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Mort d'Hubert Germain : qui était ce Compagnon de la Libération à qui un hommage est rendu au Mont-Valérien ?

Ayant rejoint le général de Gaulle dès l'été 1940, Hubert Germain s'est très vite engagé dans les Forces françaises libres. De 1940 à 1944, il a combattu notamment à Bir Hakeim et à El Alamein, dans le désert de Libye, puis en Italie et en France. Portrait.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Hubert Germain pose pour la photo à l'Hôtel des Invalides à Paris, le 28 août 2017. (CHRISTOPHE ARCHAMBAULT / AFP)

Le der des ders. Ultime survivant des 1 038 Compagnons de la Libération, ces engagés de la première heure auprès du général de Gaulle, Hubert Germain est mort à l'âge de 101 ans, mardi 12 octobre. Le président de la République, Emmanuel Macron, lui a rendu un hommage militaire, le 15 octobre aux Invalides. Mais un nouvel hommage lui sera rendu jeudi 11 novembre, lors d'une cérémonie à l'Arc de Triomphe et au Mont-Valérien.

Né le 6 août 1920 à Paris, ce fils d'un général des troupes coloniales "débute ses études secondaires à la mission laïque franco-arabe de Damas (1930-1932) et les poursuit au lycée Albert Sarraut à Hanoï, puis au lycée Saint-Louis à Paris", retrace la biographie qui lui est consacrée sur le site du Musée de l'ordre de la Libération.

"Je pars faire la guerre"

Après le bac, le jeune homme prépare, au lycée Michel Montaigne de Bordeaux, le concours de l'Ecole navale, qu'il s'apprête à passer en juin 1940. La France est alors en pleine débâcle face à l'armée allemande. L'étudiant laisse tomber le concours. "Au bout de cinq minutes, je me suis dit : 'Mais qu'est-ce que tu fais là ?'" confiait-il en 2017. "Je me suis levé en disant à l'examinateur : 'Je pars faire la guerre'". Il rend une copie blanche. Selon l'historien Olivier Wieviorka, interrogé sur France Inter, l'idée de défaite lui était "absolument intolérable".

Dans le port de Saint-Jean-de-Luz, ce colosse d'1,90 m n'a pas encore 20 ans quand il trouve l'Arrandora Star, qui s'apprête à convoyer des soldats polonais vers l'Angleterre. Il monte à bord avec trois camarades et arrive à Londres le 24 juin 1940. Ce n'est pourtant pas le célèbre Appel du 18 juin qui le décide.

"On ne va pas recommencer ce cinéma-là, personne ne l'a entendu, l'appel ! (...) On a tous entendu ce laïus effrayant du maréchal Pétain disant qu'il fallait terminer la guerre et déposer les armes. Ça a été un choc."

Hubert Germain

à l'AFP en 2017

Comme le rappellent ces archives de l'INA de 1976, il précisait : "Le 18 juin n'a pas été le jour de la divine révélation. En réalité, les uns et les autres, épars, nous portions en nous comme les prémices d'une révolte intérieure devant ces successives démissions nationales."

Le souvenir de sa première rencontre avec le général de Gaulle, cet été-là, reste toutefois intact : "Il s'arrête un instant, me regarde et me dit : 'Je vais avoir besoin de vous'. Quand, à 18-19 ans, vous vous ramassez ça en pleine figure, dans le désastre général qui est là, il y a quelque chose qui vous émeut profondément", racontait encore Hubert Germain à l'AFP.

Très tôt engagé dans les Forces françaises libres

Engagé dans les Forces françaises libres (FFL), le jeune homme est affecté sur le cuirassé Courbet, où il suit les cours d'élève officier de marine. La journée, il étudie entre les alertes ; la nuit, il participe à la défense antiaérienne contre les raids allemands. Au printemps 1941, il rejoint, en Palestine, la 1ère division française libre destinée à combattre au Levant. Il intègre ensuite la Légion étrangère et combat en Libye. "Enfant, je me disais que c'est ce que je devais toujours rechercher dans ma vie : le plus difficile", expliquait-il dans Espérer pour la France, un livre d'entretiens avec Marc Leroy paru en 2020.

Chef de section antichars, il se distingue lors de la bataille de Bir Hakeim en juin 1942, lors de laquelle, "à un contre dix, les Français ont tenu tête aux troupes du général (allemand) Rommel, permettant aux Britanniques de se rétablir à El Alamein", rappelle l'historien spécialiste de la Seconde Guerre mondiale, Dominique Lormier. Hubert Germain est cité à l'Ordre de l'armée pour ses qualités de meneur et pour avoir donné "un exemple constant de calme et de courage", souligne l'Ordre de la Libération.

Cette bataille avait été décisive pour que les Alliés reconnaissent la contribution des Forces françaises libres à leurs côtés, et, au-delà, le poids politique du général de Gaulle. "Nous avions bien compris que si nous perdions la bataille de Bir Hakeim, c'était fini, nous serions lâchés par les Américains", détaillait Hubert Germain.

Il "pleure comme un enfant" en revenant en France

Hubert Germain combat ensuite en Egypte, en Tunisie, puis débarque en Italie. Blessé à Pontecorvo en mai 1944, il est évacué à Naples, où il est décoré de la Croix de la Libération par le général de Gaulle fin juin 1944. Deux mois plus tard, il participe au débarquement de Provence. Arrivé sur la plage, il tombe dans le sable et "pleure comme un enfant" : "J'avais retrouvé mon pays."

Il combat ensuite pour la libération de Toulon, de la vallée du Rhône et de Lyon, et prend part aux campagnes des Vosges et d'Alsace. La même année, il met fin à "un simulacre de procès" contre des femmes, menacées d'être tondues, rapporte Le Monde. "Hubert Germain fit placer deux canons face aux fenêtres du pseudo-tribunal", écrit le quotidien.

Par le décret du 20 novembre 1944, il est fait Compagnon de la Libération. Charles de Gaulle avait créé l'Ordre de la Libération dès novembre 1940 pour "récompenser les personnes ou les collectivités militaires et civiles qui se seront signalées dans l'œuvre de libération de la France et son empire".

Après guerre, une carrière politique

Nommé aide de camp du général Koenig, commandant des forces françaises d'occupation en Allemagne, le lieutenant Germain est démobilisé en 1946. Après-guerre, il devient attaché de direction dans une entreprise de produits chimiques. Parallèlement, il entame une carrière politique. Il est élu maire de Saint-Chéron (Essonne) en 1953, mandat qu'il conserve jusqu'en 1965. Il est également nommé comme chargé de mission au cabinet d'un autre Compagnon de la Libération, le ministre des Armées, Pierre Messmer.

Elu député de Paris en 1962, il est réélu en 1968 puis en mars 1973. Sous la présidence de Georges Pompidou, de 1972 à 1974, il devient ministre des PTT, puis, brièvement, ministre chargé des relations avec le Parlement, de mars à mai 1974. Il fut également président de la Société française de télédistribution de 1975 à 1982.

Comme le relève le musée de l'Ordre de la Libération, Hubert Germain a reçu les décorations les plus prestigieuses : Grand Croix de la Légion d'Honneur, Compagnon de la Libération, Croix de Guerre 39/45 avec palme… Des distinctions nombreuses, mais pour Hubert Germain, l'essentiel était ailleurs : "Certains y voient une consécration. C'est une erreur", confiait-il à France 3.

"Les décorations qui vous sont attribuées, c'est un moment de mise au point où, dans l'ombre, une voix vous dit : 'Tu as bien joué jusqu'ici, on t'en demande davantage'."

Hubert Germain

à France 3, le 5 mai 2019

"Nous étions les braises ardentes et l'Ordre de la Libération s'est donné pour mission de garder ces braises ardentes en témoignage de cette époque", disait-il encore à ce propos. Il sera inhumé au Mont-Valérien, lieu de martyre de la Résistance.

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