Gérard Miller : "Quand 60 femmes parlent, on ne peut pas contester", réagit Sandrine Rousseau
"Quand 60 femmes parlent, on ne peut pas contester", réagit lundi 4 mars sur franceinfo la députée écologiste de Paris, Sandrine Rousseau vis-à-vis de Gérard Miller. Le psychanalyste, chroniqueur de radio et de télévision et soutien de Jean-Luc Mélenchon est visé par des dizaines d'accusations de violences sexuelles, mais conteste les faits.
Gérard Miller avait soutenu Sandrine Rousseau lors de la primaire écologiste pour l'élection présidentielle, en 2021. "Il est venu me soutenir deux ou trois fois lors de la primaire" mais la députée de Paris précise qu'elle n'est "pas très proche" de lui. L'élue connue pour son engagement féministe n'a pas cherché à appeler Gérard Miller. "Je ne veux pas l'avoir au téléphone" parce que "je sais absolument ce qu'il va me dire, que c'est faux et ça ne m'intéresse pas", explique Sandrine Rousseau. Gérard Miller est accusé par des femmes, pour certaines mineures, pour des faits allant du comportement déplacé au viol. Le parquet de Paris a annoncé vendredi l'ouverture d'une enquête préliminaire après au moins six signalements de femmes déclarant avoir "subi des gestes a minima sexués" de la part du psychanalyste. L'intéressé se dit "certain de n’avoir commis aucune infraction".
Sandrine Rousseau estime par ailleurs que Dominique Boutonnat "doit démissionner" de son poste de président du Centre national du cinéma (CNC). "Il n'aurait jamais dû être nommé d’ailleurs", ajoute la députée. À 52 ans, Dominique Boutonnat est renvoyé devant le tribunal correctionnel pour "agressions sexuelles". Son filleul, avec qui il n'a pas de lien familial, avait porté plainte contre lui en octobre 2020 pour des faits datant du mois d'août de la même année. Il était alors âgé de 21 ans.
Auditionnée au Sénat par délégation aux droits des femmes, l'actrice Judith Godrèche a également demandé le "retrait" de Dominique Boutonnat. Ce dernier, qui conteste les accusations de son filleul, a été reconduit à son poste en 2022. Judith Godrèche explique avoir abordé le sujet avec la ministre de la Culture Rachida Dati : "Elle m'a parlé de la présomption d'innocence. J'ai répondu que ce n'était pas la question, que c'était une question de symbole", le CNC étant en charge de la lutte contre les violences sexuelles dans le cinéma.
Sandrine Rousseau estime également que ces "choix" ne sont pas anodins. "Est-ce qu'on met en avant, qu'on valorise, est-ce qu'on décide de donner des médailles à des gens qui se sont mal comportés ?" interroge-t-elle ce lundi sur franceinfo. La députée estime que le milieu du cinéma ne réagit "pas du tout" à la hauteur des différentes prises de parole comme celle de Judith Godrèche. En citant les affaires "Depardieu et Polanski", Sandrine Rousseau confie qu'elle a "l'impression d'un milieu qui résiste". Elle évoque "une résistance un peu passive, souterraine à la parole extrêmement forte de Judith Godrèche".
"Entre 1970 et 2010, la société a valorisé la pédocriminalité, le viol, y compris dans le cinéma", déplore Sandrine Rousseau en prenant l'exemple du film Les valseuses. Selon elle, c'est ce qui explique "cette résistance". Désormais, "on change de société" et pour cela "il va falloir aller chercher dans les placards, modifier les modes de gouvernance" mais aussi "réfléchir à l'image et à la place des femmes dans le cinéma et réfléchir à la place qu'ont des agresseurs dans ce système". Sandrine Rousseau est favorable à la création d'une commission d'enquête sur les violences sexuelles et sexistes dans le milieu du cinéma. La demande a été formulée par l'actrice Judith Godrèche au Sénat. "On l’a fait par exemple pour les violences sexuelles et sexistes dans le sport. On pourrait très bien le faire dans le cinéma et ce qu’on y découvrirait serait à mon avis d’une ampleur très importante", argumente la députée de Paris.
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