Tour de France 2021 : Van der Poel, chutes en cascade, renaissance... Ce qu'on a aimé et moins aimé de la première semaine
Le Tour de France a conclu sa première semaine dimanche soir. Voici ce qu'on en a retenu.
On a aimé :
La fougue d’Alpecin-Fenix et de Mathieu van der Poel
Avec la victoire de Julian Alaphilippe lors de la première étape, c'est sans doute l'image marquante de cette première semaine du Tour de France. Invitée sur le Tour, qu'elle découvrait, la formation Alpecin-Fenix a embrasé les premières étapes, bombant le torse face aux meilleures formations. On retiendra bien sûr l'immense coup de force de Mathieu van der Poel, en jaune depuis la deuxième étape, qu'il a remporté avec panache avant d'être inondé par l'émotion.
Avec le maillot jaune et une victoire d'étape, le Tour était déjà réussi. Mais la formation belge a doublé la mise avec la victoire de Tim Merlier à Pontivy le lendemain au terme d'un final chaotique. Jasper Philipsen, la troisième carte, a lui réalisé trois podiums. Une entrée par la grande porte sur la Grande Boucle pour l'équipe UCI Pro Team, la 2e division du cyclisme.
Le retour d’un public passionné
Sevrée en 2020 de la ferveur populaire habituelle du Tour de France en raison du Covid-19, la messe de juillet a (presque) retrouvé son lustre d'un antan pas si lointain sur le bord des routes. Que ce soit à Brest pour le grand départ, à Mûr-de-Bretagne où la foule était immense, à Laval pour le chrono ou dans les premiers cols alpestres pourtant inondés par une pluie torrentielle pendant deux jours, la foule s'est massée au bord des routes.
Malgré le masque et la jauge sanitaire au départ et à l'arrivée, le public a clamé son amour au Tour et fait signifier son manque aux coureurs. Même sous la pluie, comme au col de Romme.
L'élixir de jouvence de Mark Cavendish
Difficile de trancher entre Mathieu van der Poel et Mark Cavendish pour la belle histoire de ce début de Tour. Mais celle du bolide de l'île de Man a ce côté improbable, presque lunaire tant chacun n'osait y penser. Au placard depuis plusieurs saisons, le Britannique de 36 ans semblait en bout de course, balloté entre des équipes incapables de le faire briller.
Revenu chez Deceuninck-Quick-Step pour une bouchée de pain (son sponsor paie son salaire, situé au minimum), Cavendish a remplacé au pied levé Sam Bennett, le sprinteur maison attendu. Résultat : deux victoires sur les trois sprints disputés. Cette première semaine avaient des airs de Tour 2010, où "le Cav'" se faufilait pour empiler les victoires.
Un parcours imprévisible d’entrée
En proposant deux premières étapes vallonnées, le Tour de France version 2021 a permis à beaucoup de coureurs de rêver du maillot jaune. Si c'est Julian Alaphilippe qui a raflé la mise, ces étapes en Bretagne ont offert des scénarii chaque jour haletants grâce à un parcours dessiné pour les attaquants.
Même l'étape à Fougères (4e), qu'on annonçait pour les sprinteurs, a failli sacrer un homme seul avec Brent van Moer. L'étape Vierzon-Le Creusot (7e), la plus longue de puis vingt ans (249 km), a offert une classique au milieu d'un Grand Tour. Hormis l'étape de Châteauroux (6e), aucune n'a eu un scénario limpide, même si les chutes ont fait grincer des dents sur la dangerosité du parcours.
On a moins aimé :
L’imbroglio autour des chutes…
Elles ont été l'autre information marquante de ce début de Tour : les chutes, brutales, humides, collectives ont fait souffrir le martyr aux coureurs. Si la spectatrice qui a provoqué une chute générale sur la première étape rendra compte devant la justice, la persécution qui s'en est suivie a eu des allures de chasse à l'homme (à la femme en l'occurence) parfois nauséabonde.
Devant la vindicte populaire, l'organisteur A.S.O a d'ailleurs décidé de retirer sa plainte pour apaiser l'affaire. "Nous retirons notre plainte. Cette histoire prend des proportions folles, insensées", avait tenté de calmer le patron du Tour Christian Prudhomme. Sans doute insuffisant pour que la spectatrice "Opi-Omi" ne rase pas les murs lors de déplacement en France.
… et ses conséquences sur le classement général
Primoz Roglic, Geraint Thomas, Richie Porte, Miguel Angel Lopez, Sepp Kuss, Jack Haig... La lise des prétendants au podium à Paris touchés par les chutes dans cette première semaine est longue comme le bras. Au soir de la troisième étape, les dégats étaient déjà colossaux et le classement général bien débroussaillé avant même la première explication dans les cols.
Si Tadej Pogacar a déjà assommé le Tour samedi, on aurait aimé voir tous les concurrents, notamment Roglic qui a abandonné dimanche, se battre à armes égales à partir des Alpes. Il faudra attendre l'édition 2022.
Les cols fermés trop tôt au public
Comme chaque année, plusieurs cols sont fermés aux véhicules du public le jour de la course, afin de préserver l'environnement naturel et d'éviter des foules trop denses. Mais certains l'ont été un peu plus tôt que prévu, notamment au col de Romme, emprunté par la course samedi lors de la 8e étape entre Oyonnax et le Grand Bornand.
Dès le jeudi matin, un arrêté préfectoral a fermé la circulation, empêchant les nombreux campings-caristes de monter se positionner. Un scénario qui s'est répété plus loin, dans la Colombière, et qui a peu gâché la fête pour les locaux. Même si certains ont contourné le piège.
Le départ précipité de Van der Poel
On ne lui en voudra pas de quitter son premier Tour de France, plus que réussi, pour se projeter vers les Jeux Olympiques de Tokyo, d'autant qu'il l'avait déjà annoncé à demi-mot avant de prendre le départ. Tous les quatre ans, des coureurs quittent prématurément les routes du Tour pour se concentrer sur les Olympiades. Chaque année, plusieurs coureurs, notamment les sprinteurs, jettent eux l'éponge une fois la montagne arrivée.
Si ce phénomène a toujours existé, l'organisateur doit grincer des dents de voir ses têtes d'affiche quitter "la plus grande course du monde" prématurément, sans raison médicale, pour d'autres objectifs. On pourrait leur reprocher de bafouer "l'esprit du Tour", soit aller au bout des trois semaines malgré des terrains parfois laborieux. Mais comme pour la course, ce sont les coureurs qui le font, ce fameux esprit, et ils restent libres de le modifier à leur convenance. Le choix de van der Poel est compréhensible, on aurait simplement aimé se délecter un peu plus des estocades salivantes du petit-fils de Raymond Poulidor.
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