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Violences conjugales : la Fédération solidarité femmes "surprise et soulagée" par la reconnaissance du statut de victime d'une femme paraplégique

Anne Bouillon, l'avocate de la Fédération Nationale Solidarité Femmes, a réagi sur franceinfo mercredi à la décision de justice qui ouvre la voie à une indemnisation pour Aïda, une femme devenue paraplégique après avoir été défénestrée. 

Article rédigé par franceinfo - Édité par Thomas Pontillon
Radio France
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Temps de lecture : 3min
Anne Bouillon lors d'un procès en 2012 à Nantes.  (MARC ROGER / MAXPPP)

L'indemnisation totale d'Aïda*, paraplégique depuis qu'elle a été défenestrée par son conjoint en 2013 au Mans, a été saluée mercredi 20 mars par l'avocate de la Fédération Nationale Solidarité Femmes (FNSF), Anne Bouillon, se dit "surprise et soulagée". Après six ans de procédure judiciaire, et alors que la justice reprochait à Aïda d'être rentrée chez elle le soir de son agression par son compagnon, le parquet d'Angers réclame désormais l'indemnisation complète de la jeune femme. L'audience en appel doit se tenir le 27 mai.

franceinfo : Quelle est votre réaction à cette décision du parquet ?

Anne Bouillon : Je suis surprise et soulagée pour cette femme. Ce qui me surprenait surtout, c'était la position du fonds de garantie qui était intenable et qui révèle surtout une grave méconnaissance des mécanismes de violences conjugales. Je salue la mobilisation médiatique autour de cette situation parce que sans celle-là, je ne suis pas certaine que le fonds de garantie aurait changé son fusil d'épaule. Systématiquement, il cherche à savoir si la victime de violences conjugales n'a pas une part de responsabilité qui lui est arrivée. Alors, certes, dans les dossiers que j'ai eu à connaître, le fonds de garantie n'a jamais tenu jusqu'au bout cette position et je pense que la situation d'Aïda, heureusement, est un cas isolé. Mais nous devons systématiquement faire face à ce climat de suspicion des victimes.

Quelle différence avec les dossiers que vous avez eu à connaître ?

Je ne connais pas précisément ce cas-là, mais je pense que le fait qu'elle soit retournée chez elle après un épisode de violence a été un prétexte dont s'est saisi le fonds de garantie. Son boulot c'est quand même de payer le moins possible aux victimes quelles qu'elles soient. Il cherche donc à minimiser les indemnisations qu'il peut accorder.

Cette décision pourrait encourager d'autres victimes à porter l'affaire en justice ?

En tout cas, le mouvement #MeToo et le fait que l'on se mobilise autour de ces questions sur les violences faites aux femmes, encourage nécessairement les victimes à aller déposer plainte. Mais déposent-elles d'avantage plainte ou sont-elles d'avantage entendues ? Ma salle d'attente a toujours été pleine de femmes victimes de violences et ça n'a pas changé... Maintenant, j'ai l'impression que les mentalités commencent à changer et qu'on prête davantage attention à la parole des femmes et à ce qu'elles peuvent dénoncer subir au quotidien. En cela, la situation d'Aïda apporte sa pierre à l'édifice... mais il y a encore du boulot !

*Le prénom a été modifié

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