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Toulouse : le suspect était "repéré mais rien n'indiquait qu'il pouvait ainsi passer à l'acte"

Dans un entretien à FTVi, Louis Caprioli, ancien sous-directeur de la DST et spécialiste des réseaux islamistes, revient sur le profil du suspect, "très certainement converti au salafisme".

Article rédigé par Hervé Brusini - Propos recueillis par
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Les forces de l'ordre massées à proximité du petit immeuble toulousain, mercredi 21 mars, où le suspect des tueries de Toulouse et Montauban est retranché. (LAURENT THEILLET THEILLET LAURENT / MAXPPP)
Louis Caprioli a été, de 1998 à 2004, le sous-directeur chargé de la lutte contre le terrorisme à la Direction de la surveillance du territoire (DST), devenue aujourd'hui Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI). Spécialiste des réseaux islamistes en Afrique du Nord et en Europe, il est aujourd'hui conseiller spécial chez GEOS, société de sécurité privée. FTVi l'a interrogé sur le profil du suspect principal des tueries de Montauban et Toulouse dont l'interpellation était en cours à Toulouse dans la matinée du mercredi 21 mars.

FTVi : Ce jeune Français d'origine maghrébine se réclame de la mouvance d'Al-Qaïda et aurait participé au Jihad, la "guerre sainte", au Pakistan et en Afghanistan. Est-il surprenant à vos yeux ?

Louis Caprioli : Pas du tout. L'essentiel est le séjour qu'il a fait dans les zones tribales pakistanaises. C'est le lieu où il s'est très certainement converti au salafisme, et donc à la haine de l'Occident. Nous connaissons bien ce type de profil de jeunes délinquants qui se radicalisent. Ils peuvent entrer dans une forme de discours et d'action violente avec une cohérence toute relative. Ils se nourrissent d'un peu tout : la présence française en Afghanistan, au Sahel, le vote contre la burka.....Dans les dix dernières années, plusieurs individus de ce genre ont été arrêtés. 

FTVi : Ces Français que l'on surnomme les "Pakistanais" ou les "Afghans" sont-ils nombreux à faire ce voyage ?

L. C. : Leur nombre est réduit. Ils ne sont que quelques dizaines. On n'est plus aujourd'hui dans les vagues d'il y a quinze ou vingt ans. Le filet de sécurité s'est resserré sur eux. Pour autant, il existe des individus qui continuent à se convertir au salafisme et à basculer dans la violence.

FTVi : Les services secrets pistent donc ces individus ?

L. C. : Effectivement. C'est le cas, semble-t-il, pour le suspect de Toulouse. Il était fiché, repéré mais rien n'indiquait qu'il pouvait ainsi passer à l'acte. Et c'est bien toute la difficulté dans le suivi de ces gens qui peuvent à tout moment devenir extrêmement dangereux.

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