Viande de cheval : des failles dans la défense de Spanghero
Lors d'une conférence de presse, Barthélémy Aguerre, PDG de l'entreprise incriminée dans le scandale, a assuré que la société n'a "voulu tromper personne". Francetv info revient sur ses arguments.
Spanghero contre-attaque. L'entreprise française mise en cause dans le scandale de la viande de cheval en Europe a rejeté vendredi 15 février les accusations du gouvernement. "Nous n'avons voulu tromper personne", a assuré Barthélémy Aguerre, le PDG de la société lors d'une conférence de presse organisée dans l'après-midi.
Mais la ligne de défense de cette entreprise basée à Castelnaudary (Aude) tient-elle ? Et celle de ceux qui réclament le retour de son agrément sanitaire, comme les salariés de l'entreprise ou la mairie ? Francetv info a listé les arguments et les contre-arguments.
"Nous ne connaissions pas le code" de la viande chevaline, assure le PDG
L'accusation. Jeudi, le ministre délégué à la Consommation, Benoît Hamon, a clairement désigné Spanghero comme le principal responsable du scandale. "Le premier agent à avoir étiqueté comme 'bœuf' de la viande chevaline, a-t-il déclaré, était Spanghero". Son agrément sanitaire a été immédiatement suspendu. En cause, selon le gouvernement, la présence dun code douanier 0205 0080 sur la facture de réception du minerai de viande expédié par le trader chypriote Draap. Ces huit chiffres correspondent à la viande de cheval dans la nomenclature douanière.
La ligne de défense. "Nous ne connaissions pas ce code", dont la mention "n'est pas obligatoire", a avancé Barthélémy Aguerre. Ce dernier assure que dans la profession, qu'il dit avoir consultée, "personne ne connaît ce code". "Pour nous, le code à 8 chiffres identifiant les palettes incriminées ne correspond pas à un code douanier, mais à un code article, a-t-il soutenu. Nous l’avons pris pour un code article, et rien d’autre."
Si le PDG de Spanghero évoque la "négligence", il rejette complètement "une tromperie". "Je pense qu'on va faire la preuve de notre innocence", avait déclaré un peu plus tôt à l'AFP Barthélémy Aguerre. Sur Europe 1, il a lancé : "La magouille vient d'ailleurs. Le gouvernement est allé un peu vite."
Le bémol. Interrogé par francetvinfo, un professionnel de la Fédération française des industriels charcutiers, traiteurs, transformateurs de viande, confirme que les chiffres 0205 correspondent au cheval, contre 0202 pour le bœuf. Et selon lui, il est "curieux" que Spanghero n'ait pas eu d'autre mention que ce code pour spécifier le type de viande reçu. Quant à la Fédération des industriels et des commerçants de la viande, également contactée par francetvinfo, elle affirme que ce code est "obligatoire" et que tous les professionnels de la filière savent qu'il correspond à la viande de cheval.
Une société prise comme "bouc émissaire", déplorent les salariés
La ligne de défense. De son côté, le personnel de l'entreprise est en colère contre le gouvernement et la radicalité des mesures prises contre une société qui ne serait qu'un "bouc émissaire". La décision de retirer l'agrément sanitaire de Spanghero "condamne à mort 300 personnes et leurs familles, sans compter tous nos partenaires", a avancé Christophe Giry, cadre commercial qui a lu un communiqué élaboré avec le personnel lors d'un comité d'entreprise extraordinaire.
Le bémol. Le témoignage d'un salarié, recueilli par Europe 1, a de quoi jeter le trouble sur les pratiques des dirigeants de l'entreprise. Il les accuse d'être de "gros magouilleurs" à la radio. "On n'a jamais eu de preuves. On en discutait tous les jours, on s'est dit 'ils ne sont pas clean'. Nous, on se retrouve à la rue et eux, qu'est-ce qu'ils risquent ?", s'interroge-t-il.
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