Un dispositif pour déposer plainte pour violences conjugales aux urgences des hôpitaux : "Là, on va directement à la victime"
Le dispositif est testé depuis octobre à l'hôpital Saint-Antoine à Paris, et il facilite le dépôt de plainte pour les femmes victimes de violence.
"L'hôpital nous contacte et on se déplace pour récupérer la plainte de la victime" : en un mois, le service des urgences de l'hôpital Saint-Antoine a déjà reçu quatre victimes de violences conjugales. Eloïse et Laurie, officiers de police judiciaire à la Brigade de protection des familles au commissariat du 12e arrondissement de Paris, ont recueilli la plainte de ces femmes victimes de violence. Le dispositif, qui permet un dépôt de plaintes directement à l'hôpital, est né du Grenelle des violences conjugales il y a un an. Testé depuis octobre à l'hôpital Saint-Antoine à Paris, il pourrait être étendu à tous les hôpitaux parisiens.
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"L'intérêt, pour nous, c'est que ces victimes ne nous échappent pas et ne partent pas dans la nature, indique la policière. Dès lors qu'elles subissent un fait de violences conjugales, elles viennent tout de suite le dénoncer." Les deux officiers vont les voir directement dans leur chambre ou dans un box à l'écart, bien plus confidentiel qu'un commissariat. "C'est toujours compliqué de se rendre dans un commissariat, poursuit la policière. C'est un lieu où il y a beaucoup de monde. Il peut y avoir des délais d'attente qui peuvent être longs."
"Il n'y a qu'une interlocutrice alors qu'au commissariat, on passe par l'accueil, par le chef de poste, par l'entrée où on est filtrés. Là, on va directement à la victime : elle n'a qu'une seule interlocutrice."
Eloïse, policièreà franceinfo
Pour le chef des urgences, le Dr Pierre-Alexis Raynal, c'est un soulagement que le dispositif ait pu être mis en place juste avant le deuxième confinement. "À l'issue du premier confinement, explique le Dr Raynal, on avait eu une recrudescence au moment du déconfinement. C'est donc une très bonne chose qu'on soit prêts à porter cette aide au moment du déconfinement, là aussi."
"Souvent, [les patientes] ont réussi à venir consulter sur un temps libre, pas forcément très long, explique le médecin, qui décrit le dispositif. On va leur prodiguer des soins. Une assistante sociale va la prendre en charge, également. Et on va les inciter à déposer plainte en leur disant bien qu'il y aura un respect de la confidentialité et que ce dépôt de plainte sera fait dans l'heure, pour permettre d'éviter une récidive. Les quatre patientes ont adhéré tout de suite la démarche." Chaque année, ce sont 63 000 patients qui sont soignés aux urgences de Saint-Antoine. Le dispositif va être élargi à un autre grand hôpital parisien, celui de la Pitié-Salpêtrière.
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