: Vrai ou faux Les fauteuils roulants seront-ils bientôt intégralement remboursés, comme le promet Emmanuel Macron ?
Tous les fauteuils roulants seront-ils bientôt intégralement remboursés ? C'est ce qu'a promis Emmanuel Macron lors de la Conférence nationale du handicap (CNH) en avril 2023. "Nous prendrons intégralement en charge le remboursement des fauteuils roulants de ceux qui en ont besoin", a affirmé à son tour le nouveau Premier ministre devant les députés, lors de sa déclaration de politique générale à l'Assemblée nationale, mardi 30 janvier.
Les acteurs du secteur du handicap tirent pourtant la sonnette d'alarme. "Si on part sur une réforme telle qu'elle est actuellement envisagée, le dispositif prix limite de vente fera sortir de la nomenclature tous les modèles de nos adhérents", assure Malika Boubekeur, conseillère nationale pour APF France handicap. Une pétition lancée par député écologiste de la Dordogne Sébatien Peytavie pour alerter sur la situation avait reçu lundi plus de 50 000 signatures.
"Ces fauteuils bas de gamme, on n'en veut pas !"
Depuis un peu plus de 30 ans, l'assurance-maladie rembourse entre 558 et 603 euros pour un fauteuil roulant manuel et entre 2 700 et 3 938 euros pour un fauteuil roulant électrique. Le projet du gouvernement, présenté aux acteurs du secteur du handicap, prévoit une augmentation de la base de remboursement, mais fixe un prix limite de vente : 2 600 euros pour un fauteuil manuel et 18 000 euros pour un fauteuil électrique. Les fauteuils dont le prix sont en dessous de ces prix limites de vente seraient désormais remboursés à 100%, mais ceux qui dépassent ces prix sortiraient de la nomenclature LPPR et ne seraient donc plus remboursés.
Or, la grande majorité des fauteuils roulants utilisés au quotidien par des personnes handicapées dépassent les seuils fixés par le gouvernement dans la version actuelle de la réforme. Il faut compter "entre 4 000 et 8 000 euros" pour un fauteuil roulant manuel, et plusieurs dizaines de milliers d'euros pour un fauteuil électrique, "parfois plus de 50 000", évalue Nathalie Creveux-Bigaignon, porte-parole de l'Union des prestataires de santé à domicile indépendants (Upsadi).
"L'idée du gouvernement, c'est que les fabricants rentrent dans ces prix-là, mais à ces prix-là, ce ne seront jamais des fauteuils adaptés aux besoins spécifiques des personnes", ajoute-t-elle. "Ces fauteuils bas de gamme, on n'en veut pas !", abonde Malika Boubekeur, "avec des fauteuils au rabais, trop lourds, vous vous flinguez le corps. Avec une mauvaise assise, les escarres sont assurées à 100%, etc.". "Les personnes handicapées passent tous les jours quatorze à quinze heures dans leur fauteuil, ce n'est pas un luxe", lâche la conseillère nationale.
En finir avec les cagnottes de financement
"Mon fauteuil coûte 8 000 euros. L'assurance-maladie m'en a remboursé 558 euros, et comme j'ai une très bonne mutuelle, elle m'en a remboursé 2 000 euros", témoigne le député Sébastien Peytavie. "Avec les prix limites de vente actuellement prévus, mon fauteuil sortirait des nomenclatures et ne serait plus remboursé du tout", explique-t-il. En effet, si les fauteuils utilisés par les personnes handicapées sortent de la nomenclature LPPR, les mutuelles ne les prendront plus en charge non plus.
Pour autant, si la réforme actuelle est décriée par les acteurs du secteur du handicap, une réforme doit être menée, estime Malika Boubekeur. "On veut en finir avec le parcours du combattant qui consiste à financer son fauteuil petit bout par petit bout, à coup d'aides et de cagnottes. On veut une prise en charge intégrale de tous les fauteuils roulants par l'assurance-maladie", revendique Malika Boubekeur. "On veut une réforme qui suive les annonces faites par le président et le Premier ministre, tout simplement", résume la conseillère nationale pour APF France handicap.
"On ne peut pas inciter les personnes en fauteuil à trouver du travail et en même temps ne pas leur permettre d'avoir accès à un fauteuil actif adapté", ajoute Sébatien Peytavie, qui soulève par ailleurs la question de l'équipement sportif. "A quelques mois des Jeux paralympiques en France, on ne peut pas inciter les personnes handicapées à faire du sport et ne pas fournir les outils nécessaires à la pratique", estime-t-il. Pour l'heure, les fauteuils sportifs manuels sont remboursés à hauteur de 558 euros par l'assurance-maladie, pour des prix allant de 2 000 à plus de 6 000 euros.
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