Rentrée scolaire 2023 : voici tout ce qui change pour les élèves à l'école, au collège et au lycée
Qu'ils entrent à l'école élémentaire, au collège ou qu'ils préparent le bac au lycée, les élèves vont constater qu'il y a du changement pour cette nouvelle année scolaire. Outre l'interdiction de l'abaya et du qamis et la volonté du gouvernement de faire de la lutte contre le harcèlement scolaire une priorité, il y a aussi, sur le plan pédagogique, plusieurs nouveautés notables (et un retour en arrière) pour le premier comme le second degré.
Lors de sa conférence de presse de rentrée le 28 août, le ministre de l'Education nationale, Gabriel Attal, a annoncé son intention de "mettre le paquet sur les savoirs fondamentaux". Voici les principales évolutions, niveau par niveau, à la veille de la grande rentrée, lundi 4 septembre.
En primaire, davantage de mathématiques et de français
Le renforcement de l'apprentissage de la lecture en CP. Gabriel Attal a souligné la nécessité de renforcer les "savoirs fondamentaux", c'est-à-dire les mathématiques et le français. Par conséquent, deux heures seront quotidiennement consacrées à l'apprentissage et à la pratique de la lecture en classe de CP. En CM1, les élèves qui éprouvent des difficultés en la matière "bénéficieront d'une pratique quotidienne renforcée, avec la lecture de texte longs", a précisé le ministre de l'Education.
De nouvelles évaluations en CM1, davantage d'écriture en CM2. Les élèves de CM1 vont également passer de nouvelles évaluations nationales en français et en mathématiques, afin "d'objectiver les difficultés de chaque élève dès le début de l'année scolaire", a annoncé Gabriel Attal.
Les élèves de CM2 devront pour leur part "produire au moins un texte écrit" par semaine. Ces mesures visent à relever le niveau scolaire, particulièrement bas en mathématiques. En 2019, la France était dernière au sein de l'Union européenne dans le classement des CM1 en maths, selon une enquête internationale TIMSS.
Au collège, la 6e fait peau neuve
Du soutien scolaire obligatoire en 6e. La transition entre l'école primaire et le collège n'est pas un long fleuve tranquille, comme l'ont démontré les évaluations nationales réalisées lors de la rentrée 2022. Elles ont révélé que plus d'un élève sur quatre (27%) entrant en 6e n'avait pas le niveau demandé en français, et un tiers ne disposait pas des compétences requises en mathématiques.
Pour pallier ces faibles résultats, "la nouvelle 6e" voulue par le ministère de l'Education prévoit que des enseignants d'école élémentaire et de collège dispensent chaque semaine une heure de soutien ou d'approfondissement en français ou en maths. Ce dispositif, obligatoire, sera mis en place au détriment des cours de technologie, dont une heure est supprimée du programme.
L'idée d'un soutien scolaire obligatoire en 6e n'est pas nouvelle. En janvier, le prédécesseur de Gabriel Attal, Pap Ndiaye, l'avait proposé, s'attirant les critiques des syndicats. Elle ne "résoudra pas les difficultés", avait ainsi fustigé sur franceinfo Guislaine David, cosecrétaire générale et porte-parole du SNUipp-FSU. "S'il y a difficultés pour ces élèves qui rentrent en 6e, il faut régler les difficultés avant, c'est-à-dire qu'il faut pointer ce qui ne va pas dans l'organisation du système de l'école primaire", avait-elle souligné, réclamant un "abaissement des effectifs dans toutes les classes".
Le dispositif "devoirs faits" étendu. Jusqu'alors basé sur le volontariat, le dispositif "devoirs faits" devient cette année obligatoire pour tous les élèves de 6e. Cette mesure, mise en place par Jean-Michel Blanquer en 2017 pour réduire les inégalités scolaires et favoriser l'autonomie, permet aux collégiens de faire leurs devoirs gratuitement au sein de leur établissement, plutôt que chez eux.
Ce temps d'étude en dehors de la classe (au moins deux heures et demie par semaine) est encadré par "des professeurs, des assistants d'éducation, des volontaires du service civique et des associations répertoriées", précise le site du ministère.
Une nouvelle évaluation en 4e. A l'instar des élèves de CM1, les classes de 4e devront passer de nouvelles évaluations nationales en français et en mathématiques. "Elles prendront la forme d'un test numérique", a précisé Gabriel Attal.
Au lycée, les épreuves du bac évoluent encore
Le décalage des épreuves du bac de mars à juin. Les épreuves de spécialité du baccalauréat se tiendront en juin et non plus en mars, comme le prévoyait la réforme portée par Jean-Michel Blanquer en 2018. Dans un entretien au Point accordé quelques jours avant les annonces de Gabriel Attal, Emmanuel Macron avait jugé que ces épreuves ne pouvaient pas se tenir "si tôt dans l'année". La secrétaire générale du syndicat Snes-FSU, Sophie Vénétitay, s'est réjouie le 28 août au micro de France Inter, évoquant une "très bonne nouvelle à la fois pour les élèves et les professeurs", face à "un absentéisme qui a explosé l'année dernière au troisième trimestre, dès la fin des épreuves".
L'épreuve orale du bac de français allégée. Autre mesure concernant les épreuves du baccalauréat : les cinq minutes dédiées au projet d'orientation du grand oral vont être supprimés "pour passer davantage de temps sur les savoirs acquis pendant le lycée", a expliqué Gabriel Attal. Le bac français sera pour sa part amputé d'une partie des textes au programme, comme le souhaitaient les associations de professeurs, rappelle Les Echos. Seuls seize textes feront l'objet d'épreuves orales au bac 2024, contre vingt auparavant, pour "mieux les approfondir et mieux les préparer", a précisé le ministre.
Le retour des maths dans le tronc commun en 1re. Les maths vont faire leur grand retour dans le tronc commun du programme de 1re, comme annoncé à l'automne dernier. La réforme Blanquer les avait rendues facultatives en 2019. Le corps enseignant s'était alarmé d'une désaffection de la matière, puisque quatre élèves de terminale sur dix avaient complètement arrêté les mathématiques en 2022. Les élèves en filière générale n'ayant pas choisi la matière comme spécialité seront donc obligés d'en faire dès septembre, à raison d'une heure et demie de cours par semaine.
Ce retour des maths vise à "lutter contre les stéréotypes de genre et encourager l'égalité filles garçons", précise le service public. ll s'inscrit dans un objectif fixé par le gouvernement, celui "d'atteindre d'ici 2027 la parité filles-garçons dans les spécialités mathématiques, physique-chimie et mathématiques expertes". Proposée par Pap Ndiaye en janvier, l'idée d'une réintroduction des mathématiques dans le tronc commun avait suscité de nombreuses interrogations, compte tenu du manque criant de professeurs. L'ancien locataire de la rue de Grenelle avait alors estimé qu'il en faudrait environ 400 de plus pour assurer la réussite d'une telle mesure.
Une gratification pour les stages en lycée professionnel. "Mon cap est clair : faire reconnaître la voie professionnelle pour ce qu'elle est, une filière de réussite", a déclaré la ministre chargée de l'Enseignement et de la Formation professionnels, Carole Grandjean, lors de la conférence de presse de rentrée. Une ambition qui va se traduire par une mesure très concrète : dès le 4 septembre, la période passée en entreprise par les élèves de lycées professionnels sera rémunérée, à hauteur de 50 euros par semaine en classe de seconde, 75 euros en première et 100 euros en terminale.
Ces indemnités prises en charge par l'Etat, pourront atteindre "jusqu'à 2 100 euros sur un cycle de trois années de formation", a détaillé la ministre. Elles seront réservées aux élèves de lycées professionnels qui préparent un diplôme professionnel de niveau 3 et 4.
Autre changement notable : des bureaux d'entreprise feront leur apparition au sein des lycées professionnels. Une personne sera chargée d'"aider les jeunes à rechercher des stages" et à "développer les relations avec les entreprises".
Par ailleurs, le dispositif "Tous droits ouverts" va également entrer en vigueur. Son but est d'aider les décrocheurs scolaires à trouver une structure de proximité comme la mission locale, le centre de formation des apprentis (CFA) ou encore l'école de la deuxième chance (E2C). L'efficacité de cette réforme sera testée via trois indicateurs : l'augmentation de l'insertion sur le marché de l'emploi, la réduction du nombre de décrocheurs et l'amélioration du taux de poursuite des études après l'obtention du diplôme.
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