Grenelle des violences conjugales : "Maintenant, on attend Emmanuel Macron au rendez-vous"
Marie Cervetti, directrice de l'association "FIT-une femme, un toit" se réjouit de l'annonce d'un Grenelle et de la révolte du président de la République sur Facebook.
"C'est super que le gouvernement ait entendu", a réagi Marie Cervetti, directrice de l'association "FIT-une femme, un toit" à l'annonce de Marlène Schiappa, secrétaire d'État chargée de l'Égalité entre les femmes et les hommes et de la lutte contre les discriminations, qui prévoit d'organiser un Grenelle des violences conjugales à la rentrée. 74 femmes ont été tuées par leur conjoint ou ex-conjoint depuis le début de l'année. Dans une tribune publiée dans Le Monde samedi 6 juillet, Marie Cervetti et Bénédicte Jaulin, également membre de l’association "FIT- une femme, un toit", avait appelé le gouvernement à élaborer un plan d’actions concrètes contre les féminicides.
franceinfo : Êtes-vous satisfaite de l'annonce de Marlène Schiappa ?
Marie Cervetti : C'est ça qu'il faut retenir, c'est qu'elle nous a entendus. On a eu des tribunes partout. Nous-mêmes, on a publié dans Le Monde une tribune qui demandait des Grenelle. Ce Grenelle des violences, pas seulement des violences conjugales. Si on pouvait aller aussi sur toutes les violences sexistes et sexuelles, ça serait formidable. C'est super que le gouvernement ait entendu. C'est super aussi parce que j'ai vu hier que sur Facebook le président Emmanuel Macron a lui aussi répondu et montré qu'il avait entendu. Il a cité les prénoms de toutes les femmes qui ont été assassinées. Beaucoup de gens ont pris la parole pour dire Monsieur le Président, sortez de votre silence parce que ce silence était insupportable pour les familles. Ce n'était pas un mouvement des associations. C'était un mouvement des familles, soutenu par les associations. Que le président ait publié un post Facebook pour dire que ça le révolte et que la République doit protéger. Eh bien maintenant, on l'attend au rendez-vous.
Quelle est la première mesure urgente à mettre en place ?
Je travaille avec de jeunes femmes qui ont entre 18 et 25 ans. Cela veut dire que ces jeunes femmes lorsqu'elles sont obligées de quitter, soit le domicile familial, soit le domicile conjugal, errent dans la rue. Elles n'ont pas de minima sociaux pour se payer une nuit d'hôtel ou une nuit dans une auberge de jeunesse. Et la première chose qu'il faudrait faire, c'est dès lors qu'une femme rentre dans un commissariat, porte plainte ou dépose une main courante qui doit aujourd'hui être traitée comme une plainte, c'est-à-dire que la main courante doit partir vers le procureur, le commissariat doit appeler les centres d'hébergement spécialisés comme le nôtre et vérifier s'il y une place ou pas. Je vous donne un exemple. Le jour où Leila en Seine-Saint-Denis a été tuée, le jour où elle a déposé sa main courante, ce jour-là, de notre établissement, est partie une jeune fille. On avait une place. Ça veut dire que cette jeune fille, elle aurait pu être sauvée. Mais non, elle est rentrée chez elle. Qu'est-ce qui fait que lorsqu'une femme va dans un commissariat qu'elle dépose une main courante ou une plainte, elle rentre chez elle ? C'est ça qui est dingue. En tout cas, le premier réflexe de la police devrait être : une femme vient porter plainte, elle ne peut pas rester sans solution. Je crois que c'est vraiment une urgence absolue.
Selon vous, les femmes qui portent plainte ne sont pas prises au sérieux ?
Toutes les femmes qui ont été assassinées avaient toutes déposé plainte. Qu'est ce qui s'est passé ? Ils sont où les dysfonctionnements ? Qu'est-ce qui fait que quand une femme porte plainte, on ne doit pas être dans une logique de précaution. C'est à dire que dès lors qu'elles portent plainte, il faut qu'on soit dans une logique de précaution.
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