Permis de conduire dématérialisés : avec les bugs en série, les auto-écoles et les élèves doivent s'armer de patience
Dans le Val-d'Oise, les retards s'accumulent et certains apprentis conducteurs sont même contraints de rouler sans permis.
Le permis dématérialisé était censés être un progrès : éviter d'avoir à se déplacer en préfecture. Désormais, depuis novembre 2017, c'est l'Agence nationale des titres sécurisés (ANTS) qui fournit les permis de conduire et les cartes grises.
Mais, depuis le lancement du site internet, dans le cadre du plan préfectures, nouvelle génération, les bugs sont légions. Les apprentis conducteurs sont souvent obligés d'attendre plusieurs semaines, voire plusieurs mois, avant d'obtenir le précieux permis B. Exemple dans le Val-d'Oise qui était pourtant un département pilote : le permis dématérialisé y était testé depuis le printemps 2017.
Ambre espérait avoir sa conduite accompagnée avant l'été 2018. Or, depuis octobre, elle n'arrive même pas à s'inscrire au code par internet : en cette première quinzaine de janvier, son dossier est toujours en attente de validation par l'ANTS.
"On doit s'inscrire et ils doivent valider notre dossier, sans ça on ne peut pas avancer", explique l'adolescente de 16 ans.
Je continue de travailler mon code pour ne pas perdre mes bases, mais ça devient long.
Ambre, 16 ans, apprentie conductrice
Pour lui faciliter les démarches, c'est l'auto-école d'Ambre, à Franconville, qui lui a ouvert son dossier. "Hier, je n'ai pas réussi à me connecter de la journée sur le site, raconte Barbara Grelu, en charge d'accueillir les élèves au sein de l'auto-école. Ce matin j'ai essayé, mais ça n'a pas l'air de fonctionner. Je vais réessayer dans la journée... Il faut que j'attende moi aussi."
La situation dure depuis une dizaine de mois
Au printemps 2017, le Val-d'Oise avait pourtant fait partie des cinq départements pilotes pour passer à la dématérialisation du permis. Les bugs sont survenus dès le départ. Barbara a une vingtaine de dossiers en souffrance "depuis plusieurs mois".
Il y a beaucoup de problèmes de maintenance ou d'incohérence sur le site. Du coup, il faut être patient.
Barbara Grelu, salariée d'auto-école
"J'essaie de prévenir les élèves, explique Barbara Grelu, de leur dire en temps et en heure ce qu'il faut faire, mais après il y a aussi des nouveaux motifs de refus, on ne sait pas pourquoi. Du coup, on essaie de s'adapter au mieux."
40 à 50% des élèves-conducteurs concernés
Ces problèmes concernent aussi bien les inscriptions au code que la délivrance des nouveaux permis. "On a découvert que c'était un système à plusieurs tiroirs : l'usager – seul ou représenté par une auto-école –, l'ANTS et les titres définitifs qui sont fabriqués par l'Imprimerie nationale, indique Éric Gordon, gérant de l'auto-école Cermat de Franconville et responsable du Conseil national des professions de l'automobile (CNPA) dans le Val-d'Oise. Cela représente entre 40 et 50% des élèves à peu près."
Certains conducteurs roulent donc avec un permis qui n'est plus valable, ce qui peut poser, entre autres, des problèmes d'assurance : "On s'est retrouvé dans des situations où on n'avait pas le droit de donner des leçons à des élèves !", poursuit le gérant.
On s'est retrouvé avec des dossiers avec des personnes avec des permis provisoires de quatre mois, mais qui au bout de quatre mois n'ont toujours pas obtenu leur vrai titre. Théoriquement, ils ne peuvent plus conduire.
Éric Gordon, gérant d'auto-école
"La seule réponse de qu'on a eu un jour, c'est que pour ANTS, ils n'avaient que trois ingénieurs", raconte-t-il encore. Malgré les sollicitations de France Bleu Paris, l'ANTS n'a pas souhaité répondre aux questions.
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