Une Coupe du monde de foot à 48 équipes, ça va changer quoi ?
Le premier Mondial de football à 48 équipes aura lieu en 2026. Les équipes seront réparties en 16 groupes de trois équipes avant d'entamer les rencontres à élimination directe dès les seizièmes de finale.
Plus de matchs pour plus de spectacle... ou plus de bénéfices ? La Fifa a adopté "à l'unanimité" la réforme, mardi 10 janvier à Zurich. De 32 équipes et 64 matchs actuellement, le Mondial de football passera à 48 équipes pour 80 rencontres en 2026. Avec un autre changement notable : le passage d'une phase de poules à trois équipes contre quatre actuellement. Certains reprochent à cette petite révolution de ne rechercher que de nouveaux bénéfices. Franceinfo liste les cinq principaux changements que provoque cette réforme.
Plus de petites équipes participeront au Mondial
C'est l'argument utilisé par Gianni Infantino, le président de la Fifa. Selon lui, le passage à 48 équipes va permettre "à plus de pays de rêver", en leur donnant l'espoir de se qualifier. L'équipe d'Islande a montré l'exemple, elle qui avait créé la surprise en réussissant à atteindre les quarts de finale de l'Euro 2016 organisé en France. Les Vikings islandais avaient en effet profité de l'augmentation du nombre d'équipes sélectionnées pendant l'Euro à 24 nations, contre 16 lors des éditions précédentes. L'Islande n'est pas la seule nation à lorgner sur une entrée dans la plus prestigieuse des compétitions. L'Ecosse, qui avait échoué à se qualifier pour la Coupe du monde 2014, espère, elle aussi, profiter de cette décision.
Nous croyons que c'est un pas positif, surtout pour les petites nations.
Stewart Regan, directeur de la Fédération écossaise de footballà la BBC
Manque encore une précision de taille : la Fifa n'a rien dit de la question cruciale de la répartition des places supplémentaires entre chaque confédération. Même si selon certaines sources, l'Asie pourrait qualifier jusqu'à neuf équipes, contre cinq aujourd'hui.
Cela confirmerait la place de plus en plus grande que prennent les nations du continent le plus peuplé dans le football. La Chine, notamment, nouvel investisseur majeur du foot mondial, rachète à prix d'or les contrats des gloires vieillissantes des clubs européens et sud-américains pour les faire jouer dans son championnat. L'Europe obtiendrait, quant à elle, jusqu'à 16 places (contre 13 aujourd'hui) et l'Afrique jusqu'à 9 (contre 5 actuellement).
Fifa members close to consensus on distribution of new World Cup places - final decision on that likely in May pic.twitter.com/h4MhRpIpQZ
— Martyn Ziegler (@martynziegler) 10 janvier 2017
"Les membres de la Fifa sont proches d'un accord concernant la distribution des nouvelles places à la Coupe du monde. Décision finale prévue en mai."
Plus de matchs couperets, donc plus de spectacle
Concrètement, les 48 équipes se répartiront en 16 groupes de trois lors de la phase de poules. Chaque nation devra jouer donc deux matchs pour se qualifier, contre trois actuellement, en seizièmes de finale et non plus en huitièmes. Il faudra donc désormais remporter cinq matchs à élimination directe pour gagner le titre.
Ces modifications rendront les matchs plus décisifs, donc a priori plus spectaculaires, puisqu'en phase de poules la perte d'une rencontre sera très risquée, et qu'en phase finale, ce sera l'élimination immédiate. Autant dire qu'il faudra jouer la victoire à tout prix, et donc marquer des buts, pour espérer aller loin dans le tournoi.
Plus de revenus pour la Fifa et les pays organisateurs
Pour autant, la recherche du beau jeu n'est peut-être pas être le premier objectif des dirigeants de la Fifa. Selon un rapport confidentiel destiné aux membres du Conseil de la Fifa, mais rendu public quelques jours avant le vote, un Mondial à 48 assurerait une hausse conséquente des revenus. Le gain financier s'élèverait à 640 millions de dollars, soit 605 millions d'euros supplémentaires, par rapport aux prévisions du Mondial-2018 en Russie à 32 équipes.
L'augmentation du nombre de rencontres est synonyme de davantage de retransmissions télévisées. Les revenus des droits TV progresseraient de 478 millions d'euros et ceux du marketing de 350 millions d'euros, selon cette même étude. Et pour que les coûts d'organisation ne s'envolent pas, la compétition se disputera toujours sur 32 jours et dans 12 stades, comme en Russie en 2018.
Vers un niveau de compétition plus faible
Des équipes peu habituées aux compétitions internationales pourront espérer se qualifier pour les phases de poules du Mondial 2026. C'est d'ailleurs un des reproches faits à la présence de nouvelles équipes : la baisse du niveau général de la compétition. Une remarque déjà portée lors de l'Euro 2016. La presse s'était empressée de rappeler qu'à l'Euro 2000, l'un des plus relevés de l'histoire, alors à 16 équipes, ces "petites équipes" n'auraient jamais pu se qualifier.
Globalement, cet #EURO2016 est un niveau quelconque voire faible. L'intérêt d'être passé à 24 équipes est tout sauf sportif...
— Team224 An 5 (@LaTeam224) 22 juin 2016
Des favoris plus fatigués
La différence de fatigue entre les joueurs est un autre reproche fait à l'arrivée des petites équipes dans la compétition. Peu sollicités dans des championnats moins exigeants physiquement, les joueurs des "petites équipes" profiteraient d'une forme olympique à leur entrée dans le tournoi. Les joueurs des grands championnats, très représentés dans les nations favorites, auraient alors une fatigue préjudiciable à leur succès pendant le Mondial. L'Angleterre avait par exemple pu en faire les frais contre l'Islande au cours de l'Euro 2016.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.