Venezuela : victoire historique de l'opposition aux législatives
C'est une première depuis l'arrivée au pouvoir du chavisme en 1999.
Coup dur pour le chavisme. L'opposition vénézuélienne a remporté, dimanche 7 décembre, la majorité parlementaire pour la première fois en 16 ans. La Table de l'unité démocratique (MUD), grande coalition d'opposition, a décroché 99 des 167 sièges du Parlement monocaméral, contre 46 pour le Parti socialiste unifié du Venezuela (PSUV) du président Nicolas Maduro, a annoncé la présidente du Conseil national électoral, Tibisay Lucena. Vingt-deux sièges restent encore incertains, en attendant que s'achève le comptage des voix.
Malgré les craintes de troubles, dans l'un des pays les plus violents au monde, marqué en 2014 par des manifestations ayant fait officiellement 43 morts, la journée électorale s'est déroulée dans le calme et avec "une participation extraordinaire", selon Tibisay Lucena. L'annonce des résultats officiels, après plusieurs heures de retard, a été accueillie dans certains quartiers de Caracas par des cris de joie, des pétards et des feux d'artifice.
Crise économique profonde
Immédiatement après, Nicolas Maduro, 53 ans, est apparu, le visage grave, lors d'une allocution télévisée. "Nous sommes venus avec notre morale, avec notre éthique, pour reconnaître ces résultats adverses, pour les accepter et pour dire à notre Venezuela que la Constitution et la démocratie ont triomphé", a déclaré l'héritier politique d'Hugo Chavez, au pouvoir depuis la mort de ce dernier 2013.
L'opposition était depuis plusieurs mois largement favorite pour ces élections, profitant du mécontentement populaire dans un climat de profonde crise économique provoquée par la chute des cours du brut, dans ce pays aux plus importantes réserves pétrolières au monde.
"Aujourd'hui le changement a commencé au Venezuela", s'est félicité le chef de la MUD, Jesus Torrealba. Selon lui, "le peuple a parlé de manière claire, les familles vénézuéliennes sont lassées de vivre les conséquences de l'échec" du programme du PSUV, qui avait bâti sa popularité sur de nombreux programmes sociaux. Sa victoire marque un tournant historique depuis l'arrivée au pouvoir du chavisme en 1999.
Coalition disparate
Avec une majorité proche des trois cinquièmes (il ne leur manque que deux sièges), cette coalition disparate, de la gauche à la droite dure, pourrait lancer un vote de censure contre le vice-président ou l'un des ministres. Elle veut adopter au premier semestre 2016 des réformes économiques et une amnistie pour les 75 prisonniers politiques qu'elle recense.
Mais dans ce régime présidentiel, elle devra lutter pour exercer un contre-pouvoir face au chavisme, Nicolas Maduro pouvant limiter les pouvoirs du Parlement, qui entrera en fonctions le 5 janvier, au risque toutefois d'entraîner de fortes protestations.
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