. L'an dernier, plus de 3 000 SDF ont été recensés. Un chiffre à la hausse – 400 personnes de plus qu'en 2022 – notamment concernant les personnes vivant dans les bois aux abords de la capitale. Certains s'y sont installés de façon pérenne.

Dans un coin reculé du bois de Vincennes, sur ce qui ressemble presque à une parcelle individuelle, une cabane bricolée. C'est celle de Félix, 58 ans. Il vit ici depuis presque 20 ans, obligé de quitter son logement qu'il ne pouvait plus payer : "Quand on se retrouve à la rue, est-ce qu'on a vraiment le choix ? On traîne dans les rues. Quand la nuit arrive, avec l'insécurité, on ne sait jamais où se mettre : dans n'importe quel coin, ou bien on vient dans les bois. Et là, c'est un peu plus tranquille pour moi."

Cabanes, duvets, chauffage au pétrole

Félix a tout construit de ses mains. La cabane avec des planches de bois, de tôle, un abri pour les chats. Et tous les jours, il nettoie la zone : "Je fais de l'entretien. Quand j'ai fini, si j'ai de la lessive je fais de la lessive, ou alors je vais ramasser du bois pour mon feu. Quand il fait très froid, ce n’est pas évident, ça gèle."

Pour lutter contre le froid, Rémy, 63 ans, a trouvé une solution. Il a installé un chauffage au pétrole dans sa tente : "Je suis bien équipé, moi : duvet, chauffage..." Dans les bois depuis une quinzaine d'années, Rémy reçoit chaque semaine la visite de l'unité d'assistance aux sans-abri de la police municipale dont Gérard fait partie : "Si on n'a pas de réponse de leur part, on peut être amenés à ouvrir les tentes pour vérifier notamment si malheureusement, il ne leur est pas arrivé quelque chose. C'est arrivé, ces dernières années on a eu cinq décès." Chaque jour, ils font le tour des campements du bois – 102 actuellement – pour recenser les sans-abri, vérifier qu'il n'y a pas de mineurs ou de nouvelles personnes dans le besoin. Ensuite, ils les mettent en relation avec des services de santé ou des associations.

Le manque de solutions d'hébergement

Comme Félix ou Rémy, certains ne veulent pas quitter les bois, pour la sécurité ou parce que marginalisés. D'autres cherchent des solutions d'hébergement, mais les places pour les PAR (personnes à la rue) manquent cruellement : "On a un afflux de migrants ces dernières années qui est assez considérable, on a les familles isolées qui sont prioritaires... On va dire que les PAR hommes ne sont pas prioritaires sur les hébergements. Il y a beaucoup de SDF qui ont des chiens, des chats et beaucoup d'hébergements et d'hôtels refusent les animaux. Donc oui, c'est compliqué." Un centre géré par Emmaüs Solidarité existe au sein du bois de Vincennes : 20 places d'hébergements d'urgence ont été ouvertes, il y a quelques années.

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