Cet article date de plus de douze ans.

Guéant explique pourquoi Sarkozy a changé d'avis sur le droit de vote des étrangers ?

La discussion sur la proposition de loi socialiste donnant aux étrangers hors-UE le droit de vote aux municipales s'ouvre jeudi 8 décembre au Sénat. La droite s'y oppose. Nicolas Sarkozy, un temps favorable à ce droit, a depuis changé d'avis.
Article rédigé par Catherine Rougerie
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Claude Guéant dans un centre de réfugiés (25 novembre 2011) (AFP)

La discussion sur la proposition de loi socialiste donnant aux étrangers hors-UE le droit de vote aux municipales s'ouvre jeudi 8 décembre au Sénat. La droite s'y oppose. Nicolas Sarkozy, un temps favorable à ce droit, a depuis changé d'avis.

C'est jeudi que le Sénat se penche sur le droit de vote des étrangers non communautaires aux élections locales. Le texte présenté par les socialistes n'a aucune chance d'être adopté pendant cette législature. L'Assemblée nationale a le dernier mot. Or la droite y est majoritaire

A moins de cinq mois de la présidentielle, le sujet s'invite dans la campagne et ravive les oppositions.

D'un côté, la gauche met en avant des valeurs de démocratie. De l'autre, la majorité s'y oppose au nom du refus du communautarisme. "Ce droit de vote des étrangers ouvre la voie au communautarisme", a soutenu Claude Guéant, ministre de l'Intérieur, jeudi matin sur France 2.

"Rendre leur dignité aux étrangers non communautaires"

Pour présenter cette proposition de loi que le PS défend depuis des années, le nouveau président socialiste du Sénat, Jean-Pierre Bel, présidera la séance où la gauche sénatoriale entend bien se présenter unie.

"Nous voulons rendre leur dignité aux étrangers non communautaires qui vivent avec nous, à travers le droit de vote. C'est une question de justice", a lancé le chef de file des sénateurs PS François Rebsamen accusant au passage l'UMP de "draguer les voix du Front national".

A droite, on repousse l'argument et on contre-attaque. Les propos du chef de l'Etat - il ne fut pas toujours opposé à une telle idée - n'y sont sans doute pas pour rien.

François Fillon et Claude Guéant montent au créneau

Fait rare dans la vie parlementaire, François Fillon viendra lui-même dans l'hémicycle du Sénat. Le premier ministre devrait être accompagné du garde des Sceaux, Michel Mercier, et du ministre de l'Intérieur, Claude Guéant.

Ce dernier a d'ailleurs donné le ton dès le début de la journée. Invité des "4 Vérités" sur France 2, ce proche du chef de l'Etat a expliqué le revirement de Nicolas Sarkozy par son élection à la fonction suprême.

"Le président de la République a effectivement écrit un livre en 2001... c'était à l'époque une personnalité libre. Il y exposait son point de vue personnel, affectif. Il n'est plus libre aujourd'hui. Il est président de la République. Il est comptable de l'avenir de notre pays, de l'avenir de la société. Il est soucieux de ne pas diviser, de ne pas créer des problèmes supplémentaires", a soutenu M. Guéant.

"Il y aura une sorte de lobby communautaire ou communautariste"

"Quelles sont les dangers de cette affaire", a enchaîné le ministre ? "D'abord, la citoyenneté chez nous, c'est associé depuis des siècles à la nationalité. On n'est pas citoyen parce qu'on habite en France. On est citoyen parce qu'on participe à une communauté de destin", a-t-il indiqué.

"Deuxièmement, la France offre une politique intégration... et au bout du parcours, il y a la naturalisation", a poursuivi M. Guéant avant de déclarer : "on voit pas très bien pourquoi on donnerait le droit de vote à des gens qui ne veulent pas aller jusqu'à la naturalisation, c'est-à-dire jusqu'à endosser une communauté de destins avec nous".

Dernier argument avancé la ministre, l'ouverture "au communautarisme". "Il est clair que, en effet, s'il y a des conseillers municipaux étrangers qui sont élus, il y aura une sorte de lobby communautaire ou communautarisme et cela risque de porter atteinte à nos grands principes républicains", a conclu M. Guéant.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.