Toulouse : 3h10, déploiement de forces dans le quartier de la Côte Pavée
Un homme de 24 ans se revendiquant d'Al-Qaïda est retranché dans un pavillon et ne détient apparemment pas d'otage. Deux policiers ont été blessés mais pas gravement.
Une opération du Raid, l'unité d'élite de la police nationale, est en cours mercredi 21 mars dans le quartier de la Côte Pavée à Toulouse pour tenter de maîtriser l'auteur présumé des tueries de Toulouse et de Montauban. Un homme de 23 ans, de nationalité française, se revendiquant d'Al-Qaïda s'était retranché au rez-de-chaussée d'un petit immeuble.
"Il y a aujourd'hui plusieurs opérations qui sont conduites en même temps" dans l'agglomération toulousaine, explique le chef de la section antiterroriste du parquet de Paris, Olivier Christen. Le suspect retranché dit avoir voulu, par ses actes, "venger les enfants palestiniens", selon Claude Guéant, ministre de l'Intérieur présent sur place.
• 3h10 : début de l'opération du Raid, premiers coups de feu
L'opération a débuté mercredi vers 3h10 dans un quartier résidentiel de Toulouse. Cette intervention a été minutieusement préparée par une réunion de travail dans la nuit à la préfecture de Toulouse. Des policiers portant des casques et des gilets pare-balles sombres ont bouclé ce quartier tranquille situé non loin des lieux de la tuerie de lundi dans un collège-lycée juif.
Quand les forces de l'ordre ont lancé leur assaut, le forcené a répondu avec des armes de guerre. Un échange violent de coups de feu s'est engagé. Trois policiers ont été touchés : un premier a été blessé au genou, un deuxième à l'épaule et un troisième a été choqué après avoir reçu une balle dans son gilet pare-balles.
La mère du suspect, amenée sur les lieux, a refusé de négocier avec son fils. "Il lui a été proposé de prendre contact avec son fils, de le raisonner, mais elle ne l'a pas souhaité, indiquant qu'elle n'a guère d'influence sur lui", a précisé Claude Guéant.
La mère du suspect, son frère et la compagne de ce dernier ont été placés en garde à vue dans le cadre de l'enquête sur les trois fusillades qui ont fait sept morts depuis le 11 mars, a-t-on appris de source judiciaire. Ces gardes à vue, qui peuvent durer jusqu'à quatre jours en matière de terrorisme, ont débuté entre 4 heures et 6 heures du matin. Le ministre de l'Intérieur a déclaré qu'il s'agissait de gardes à vue de précaution.
• 5h45 : échange de tirs
Vers 5h45, des coups de feu sont à nouveau entendus autour de l'immeuble où ce Toulousain d'origine maghrébine est retranché. Entre les tirs, de pénibles tractations sont en cours, à travers la porte de l'appartement, pour le convaincre de se rendre, a confié le ministre de l'Intérieur, sur place.
• 8h50 : un bus pour évacuer les voisins
Un bus a été avancé dans le secteur quadrillé par les forces de l'ordre pour éloigner les habitants traumatisés par cette nuit de siège.
"On est cloîtrés depuis 3 heures du matin avec des tirs. Personne ne nous informe. Il faudrait qu'on nous évacue", a raconté une habitante de l'immeuble du suspect, en larmes, au micro d'Europe 1.
• 9 heures : de nouveaux coups de feu
Des nouveaux coups de feu retentissent, selon les journalistes présents sur place. D'après Claude Guéant, l'homme a jeté par la fenêtre un colt 45 mais il posséderait encore "beaucoup d'armes", dont une kalachnikov et un pistolet uzi. Par ailleurs, des armes auraient été découvertes dans une voiture à proximité de l'immeuble, selon des enquêteurs.
Une forte détonation a également retenti après 9 heures à proximité du logement de l'auteur présumé des tueries. Il s'agirait en fait de la destruction d'un véhicule présentant une gêne pour la police.
• 11 heures : le forcené cesse de discuter avec les négociateurs
"Il ne parle plus, les conversations se sont interrompues", a dit Claude Guéant à Toulouse devant la presse, alors qu'auparavant le forcené avait longuement expliqué aux policiers son itinéraire et dit "à plusieurs reprises" qu'il souhaitait se rendre.
• 11h25 : les habitants de l'immeuble assiégé ont été évacués
Les habitants de l'immeuble dans lequel le présumé tueur au scooter est assiégé par la police à Toulouse ont été évacués, selon une journaliste de l'AFP sur place. Choqués selon la police, ils devaient être pris en charge par une cellule psychologique.
• 14h30 : confusion autour de l'interpellation du suspect
Peu après, BFM TV a assuré que le suspect avait été arrêté par le Raid. Nos sources sur place ne confirmaient pas cette information. Quelques minutes plus tard, la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI), puis le ministre de l'Intérieur Claude Guéant et l'Elysée ont aussi démenti l'arrestation du suspect.
• 15h15 : Nicolas Sarkozy, sur place pendant une heure, quitte les lieux sans commentaire
Arrivé peu aux alentours de 14h15, le président a quitté une heure plus tard la caserne voisine des lieux où est retranché le suspect. Lors de son déplacement, il a rencontré des représentants des communautés religieuses. A l'issue d'un entretien avec Nicolas Sarkozy, la présidente du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) en Midi-Pyrénées, a déclaré que le suspect au scooter "allait tuer encore [mercredi] matin à Toulouse". "Il avait déjà un plan pour tuer", a ajouté Nicole Yardeni sans plus de précision.
Nicolas Sarkozy a ensuite pris la route de Montauban, à une demi-heure de là, pour assister aux obsèques des trois parachutistes tués les 11 et 15 mars.
• 15h50 : début des obsèques des trois militaires assassinés à Toulouse et Montauban
Peu avant son allocution, Nicolas Sarkozy a marqué quelques instants de silence avant l'arrivée des trois cercueils, portés par des soldats. Il a ensuite prononcé l'éloge funèbre en hommage aux trois militaires tués.
"Un soldat français connaît la mort et sait la regarder en face", mais "la mort que nos hommes ont rencontrée n'était pas celle à laquelle ils étaient préparés. Ce n'était pas la mort des champs de bataille mais une exécution terroriste", a affirmé le chef de l'Etat.
• 16h30 : les procureurs de la République de Paris et de Toulouse tiennent une conférence de presse
Au cours de son allocution, le procureur de la République de Paris a indiqué que Mohamed Merah, toujours retranché dans son appartement, pourrait se rendre en fin de soirée. Un choix que le suspect a justifié par le fait qu'il n'ait "pas une âme de martyr".
François Molins a ajouté que le tueur présumé, qui a "toujours agi seul", voulait encore abattre deux policiers "déjà identifiés" à Toulouse. Il a également annoncé que la caméra et le scooter T-Max utilisés lors des tueries ont été retrouvés et font actuellement l'objet d'investigations. Enfin, le procureur a dit que Mohamed Merah s'est félicité "d'avoir mis la France à genoux".
• 20h30 : Claude Guéant annonce que le dialogue se poursuit avec le suspect
Le ministre de l'Intérieur a fait un point sur le profil du tueur présumé ainsi que sur l'opération menée par le Raid à Toulouse depuis 3 heures du matin. On apprend notamment que des tentatives d'assauts, faisant intervenir des amis du suspects, ont échoués.
Par ailleurs, il a annoncé sur TF1 que le dialogue se poursuit avec Mohamed Merah. "Il affirme qu'il veut se rendre bientôt, il voulait le faire de toute façon à la nuit déjà tombée, et nous espérons qu'il va effectivement se rendre bientôt, les conditions de sa reddition sont en cours de négociations", a déclaré le ministre. Selon une source proche du dossier, une tentative de médiation avec Merah, à l'aide d'une de ses proches, avait échoué peu auparavant.
• 21h00 : le quartier est plongé dans le noir
Vers 21h, le quartier où se trouve l'immeuble dans lequel le suspect est retranché a soudainement été plongé dans le noir. De loin, les journalistes pouvaient voir que la façade de l'immeuble, elle, était éclairée par des moyens apparemment différents de l'éclairage public classique.
• 23h34 : des détonations
Les hommes du Raid étaient rentrés dans l'immeuble depuis plusieurs minutes quand trois détonations ont été entendues à proximité de l'immeuble. Des renforts de policiers et de CRS sont d'ailleurs arrivés près d'une heure auparavant.
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