Paris-Roubaix : favoris, chicane d’Arenberg, boue… Les clés de la course masculine

Tenant du titre, Mathieu van der Poel sera le grand favori à sa propre succession. Mais, dans l’Enfer du Nord, les choses se passent rarement comme prévu.
Article rédigé par Adrien Hémard Dohain - Envoyé spécial
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 7min
Mathieu van der Poel en reconnaissance sur les pavés du Nord, près d'Haveluy, le 5 avril 2024. (AFP)

Chaque année, c’est le même refrain : le printemps revient, et avec lui la semaine sainte. Pas celle de Pâques, non, mais celle qui voit, en sept jours, se suivre deux Monuments du cyclisme : le Tour des Flandres et ses monts cabrés d’abord, puis, dans la foulée, Paris-Roubaix et ses pavés inhospitaliers. Deux courses centenaires depuis longtemps, mais qui ne prennent pas une ride. Cette année encore, un vent de fraîcheur souffle sur l'Enfer du Nord, pour sa 121e édition, dimanche 7 avril.

Avec 259,7 km au menu, dont 55,7 km de pavés - un record depuis trente ans -,  répartis en 29 secteurs, l'édition 2024 de Paris-Roubaix s'élance avec un grand favori (Mathieu van der Poel), une meute d'outsiders qui, en l'absence de Wout van Aert, ne veulent pas rater leur chance, mais aussi des conditions délicates et un contexte de polémique autour de la sécurité des coureurs. Autant d'ingrédients qui rendent cette 121e édition, à suivre sur France 3 et france.tv, encore plus alléchante.

Van der Poel, un arc-en-ciel sur son nuage

Tenant du titre, Mathieu van der Poel (Alpecin-Deceuninck) entend bien conserver sa couronne de roi du Nord, sur la ligne d'arrivée du vélodrome de Roubaix. A 29 ans, le Néerlandais semble avoir atteint sa plénitude. Toujours doté d'un coup de rein dévastateur pour les mollets adverses, "MVDP" a aussi étoffé son registre tactique en course, tout en faisant d'avantage preuve de sang-froid. Une évolution qui en fait l'épouvantail du peloton, au départ de Compiègne, dimanche. D'autant plus que le petit-fils de Poulidor vient de remporter son troisième Tour des Flandres en quatre ans.

En cas de nouveau sacre à Roubaix, une semaine plus tard, il deviendrait le premier coureur à empocher ces deux Monuments coup sur coup depuis Fabian Cancellara en 2013. Il lui faudra pour cela devenir le premier à conserver son titre à Roubaix depuis une autre légende des pavés : Tom Boonen, vainqueur en 2008 et 2009. Avec le dossard un de tenant du titre et, surtout, son maillot irisé de champion du monde sur le dos, Mathieu van der Poel sera donc le coureur à battre sur cet Enfer du Nord qui a sacré douze hommes différents sur ses douze dernières éditions. Preuve que, à Roubaix plus qu'ailleurs, l'inattendu est une habitude.

Pedersen, Laporte et la meute d'ambitieux

La victoire surprise d'Alison Jackson sur l'édition féminine de 2023, ou celle de l'Australien Mathew Hayman en 2016 chez les hommes sont là pour le rappeler : au départ de Paris-Roubaix, tout peut se passer. Chutes, crevaisons, abandons... En fonction des conditions météorologiques, et du scénario de la course, sans oublier le brin de réussite nécessaire (comme pour Van der Poel l'an passé, avec la crevaison de van Aert...), un outsider esseulé ou un rescapé de l'échappée matinale peut tirer son épingle du jeu. Pour cette édition 2024, derrière le grand favori, le nom qui revient le plus reste celui de Mads Pedersen (Lidl-Trek).

Et pour cause : la Danois - qui adore les conditions dantesques -  a battu Mathieu van der Poel sur Gand-Wevelgem. Mais il a depuis chuté sur A Travers la Flandre, avant de subir la loi du Néerlandais, dimanche 31 mars, sur le Tour des Flandres. En l'absence de Wout van Aert et de l'Américain Matteo Jorgenson, la formation néerlandaise Visma-Lease a bike comptera sur Dylan van Baarle (vainqueur à Roubaix en 2022), et Christophe Laporte, principale cartouche tricolore. Autres outsiders attendus : Nils Politt (UAE), Kasper Asgreen (Soudal Quick-Step) et ses lieutenants (Yves Lampaert, Tim Merlier, Gianni Moscon...), sans oublier Stefan Küng (Groupama-FDJ).

La "chicane d’Arenberg" et un peloton traumatisé

Il n'est pas là, mais son nom est sur toutes les lèvres. Victime d'une chute lors d'A Travers la Flandre, Wout van Aert ne remportera pas son premier Paris-Roubaix cette année. Comme beaucoup (trop) de coureurs ces derniers jours, le Belge a été pris dans une chute violente au sein d'un peloton traumatisé par les incidents à répétition, aux causes multiples, dont les derniers en date ont touché les favoris du Tour de France. Une succession d'incidents qui secoue le monde du vélo, et qui a poussé la direction de course de Paris-Roubaix à agir, en prévention, en attendant des mesures plus globales.

C'est dans ce contexte pesant que l'organisation a décidé de modifier l'entrée sur la mythique trouée d'Arenberg, à 95 km de l'arrivée, jusqu'ici abordée en ligne droite à 60 km/h par le peloton. Pour réduire les risques de chute sur ce secteur pavé particulièrement délicat, une chicane a été tracée cette semaine, afin que le peloton arrive à 25-30 km/h sur l'entrée de la trouée de 2 300 mètres de long. Prise dans l'intérêt des coureurs, cette décision a toutefois fait réagir le peloton, à l'image de Mathieu van der Poel. "La chicane rend la course encore plus dangereuse", a estimé le champion du monde. 

 Des conditions météos particulières 

Chaque année, à l'approche de Paris-Roubaix, une question revient sans cesse chez les amoureux de cyclisme : "Alors, on aura de la boue ?". Car l'Enfer du Nord ne porte jamais aussi bien son nom que lorsque la météo s'invite à la fête en détrempant la chaussée et en recouvrant les coureurs d'une épaisse couche de boue, sortie des pavés. Les images de 2021, avec des coureurs difficilement reconnaissables à l'arrivée, restent dans toutes les têtes. Mais, alors, aura-t-on de la boue cette année ? 

Les reconnaissances des derniers jours ont permis de se rendre compte que les secteurs pavés, dans l'ensemble, sont effectivement glissants, humides et légèrement boueux à l'approche de la course. D'autant plus que la pluie était attendue dans la nuit de samedi à dimanche, et qu'avant le passage des hommes dimanche, ces routes ont été empruntées par 6 000 amateurs, les courses féminines, juniors et espoirs. De quoi dégrader encore un peu plus ces chaussées déjà difficiles à apprivoiser. Mais les conditions pourraient être plus clémentes que prévues, puisque le thermomètre a grimpé en flèche samedi, pour la course féminine (24 degrés), avec de fortes rafales de vent. En résumé : la pluie devrait épargner le peloton, mais pas forcément la boue ni le vent.

Horaires

10h50 : début de la diffusion intégrale sur france.tv et France 3
11h10 : départ de Compiègne
15h00 : passage à la Trouée d'Arenberg
16h20 : passage au carrefour de l'Arbre
16h45 : arrivée estimée

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