CGT : la polémique Lepaon en trois actes
Après des semaines de scandales, le numéro un de la CGT va remettre son mandat à la disposition du Comité confédéral national.
Partira, partira pas ? Les neuf membres du bureau de la CGT, dont son dirigeant Thierry Lepaon, vont remettre leur mandat à la disposition du Comité confédéral national (CCN, le "parlement" de la centrale) le 13 janvier.
Cela n'équivaut pas à une démission, précise la CGT. Mais cela y ressemble. Il semble peu envisageable que le secrétaire général du syndicat aille jusqu'au bout de son mandat en 2016. Retour sur la polémique qui empoisonne la CGT depuis des semaines.
Acte 1 : les révélations du "Canard" et de "L'Express"
Le 29 octobre, Le Canard enchaîné dénonce la rénovation à grands frais de l'appartement de fonction de Thierry Lepaon à Vincennes (Val-de-Marne). Une facture de 150 000 euros, selon le journal satirique, payée par le syndicat. Le dirigeant de la CGT minimise, parle d'un coût de 105 000 euros, et refuse tout audit de la part du CCN, selon Le Monde (abonnés). Le Canard enchaîné continue ses révélations en novembre, faisant état notamment de travaux effectués dans le bureau du secrétaire général à Montreuil (Seine-Saint-Denis) pour plus de 60 000 euros.
Le 1er décembre, L'Express en rajoute une couche. L'hebdomadaire fait état d'indemnités touchées par le numéro un de la CGT début 2013, lorsqu'il a quitté ses fonctions de... secrétaire général du comité régional CGT de Basse-Normandie. "Quelques semaines avant d'être intronisé au congrès de Toulouse, écrit l'hebdomadaire, il négocie avec son employeur normand une rupture conventionnelle. Et touche, comme un salarié lambda poussé vers la sortie, des indemnités de départ." Celles-ci se seraient élevées à 60 000 euros.
Acte 2 : Lepaon s'accroche
Malgré toutes ces révélations et le mécontentement croissant des adhérents, Thierry Lepaon se défend bec et ongles. Le Monde évoque un climat "extrêmement tendu" lors de la réunion du bureau confédéral du 5 décembre.
Pour répondre à la colère qui gronde, Thierry Lepaon annonce le 9 décembre la démission de son trésorier, en lisant la lettre que celui-ci a rédigée. Il se défend en accusant la presse de mener campagne contre lui. Puis il dénonce sur France 3 Basse-Normandie une campagne "partie de l'intérieur". Alors que plusieurs fédérations réclament sa démission, Thierry Lepaon affirme qu'il ne sera pas "le rat qui quitte le navire".
Acte 3 : Lepaon met son mandat "à disposition"
La pression monte d'un cran avant la rentrée de janvier. Lundi 5 janvier, Louis Viannet, 81 ans, secrétaire général de la CGT de 1992 à 1999, dénonce durement dans Le Monde l'"entêtement" de Thierry Lepaon à vouloir "rester coûte que coûte dans sa responsabilité". Et il estime que le dirigeant doit "remettre son mandat en jeu".
L'annonce en sera faite dans la soirée, Thierry Lepaon déclare devant la Commission exécutive, direction élargie de la centrale, que "le bureau, y compris lui-même, ont décidé de mettre à disposition leur mandat au CCN". "Ce qui ne veut pas dire qu'ils démissionnent", précise la CGT.
Le numéro un remettra donc, comme les autres, son mandat en jeu le 13 janvier. Souverain, le CCN décidera alors à quels membres du bureau confédéral il renouvellera, ou non, sa confiance.
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