"Prenez-nos plaintes et traitez-les pour de vrai" : au commissariat de Montpellier, l'accueil des victimes d'agressions sexuelles pointé du doigt
Après les témoignages sur les réseaux sociaux sous le hashtag #doublepeine, une centaine de personnes ont manifesté devant le commissariat central de Montpellier, dimanche 10 octobre, pour dénoncer la mauvaise prise en charge des plaintes pour agressions sexuelles.
"Prenez nos plaintes et traitez-les pour de vrai, accessoirement", pouvait-on lire sur les pancartes brandies dimanche devant le commissariat central de Montpellier, a rapporte France Bleu Hérault dimanche, ou encore "je ne suis pas coupable de mon viol". Une centaine de personnes se sont rassemblées devant le commissariat pour dénoncer la mauvaise prise en charge des plaintes pour agressions sexuelles.
Ce commissariat est pointé du doigt depuis deux semaines par des femmes victimes d'agressions sexuelles qui, à travers les réseaux sociaux, dénoncent la façon dont elles ont été accueillies au moment de déposer plainte contre leurs agresseurs. Leur parole a été relayée par la militante féministe Anna Toumazoff qui a lancé le hashtag #doublepeine, repris depuis par des centaines de femmes, visant des commissariats partout en France.
Au Commissariat Central de @montpellier_, on demande aux victimes de viol si elles ont joui.
— Anna Toumazoff (@AnnaToumazoff) September 28, 2021
Le collectif CQFAD ("Collectif queer, féministe, anticapitaliste et décolonial"), qui réalise des collages féministes dans les rues de Montpellier, a réclamé une meilleure formation des policiers. "Il faut des formations longues, a jugé Solène, membre du collectif. Il ne faut pas que ça soit juste une heure, en fin d'école de police (...). Il faut que cette formation aborde la question de l'amnésie traumatique ou de la honte que les victimes peuvent ressentir. On veut être écoutées et qu'on nous dise qu'on nous a entendues."
Le préfet dénonce des "mensonges"
Le syndicat SGP Police, de son côté, a condamné les accusations et réclamé plus de moyens, a fait savoir Bruno Bartocetti, membre du syndicat SGP Police, à France Bleu Hérault. Il a appelé à ne pas condamner les policiers visés et à créer un pôle psychologique fonctionnel 24h/24 au sein du commissariat de Montpellier. Par ailleurs, le préfet de l'Hérault avait dénoncé dans un communiqué, en date du 28 septembre, "les propos diffamatoires", "les fausses informations" et les "mensonges" tenus sur les réseaux sociaux par Anna Toumazoff à l'encontre des fonctionnaires de police du commissariat de Montpellier, tout en réaffirmant faire de la lutte contre les violences sexuelles "un objectif prioritaire".
Un collectif composé d'associations et de militantes féministes s'est créé à partir de ce hashtag #doublepeine. Un site du même nom a été mis en ligne pour recenser les témoignages de victimes d'agressions sexuelles qui disent n'avoir pas été entendues, ou n'avoir pas reçu l'accueil bienveillant nécessaire, lors de leur dépôt de plainte dans des commissariats de toute la France. "Sans grande surprise, nous avons reçu en 24h plus de mille témoignages de situations qui révèlent une véritable double peine", a expliqué le collectif dans un communiqué.
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