Syrie : les observateurs de l'ONU visés par des tirs sur les lieux d'un massacre près de Hama
SYRIE - Au lendemain d'une tuerie qui a fait au moins 55 victimes, dont des femmes et des enfants selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme, les observateurs de l'ONU ont été pris pour cibles.
Les observateurs de l'ONU en Syrie ont essuyé jeudi 7 juin des tirs à l'arme légère, a dénoncé le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon. Ils tentaient de se rendre dans le village d'Al-Koubeir, théâtre la veille d'un nouveau massacre.
Déployés dans le pays dans le cadre du plan Annan, ces observateurs avaient d'abord été empêchés de se rendre dans le village plus tôt dans la journée, "stoppés à des barrages de l'armée syrienne et dans certains cas refoulés", a indiqué le directeur de la mission, le général Robert Mood.
Un bilan encore incertain
Le nombre de personnes tuées mercredi dans la région de Hama, dans le centre de la Syrie, demeure incertain. L'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) a indiqué dans un dernier bilan, revu à la baisse, qu'il y aurait au moins 55 morts.
Dans un précédent décompte, l'organisation avait fait état de 87 morts, soulignant qu'il n'était pas définitif. Auparavant, le Conseil national syrien, principale coalition de l'opposition, avait évoqué une centaine de victimes puis 80. "Parmi les victimes, figurent 18 femmes et enfants", précise l'OSDH, près de deux semaines après le massacre de Houla. L'organisation, l'opposition syrienne et les Frères musulmans en Syrie accusent le régime de Bachar Al-Assad d'être responsable.
• Damas dément
Le gouvernement syrien a démenti jeudi que tout massacre ait eu lieu, accusant "un groupe terroriste d'avoir commis un crime haineux dans la région de Hama qui fait neuf victimes". "Ce que quelques médias ont rapporté sur ce qui s'est passé à Al-Koubeir, dans la région de Hama, est complètement faux", a indiqué le gouvernement dans un communiqué à la télévision officielle.
• Le précédent de Houla
Le 25 mai, au moins 108 personnes, dont une cinquantaine d'enfants, avaient péri dans un massacre à Houla, dans la province de Homs (centre). Un haut responsable de l'ONU avait affirmé avoir de "forts soupçons" sur l'implication des "chabbiha", des miliciens pro-régime, dans cette tuerie qui avait déclenché un tollé international. La rébellion et le régime se sont rejeté la responsabilité. Le président Bachar Al-Assad avait nié tout lien avec le massacre de Houla.
Plus de 13 400 personnes, la plupart des civils tués par les forces régulières, ont péri en Syrie, selon l'OSDH, en quinze mois d'une révolte réprimée dans le sang.
• La communauté internationale divisée face à Bachar Al-Assad
La communauté internationale ne parvient pas à surmonter ses divisions sur le dossier syrien, Moscou et Pékin rejetant tout ingérence dans les affaires syriennes. Les Occidentaux et certains pays arabes souhaitent une transition politique devant aboutir au départ du président Bachar Al-Assad. Et malgré la poursuite des violences, la Russie et la Chine, alliées du régime syrien, se sont déclarées à nouveau mercredi résolument hostiles à toute "intervention" et tout changement de régime en Syrie.
Dans le même temps, seize pays, dont les Etats-Unis, plusieurs pays européens et arabes, se sont réunis mercredi soir à Istanbul (Turquie) pour discuter des moyens de faire cesser la violence en Syrie et contraindre le président Bachar Al-Assad à quitter le pouvoir. "Nous devons continuer de fermer les circuits économiques vitaux du régime [de Damas], élargir le cercle de pays appliquant fermement les sanctions et empêcher le gouvernement syrien de les contourner", a déclaré Hillary Clinton avant l'ouverture de la réunion. "Le régime doit mettre fin aux atrocités, se conformer à tous ses engagements dans le cadre du plan Annan, et permettre le commencement de la transition vers une Syrie démocratique."
• Un "plan B" ?
L'émissaire international Kofi Annan, qui doit s'exprimer jeudi à l'ONU, va proposer que les Occidentaux, la Russie et la Chine, et peut-être même l'Iran et plusieurs pays arabes, forment un nouveau groupe de contact pour convaincre Damas d'engager un dialogue politique avec son opposition, ont indiqué des diplomates.
L'émissaire international commence à entrevoir l'échec de son plan et souhaite que la communauté internationale pèse de tout son poids pour le faire respecter ou pour trouver un "plan B", selon des diplomates. "En l'absence de signes sérieux de conciliation de la part du régime al-Assad, nous irons bientôt tout droit dans cette direction", a dit pour sa part le secrétaire au Trésor américain, Timothy Geithner, faisant référence au chapitre VII, qui permet d'isoler totalement un pays par un régime contraignant de sanctions. Le ministre italien des Affaires étrangères, Giulio Terzi, a jugé qu'il existait un risque de "génocide" si la communauté internationale n'intervenait pas rapidement.
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