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Limitation à 80km/h : "Il était temps de prendre des mesures pour mettre un terme à la première cause de mort dans la jeunesse en France"

Chantal Perrichon, présidente de la Ligue contre la violence routière était invitée dimanche 17 juin 2018 sur franceinfo.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Limitation de la vitese à 80 km/h sur une route près de Bordeaux, le 9 janvier 2018. (NICOLAS TUCAT / AFP)

Le décret officialisant la réduction de la vitesse maximale autorisée sur les routes nationales et départementales à 80km/h - au lieu de 90 - a été publié au Journal officiel dans la nuit du samedi au dimanche 17 juin 2018. Le Premier ministre Edouard Philippe l'avait signé vendredi 15 juin. La mesure s’appliquera dès le 1er juillet. Plus de 400 000 km de routes, deux fois une voie, sans glissière entre les deux sens de circulation, vont donc passer de 90 à 80 km/h dans 15 jours, soit près de la moitié du réseau routier français. Quelque 11 000 panneaux devraient être changés pour un coût estimé entre 6 à 12 millions d'euros. Les radars - eux - seront tous mis à jour dans la nuit du 30 au 1er juillet.

La présidente de la Ligue contre la violence routière, Chantal Perrichon, était invitée de franceinfo dimanche 17 juin. Favorable à cette mesure "indispensable", selon ses termes, elle explique qu'il "était temps de prendre des mesures pour mettre un terme à ce qui est la première cause de mort dans la jeunesse en France et la première cause de mort dans le monde du travail". 

franceinfo : Fallait-il vraiment prendre cette mesure ?

Chantal Perrichon : Oui, il fallait la prendre. Concernant le coût financier important, faut-il rappeler ce que nous coûte l'insécurité routière ? Chaque année, ce sont 50 milliards d'euros, c'est dire si le coût des panneaux n'est pas excessif. Sans compter que nous, nous militons pour qu'il n'y ait aucun panneau 80. Ils ne sont pas nécessaires. Il y a eu une expérimentation en Flandre où ils ont supprimé les panneaux et eux sont passés à 70. Nous n'avons besoin que des panneaux à 130, 110, 50, quelques fois 70 et fin de 70, mais nous n'avons pas besoin du remplacement des panneaux. En ce qui concerne la nécessité de prendre cette mesure, c'était absolument indispensable. Pourquoi ? Nous avons vécu des années épouvantables de remontée de l'accidentalité routière dans notre pays, pendant trois années consécutives, du jamais vu depuis 1972 et une quatrième année aussi mauvaise que les précédentes. Il était donc temps de prendre des mesures courageuses pour mettre un terme à ce qui est quand même la première cause de mort de la jeunesse en France et la première cause de mort dans le monde du travail. La seule mesure qui avait été signalée par les experts du CNSR (Conseil nationale de sécurité routière) était ce passage de 90 à 80 km/h. C'est celle qui nous permettra de sauver 350 à 400 vies et il y a des familles qui ne vivront pas avec une personne lourdement handicapée, nous l'oublions trop souvent.

Certains détracteurs assurent qu'une baisse des limitations dans plusieurs pays qui ont expérimenté cette formule, n'a pas forcément conduit à une diminution des morts, que leur répondez-vous ?

Le lobby 'Vroum vroum ne touche pas ma vitesse' cherche éperdument et désespérément des exemples en disant 'regardez les autoroutes allemandes, leur vitesse n'est pas limitée', ce qui est faux, 'regardez les Anglais, ils enlèvent leurs radars', c'est faux. A chaque fois, ils essayent mais leurs mensonges ne tiennent pas, ça fait partie de tout ce que nous avons entendu depuis des décennies, la ceinture tue, c'est bien connu. A un moment il faut mettre un terme à ces mensonges et à ces politiques-politiciennes parce que la sécurité routière c'est un problème majeur de santé publique et il faut donc un petit peu de sérieux.

Comment expliquez-vous la levée de boucliers dans les régions y compris de la part de nombreux élus et même au sein du gouvernement ?

Les gens qui sont réfractaires à cette mesure ne consacrent visiblement pas assez de temps à lire les documents qui leur permettraient d'arrêter de dire des âneries. Nous, à la Ligue contre la violence routière, ça fait des années que nous demandons cette mesure, parce qu'en amont nous avons travaillé avec des experts. C'est ce qu'a fait le Premier ministre. Dès le mois d'août de l'année dernière, il réunissait des experts et organisait des rencontres pour voir quelle serait la mesure à prendre pour éviter de stagner avec des mauvais résultats. Rappelons que la France est dans la moyenne haute de l'Europe. Contrairement à ce que disent les élus qui ne connaissent rien à leur département, du moins les opposants, c'est que nous constatons le plus grand nombre de tués sur ces fameuses routes droites, rectilignes où les gens se sentent en sécurité. C'est une erreur, pourquoi ? Parce que ce qui compte, c'est le trafic, la circulation.

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