France-Israël : plus de 4 000 policiers, un double périmètre, des fouilles drastiques… Le point sur le dispositif de sécurité mis en place pour le match des Bleus

La rencontre de Ligue des nations entre la France et Israël, jeudi au Stade de France, est placée sous très haute surveillance après les événements survenus la semaine dernière à Amsterdam. L'Etat hébreu a conseillé à ses ressortissants de ne pas y assister.
Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Des forces de l'ordre en faction aux abords du Stade de France, à Saint-Denis, en Seine-Saint-Denis, le 8 septembre 2024. (MOHAMAD SALAHELDIN ABDELG ALSAYE / ANADOLU / AFP)

Une rencontre sous très haute tension. Le match de football France-Israël comptant pour la Ligue des nations, jeudi 14 novembre, au Stade de France, va bénéficier d'un imposant dispositif de sécurité, en raison d'un contexte tendu. La banderole de soutien à la Palestine déployée au Parc des princes mercredi, lors du match de Ligue des champions entre le PSG et l'Atlético de Madrid, et les récents événements lors de la rencontre entre l'Ajax Amsterdam et le Maccabi Tel-Aviv, aux Pays-Bas, où des chants violents contre la communauté arabe et des violences envers les supporters israéliens ont été constatés, incitent les autorités françaises à la prudence et à l'anticipation d'éventuels débordements. Franceinfo vous résume ce que l'on sait du dispositif pour ce match qui se déroule sur fond de guerre menée par Israël dans la bande de Gaza et au Liban.

Plus de 4 000 policiers et gendarmes mobilisés

Le dispositif pour cette rencontre va être "extrêmement renforcé" et "très inhabituel", a promis, dimanche, le préfet de police de Paris, Laurent Nuñez, sur BFTMTV. "On aura en tout 4 000 personnes sur le dispositif", a-t-il déclaré. Dans le détail, 2 500 policiers et gendarmes seront autour du stade et 1 500 dans les rues de la capitale et les transports. "Il faut être présent dans le centre de Paris" car "il peut y avoir des incidents partout", a-t-il prévenu.

En comparaison, lors de la finale de la Ligue des champions 2022 entre le Real Madrid et Liverpool qui avait été émaillée par des incidents qui avaient retardé le début du match, près de 6 800 membres des forces de l'ordre avaient été mobilisés, rappelle Le Monde. "Il y aura aussi 1 600 agents de sécurité engagés par la FFF, là où en moyenne c’est 1 200 ou 1 300 pour les matchs de la France dans un stade à guichets fermés", a ajouté Laurent Nuñez.

Des chiffres donc largement au-dessus de la normale puisque, selon Driss Aït Youssef, docteur en droit public, spécialiste des questions de sécurité, un match international mobilise habituellement entre "1 500 et 2 000" membres des forces de l’ordre. "Ça dépend effectivement de la configuration du match et de la nature des supporters attendus. Effectivement, on est sur un dispositif qui est un dispositif important", a expliqué l’expert sur franceinfo.

Seulement 20 000 spectateurs attendus

Ce dispositif sécuritaire est d'autant plus important que les 80 000 places du Stade de France ne seront pas toutes occupées, puisque seulement 20 000 personnes sont attendues jeudi, selon la Fédération française de football (FFF), qui a précisé que la billetterie était encore ouverte. Les places ont été mises en vente tardivement du fait de l’incertitude de la tenue de la rencontre au Stade de France à huis clos ou en public. Ce sera la plus faible affluence pour un match des Bleus dans cette enceinte. En comparaison, le dernier match entre les deux équipes, le 4 septembre 2004, à l’occasion d’un match éliminatoire pour la Coupe du monde 2006, avait attiré 43 527 spectateurs.

Cette faible affluence n'est pas le fait des pouvoirs publics, qui n'ont pas demandé de jauge, mais contraint l'enceinte à fermer tout son troisième étage. Les places les plus proches de la pelouse devraient également être condamnées pour éviter les intrusions de supporters sur le terrain. Le parcage pour les supporters visiteurs, qui comprend 3 000 places, sera ouvert, mais ne devrait pas faire le plein puisque "moins de 200 supporters israéliens venus de France et non d’Israël sont attendus", précise Ouest France.

"On annonce une centaine de supporters israéliens, mais qui ne sont pas dans la même veine que les 'ultras' qu'on a pu voir dans les rues d'Amsterdam", avance à franceinfo Joseph Delage, pilier des Irrésistibles Français. "Les supporters de clubs ne sont pas les mêmes que ceux des nations", développe-t-il. Preuve supplémentaire du désintérêt du public pour ce match, le groupe de supporters officiels des Bleus devrait compter à peine plus de 200 membres sur les 2 500 au total. "On a une commande de 220 billets, c'est ridicule par rapport aux autres matchs, habituellement notre fourchette basse est comprise entre 1 000 et 1 200 personnes", assure Joseph Delage.

Un double périmètre de sécurité

Pour encadrer l'arrivée au stade des supporters, deux périmètres de sécurité vont être mis en place aux abords de l'enceinte : un premier rideau devant lequel les spectateurs devront présenter leur place nominative et leur pièce d'identité, puis un deuxième, à proximité immédiate du stade. Pour les deux passages, il y aura "à chaque fois contrôle d’identité, fouille, palpation", a promis Laurent Nuñez. Des dispositions pas forcément nouvelles, selon Joseph Delage, qui se souvient d'un tel double périmètre lors du premier match post-attentats du 13 novembre 2015 au Stade de France, contre la Russie, en mars 2016.

Concernant les billets, qui sont donc strictement nominatifs, "la deadline pour la modification des bénéficiaires et le transfert des billets est fixée au jour du match, le 14/11 à 12 heures. Après 12 heures, il ne sera plus possible de changer les noms ni de transférer", a précisé la préfecture, dimanche. Echaudées par l'épisode de la banderole au Parc des princes, les autorités ont également interdit les drapeaux palestiniens. Seuls les drapeaux français et israéliens seront acceptés. "Les sacs à dos seront interdits, comme tous les contenants avec du liquide comme les bouteilles, les gourdes…", ajoute Le Parisien. Enfin, la vidéosurveillance algorithmique, expérimentée lors des Jeux olympiques, et que Michel Barnier veut généraliser, sera aussi utilisée.

Une délégation israélienne sous haute surveillance

Avant la rencontre, les autorités israéliennes ont appelé dimanche les supporters à éviter de s'y rendre. "Le Conseil de sécurité nationale recommande aux Israéliens à l'étranger d'agir en prenant des précautions (...) notamment pendant la semaine à venir, d'éviter totalement de se rendre à des rencontres sportives et événements culturels auxquels participent des Israéliens, surtout au prochain match de l'équipe d'Israël à Paris", a expliqué cet organisme qui dépend du bureau du Premier ministre.

On ignore encore si des supporters ont prévu le déplacement depuis le Proche-Orient. Contactée, l'ambassade d'Israël a confirmé qu'un certain nombre ferait le déplacement, sans donner de chiffre précis, assure Le Parisien. La sécurité de l'équipe d'Israël a été confiée au Raid, a précisé Laurent Nuñez. "Les footballeurs et les supporters israéliens sont les bienvenus à Paris", a tout de même rappelé le ministre chargé de l'Europe, Benjamin Haddad, sur CNews et Europe 1.

Emmanuel Macron et Michel Barnier présents dans les tribunes

La tenue de cette rencontre est "une question de principe", a fait savoir le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau. La France insoumise en a demandé l'annulation en raison des risques d'"un trouble très fort", selon Mathilde Panot, la cheffe du groupe à l'Assemblée, ou pour protester contre "la politique du gouvernement israélien" et la guerre à Gaza, d'après le député Louis Boyard. 

Preuve de la volonté de montrer que ce match est important d'un point de vue politique et diplomatique, Emmanuel Macron sera présent en tribune. Le chef de l'Etat entend ainsi envoyer "un message de fraternité et de solidarité après les actes antisémites intolérables qui ont suivi le match à Amsterdam", a appris franceinfo auprès de l’entourage du président. A ses côtés seront présents le Premier ministre, Michel Barnier, mais aussi le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, et le préfet de police de Paris, Laurent Nuñez, a appris franceinfo.

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