Vers une agriculture soucieuse de l'environnement
Un colloque a présenté au Salon les résultats de la recherche pour une agriculture à haute performance environnementaleUn colloque a présenté au Salon les résultats de la recherche pour une agriculture à haute performance environnementale
Organisé par l'Institut national de la recherche agronomique ( INRA), ce colloque a mis en avant les résultats des travaux de 8 chercheurs en agronomie.
Suite à ces exposés très techniques, deux débats ont eu lieu avec des responsables politiques et des responsables d'associations agronomiques, pour penser l'avenir durable de l'agriculture française.
Serons-nous la génération verte ?
Comme en témoigne le dernier Grenelle de l'environnement, les Français expriment de plus en plus leur attente d'un monde, d'un pays et d'une agriculture protectrice de l'environnement. L'objectif du Gouvernement étant de réduire de 50% l'utilisation de produits phytosanitaires. Et les agriculteurs aussi souhaiteraient se "mettre au vert". Mais il leur manque encore les outils pour cela.
La recherche ne peut donc plus raisonner uniquement en termes de rendements, mais également en termes d'efficacité et d'économie énergétique. Car les ennemis de l'écologie sont nombreux dans le secteur agricole. Carburant, électricité, fabrication des "intrants", ces éléments qui entrent dans la production d'un bien, ici l'énergie, les engrais - composés entre 60 et 80 % de pétrole, le talon d'achille de notre agriculture, ultra-dépendante du pétrole - et les matériels. Mais aussi "les gaz à effet de serre (GES): dioxyde de carbone, méthane, azote, qui représentent à eux seuls 19% des émissions de GES en France", souligne Laurence Guichard, chercheuse à l'Inra Versailles-Grignon.
Et, last but not least, les pesticides. Ces nitrates à la pollution diffuse qui rend difficile son contrôle. Le problème majeur concernant les pesticides étant le prix des matières premières nécessaires à leur fabrication. Quand les matières premières sont chères, l'utilisation des pesticides est renforcée pour produire plus et gagner plus afin de compenser leur coût de fabrication.
Les chercheurs de l'Inra empruntent tout juste cette voie vers la performance environnementale. D'après eux celle-ci exige "la gestion durable des ressources: sol, eau -l'agriculture en étant le secteur le plus gourmand- auxiliaires et culture, mais aussi le développement de "nouveaux outils et méthodes pour fixer des objectifs, concevoir des systèmes de production, en prévoir et en évaluer les performances".
Si cette révolution verte paraît encore balbutiante, "la marge de progression demeure importante en agriculture", rappelle Joël Aubin, de l'Inra de Rennes, le chemin emprunté n'en est pas moins juste. Les changements amorcés ont la vertu d'engager dans une dynamique innovante tous les acteurs du secteur, les agriculteurs bien entendu, mais aussi les professionnels des filières, du développement et de la recherche.
Selon l'Inra ce colloque est un jalon dans ce processus qui sera long et voici les outils et les débuts de solutions déjà avancés.
Réduire les intrants
"Plusieurs fermes pilotes françaises ont fait l'expérience de la réduction des intrants et les résultats montrent que la productivité est sensiblement la même", précise Xavier Coquil de l'Inra de Nancy. La culture de la betterave sucrée en est l'exemple même s'il semble être isolé. "On produit aujourd'hui la même quantité de betteraves avec deux fois moins d'intrants", se félicite Jean-Luc Poulain, président du Salon de l'agriculture (). Selon les chercheurs de l'Inra l'expérience est extrapolable à d'autres fermes, si ce n'est à l'ensemble.L'agriculture biologique (dossier spécial à venir) est déjà le nec plus ultra de l'agriculture à haute performance environnementale (HPE). Elle n'utilise aucun produit chimique. Toutefois, "sa pollution est sensiblement la même que celle provoquée par l'agriculture conventionnelle car elle produit plus de méthane", insiste Michel Doreau de l'Inra de Clermont-Theix. Autre inconvénient, son prix. Le coût du Bio annonce en effet ce que pourrait couter des produits agricoles issus d'une agriculture à HPE. Ce que le consommateur doit savoir car il est l'un des acteurs incontournables d'une agriculture à HPE. Les agriculteurs ont besoin de savoir si les consommateurs sont prêts à jouer le jeu (cf. sondage sur le site france2) ce que l'on ne sait pas vraiment.
L'azote naturel
Pour Laurence Guichard, une autre solution serait de "réduire la dépendance aux engrais azotés en utilisant l'azote de l'air et non celui des engrais". Les chiffres parlent pour elle, "une tonne d'azote naturel équivaut à économiser une tonne de CO2".Les mélanges et la rotation des cultures
L'association des cultures telles que le "blé-pois ou le blé-colza réduit les besoins en énergie et les émissions de gaz à effet de serre en grandes cultures", poursuit Laurence Guichard. On sait déjà travailler blé et colza à bas intrants, mais les 50% de réduction d'ici 2010 semblent impossible selon les chercheurs réunis en table ronde.
Ils sont également tous favorables à l'allongement des rotations des cultures qui offre une assurance face aux risques imprévisibles, une réduction des maladies et une diminution des mauvaises herbes.
On regrettera de ce colloque qu'il ait quasiment fait l'impasse sur le thème du financement des innovations évoquées. Ceci dit-il paraît inévitable qu'une agriculture durable implique un surcoût pour les consommateurs tel que le montre déjà l'agriculture biologique.
Vous pouvez retrouver toutes les conférences de l'Inra sur leur WebTv.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.