Un mois après : une des rescapées de l'Hyper Cacher raconte
Paule, 77 ans, est toujours très éprouvée par les scènes qu'elle a vécues. Parmi les images qui la poursuivent, il y a ce visage d'Amedy Coulibaly, tantôt fanatique, tantôt - assure-t-elle - sympathique."C'était le regard d'un homme humain, et doux. C'est ça qui était très surprenant. Aujourd'hui je me pose encore question, comment se fait-il qu'avec ce regard il ait pu commettre ces actes aussi horribles ? "
"Le bruit d'une kalachnikov, c'était en fait un carton de bananes" qui tombait
"Je me réveille des fois en pleine nuit et je revois ces scènes. Ce qui me console c'est qu'une des otages me prenait la main souvent. On se prenait la main, on aurait dit deux petites filles à l'école quand elles ont peur elles se prennent la main ", poursuit-elle. Un lien avec les autres otages que Paule a maintenu, par téléphone. Ils se sont aussi revus à l'Elysée et il est question d'un dîner commun.
Au quotidien, la vie d'ex-otage de l'Hyper Cacher n'est plus tout à fait comme avant. "Je ne peux plus me mettre près d'une vitrine quand nous allons dans une brasserie, car j'ai l'impression qu'on va nous tirer dessus. Je n'ai plus tellement envie d'aller dans les magasins. Je suis allée au Monoprix, un manutentionnaire a laissé tomber un carton, je me suis cachée tout de suite derrière une étagère car ça faisait exactement le même bruit que la kalachnikov, et en fait c'était un carton de bananes ".
"J'y retournerai... et j'achèterai des olives"
Elle ne sent "pas du tout guérie ". Au-delà des somnifères qui l'aident un peu, Paule voit chaque semaine une psychologue. Elle se confie aussi à son mari, sa fille et une amie. Mais elle attend surtout le moment où elle pourra retourner là où sa vie a été mise entre parenthèse. "J'ai toujours dit que Hyper Cacher si il rouvre, j'y retournerai, et j'y retournerai avec le même manteau, et j'achèterai des olives ", dit-elle.
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