Télépones portables à l'école: oui, mais éteints !
Par mesure de précaution, le Sénat a prohibé mercredi l'usage du téléphone portable dans les écoles et les collègesPar mesure de précaution, le Sénat a prohibé mercredi l'usage du téléphone portable dans les écoles et les collèges
Ce texte, qui s'inscrit dans le cadre du Grenelle 2, doit être examiné à l'Assemblée.
Associations familiales, parents d'élèves et profs s'inquiètent des dérives de son utilisation intensive: selon un sondage TNS-Sofres mardi, si 73% des 12-17 ans en possède un, 47% des élèves disent l'utiliser en classe et 54% recevoir des appels durant les cours.
"Dans les écoles maternelles, les écoles élémentaires et les collèges, l'utilisation par un élève d'un téléphone portable est interdite", stipule la mesure votée par les sénateurs qui ont aussi relevé à 14 ans le seuil d'interdiction de la publicité pour les portables à destination des enfants que le projet de loi du gouvernement avait fixé à 12 ans.
Parents d'élèves et enseignants pour son interdiction lors des cours
Selon un sondage TNS Sofres/Le Parisien publié mardi, ils insistent toutefois sur le devoir d'exemple que doivent observer les professeurs.
Le ministre de l'Education nationale s'est aussi dit partisan de l'interdiction des téléphones portables pendant les cours, soulignant toutefois que cela relevait de chaque établissement. Luc Chatel, qui s'exprimait sur RTL, a souligné que cette décision relevait "des conseils d'administration des établissements scolaires, du règlement intérieur".
Règlement intérieur qui "doit préciser les interdictions et les sanctions", précise pour sa part le secrétaire général du syndicat national des personnels de direction de l'Education nationale, Philippe Tournier. Par exemple, il indique qu'un téléphone perturbateur peut être confisqué "pendant la durée d'un cours. En revanche, on n'a pas le droit de le confisquer jusqu'à la fin de l'année."
Le même son de cloche...
Du côté des parents, la fédération de parents d'élèves FCPE (classée à gauche) et la Peep (classée à droite) sont favorables à ce que les élèves coupent leur téléphone portable à l'entrée de l'établissement et ne le rallument qu'après la sortie. Elles insistent sur la sensibilisation préalable des élèves à ce sujet, et sur le fait que les professeurs "montrent l'exemple en coupant aussi leur portable en classe".
Pour Béatrice Barraud, présidente de l'Apel, association qui affirme regrouper 815.000 familles de l'enseignement catholique, "le téléphone portable ne fait pas partie de la trousse de l'écolier et il est interdit de l'utiliser pendant les cours mais aussi pendant les inter-cours et les récréations".
Côté enseignants, Christophe Digaud, secrétaire national du Sgen-CFDT, explique que la réponse ne "peut être qu'éducative" citant l'élaboration du règlement intérieur avec les élèves. "Il est évident que le téléphone portable des élèves doit être coupé pendant les cours, et que les professeurs fassent la même chose, mais j'estime qu'entre les cours, ils peuvent faire ce qu'ils veulent".
Cependant, à la Peep, où on se dit satisfait du vote du Sénat, on juge que la décision sera difficilement applicable. En effet, selon le président de la Peep, Philippe Vrand, "le Sénat peut faire toutes les lois possibles, mais comment va-t-on faire ? Dans une majorité de collèges, les règlements intérieurs interdisent déjà l'usage des portables, et pourtant les élèves les utilisent".
73% des 12 à 17 ans ont un téléphone portable
Les adolescents, dont les trois-quarts possèdent un téléphone portable, l'intègrent à chaque moment de leur vie, même à l'école, et ne se soucient guère des dangers et dérives d'une utilisation intensive, toujours selon TNS-SOFRES, dans le cadre d'une étude réalisée pour l'association de prévention des dangers d'internet, Action Innocence, et l'Union nationale des Associations familiales.
Les plus grands sont les plus équipés: 95% des 16-17 ans contre 91,8% de l'ensemble des Français. Mais les plus jeunes ne sont pas loin derrière: 76% des 14-15 ans sont équipés et 49% des 12-13 ans. Le sondage met l'accent sur le fait que ce sont les filles qui ont le plus souvent un portable: 77% contre 70% de garçons.
Echanger des photos, écouter de la musique et surtout envoyer des SMS à toute heure: le portable est "au coeur de la vie" des ados quel que soit le niveau social des parents. Et quand on leur demande ce qu'ils craignent le plus au sujet de leur portable, un jeune sur trois répond que le pire "serait de ne plus en avoir".
"La question n'est plus de savoir si les jeunes doivent être équipés" d'un mobile, a observé Véronique Fima, directrice d'Action Innocence, mais de savoir s'il en font un "usage sain", selon François Fondard, président de l'Union nationale des Associations familiales. "Beaucoup de parents nous font part de leurs inquiétudes" sur l'usage que font leurs enfants de leur portable, a-t-il ajouté. Le sondage révèle que 47% des ados interrogés utilisent leur portable en cours et 79% dans la cour de récré ou les couloirs de leur établissement scolaire.
Autres motifs d'inquiétude des parents, 8% des ados sondés ont déjà reçu des vidéos ou photos violentes sur leur mobile et 8% des vidéos ou photos "choquantes".
Ils savent, mais...
Si les jeunes se disent conscients des dangers et dérives, ils "peinent à mettre en pratique ce qu'ils savent", selon TNS-Sofres. S'ils savent qu'il vaut mieux utiliser une oreillette, éviter de téléphoner dans le train ou de dormir le portable sous l'oreiller, 90% des ados téléphonent en train ou en voiture, 34% seulement utilisent une oreillette et 31% dorment avec leur portable.
De même, s'ils disent craindre d'être filmé à leur insu ou qu'un tiers fouille dans leurs messages, cela ne les empêche pas de le faire. 57% avouent avoir déjà fouillé dans le portable d'un camarade et 44% avoir filmé un copain à son insu. Il est aussi arrivé à 7% d'entre eux de filmer un prof ou à 8% de filmer une bagarre. 15% avouent également avoir déjà donné leur numéro à un inconnu rencontré sur internet et 14% d'avoir déjà envoyé un SMS à un inconnu.
Autre paradoxe, les parents qui disent s'inquiéter de l'usage du mobile par leurs enfants en parlent peu avec eux. D'après les ados interrogés, c'est le choix du portable et celui du forfait qui sont les principaux sujet de discussions à propos du mobile avec les parents.
Sondage réalisé du 17 au 19 septembre par téléphone auprès d'un échantillon national de 500 adolescents âgés de 12 à 17 ans, selon la méthode des quotas
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