France-Ecosse : un enthousiasme communicatif, des cadres au rendez-vous, des trous d'air... Ce que l'on a aimé et moins aimé du succès sur le fil des Bleus
Battue il y a une semaine à Edimbourg, la France a pris sa revanche, samedi 12 août, en venant à bout de l'Ecosse (30-27). L'accroc est raccommodé mais les points de couture ont semblé, parfois, fragiles. Tantôt euphoriques, tantôt apathiques, les hommes de Fabien Galthié sont clairement encore en phase de rodage. Il reste moins d'un mois avant le début de la Coupe du monde pour que les troupes soient en parfait ordre de bataille.
On a aimé
Une charnière et un piston qui coulissent de concert
Au début ça grinçait un petit peu. Romain Ntamack ne pesait pas et Antoine Dupont balançait un coup de pied directement en touche. Puis la fluidité est revenue, bien aidée par le piston Charles Ollivon. Facilitateur de jeu, le troisième ligne a mis de l'huile partout dans les rouages bleus, et le feu dans la défense écossaise. Auteur de montées rageuses en défense, il a également été à la conclusion du 3e essai tricolore. Son 13e en sélection, un total dont pourraient se satisfaire pas mal d'ailiers. C'est aussi grâce à son activité que la charnière Dupont-Ntamack a pu retrouver ses automatismes. Après, la classe naturelle des deux compères a fait le reste, entre relances, combinaisons et passes sautées. Vu comme ça, c'est facile le rugby finalement.
Saint-Etienne n'est pas qu'une terre de foot
Alors que des supporters des Verts s'étaient tristement signalés plus tôt dans l'après-midi, le peuple forézien a rappelé qu'il pouvait, aussi, être un public extraordinaire. Le Chaudron aura réservé, tout au long du match, un soutien inconditionnel aux Bleus, multipliant les Marseillaises et poussant comme un seizième homme. En ébullition mais sans jamais déborder.
L'Ecosse, mieux qu'un sparring partner
On dit souvent des Ecossais qu'ils sont des "baby Blacks", surtout en raison de leur volonté de toujours faire vivre le ballon. Le Chardon n'a pas dérogé à sa réputation en imprimant un rythme asphyxiant, renforcé par la touffeur moite de l'air forézien. Parfait pour ces Bleus qui, dans 27 jours exactement, ouvriront "leur" Coupe du monde face aux Néo-Zélandais. Un galop d'essai idéal qui aura prouvé que les hommes de Galthié, pourtant en retard d'un mois dans leur préparation face à leurs adversaires du soir, sont prêts à encaisser les uppercuts sans défaillir. Le tout étant évidemment de ne pas faire que subir face au poids lourd All Black.
La voie de la sagesse
Pénalisé à 14 reprises lors du premier affrontement à Murrayfield, le XV de France a mis de l'eau dans son vin en concédant moitié moins de fautes. Une gageure face à un adversaire aussi joueur (211 passes pour l'Ecosse contre 89 pour les Bleus). Une discipline retrouvée, et bienvenue, qui prouve que, même sous la pression, les Tricolores savent garder leurs nerfs. Cette qualité leur sera bien utile dans les semaines à venir.
On n'a pas aimé
Des trous d'air béants qui interpellent
Déjà à la ramasse en seconde période la semaine passée à Edimbourg, la France a replongé. Alors que le retour des vestiaires n'augurait rien de tel, avec deux essais comme à la parade et une orgie de jeu, les Bleus se sont soudain éteints. Plus de son, plus d'images. En pleine préparation physique en vue d'atteindre leur rendement maximal quand les choses compteront vraiment, ils ont parfois semblé cuits physiquement. Et quand le corps ne suit pas, les erreurs s'accumulent : 14 ballons perdus, un total abyssal à ce niveau. Des scories qui ne pardonneront pas face aux Blacks.
Un XV pas assez possessif
Posséder n'est pas gagner (dans le même temps, sur un terrain de football, le PSG de Luis Enrique l'apprenait à ses dépens), mais un peu plus de mainmise sur le ballon aiderait sûrement à s'éviter quelques sueurs froides en fin de match. Face au Chardon, les Bleus ont eu trop tendance à laisser le cuir à l'adversaire (60%), comme s'il piquait. Avec des gratteurs tels que Gregory Alldritt et des flèches comme Damian Penaud, encore étourdissant, les talents au contre des Tricolores peuvent souvent suffire mais les hommes de Galthié auraient tout intérêt à mieux contrôler le jeu. Pour se diversifier et empêcher les coordinateurs défensifs de leurs futurs opposants d'avoir un coup d'avance.
L'absence de l'ogre Hogg
Il est à peine parti que, déjà, il y a comme un vide. Comme souvent sur le terrain, Stuart Hogg a pris tout le monde à contrepied en annonçant, il y a quelques semaines, sa retraite immédiate des terrains. À un degré à peine moindre, ce départ correspond à la déchirure provoquée par les départs de Jonny Wilkinson de la sélection anglaise ou de Brian O'Driscoll du XV d'Irlande. Avec son appétit inextinguible de ballons, sa soif de relances, Hogg était un boulimique comme on n'en voit presque plus. Un numéro 15 à l'ancienne. Ce samedi soir, il a manqué à l'équipe d'Ecosse. Et à nous aussi.
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