Cet article date de plus d'un an.

Report des épreuves du bac, interdiction de l'abaya, prix des fournitures… Ce qu'il faut retenir des annonces de Gabriel Attal pour la rentrée

Lors d'une conférence de presse, lundi matin, le ministre de l'Education nationale a détaillé et complété les annonces faites la veille sur TF1.
Article rédigé par franceinfo
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 11min
Le ministre de l'Education, Gabriel Attal, lors de la conférence de presse de rentrée pour l'année scolaire, le 28 août 2023. (BERTRAND GUAY / AFP)

Il a donné le ton de l'année scolaire à venir. Laïcité, inflation, épreuves du baccalauréat, évaluations sur "les savoirs fondamentaux" que sont les mathématiques et le français, rémunération des enseignants... Le nouveau ministre de l'Education nationale et de la Jeunesse a donné sa première conférence de presse de rentrée, lundi 28 août. Gabriel Attal a détaillé et complété les annonces faites la veille sur le plateau du journal de 20 heures de TF1. Franceinfo fait le point sur ce qu'il faut en retenir.

Les épreuves de spécialité du bac repoussées en juin au lieu de mars, dès 2024

Les épreuves de spécialité du baccalauréat se tiendront en juin dès la session 2024, et non plus en mars, a annoncé sur TF1 le ministre de l'Education nationale, confirmant une information du Parisien. Dans un entretien au Point, Emmanuel Macron avait déjà estimé il y a quelques jours que ces épreuves ne pouvaient pas se tenir "si tôt dans l'année".

"Plus que jamais, nous devons reconquérir l’ensemble du troisième trimestre", a martelé Gabriel Attal lors de sa conférence de presse. Concernant les épreuves du bac, le ministre a annoncé que les cinq minutes dédiées au projet d'orientation dans le grand oral seraient supprimées "pour passer davantage de temps sur les savoirs acquis pendant le lycée".

En revanche, "il n'y aura pas de modification massive du calendrier Parcoursup", avait précisé le ministre sur TF1. Ce bouleversement conduit ainsi à la fin de la prise en compte des épreuves de spécialité du bac lors de la sélection faite par les établissements de l'enseignement supérieur.

Le ministre a par ailleurs confirmé le retour des mathématiques en première, avec une heure et demie de cours minimum pour les élèves qui n'ont pas choisi cette spécialité. Quant au bac de français, Gabriel Attal a fait savoir que le nombre de textes au programme pour l'oral serait ramené de 20 à 16. S'agissant des élèves de seconde, enfin, une réflexion est en cours pour les occuper au moins de juin. "Il y a le SNU, mais nous travaillerons avec les organisations syndicales sur de nouvelles expériences", a assuré le ministre.

L'abaya interdite en milieu scolaire

Gabriel Attal a également annoncé "qu'on ne pourrait plus porter l'abaya à l'école". L'abaya est une robe longue et ample portée par-dessus les vêtements. Si sa dimension religieuse est débattue, le vêtement est considéré par le ministre comme un signe lié à l'islam. "Vous rentrez dans une salle de classe, vous ne devez pas être capable d'identifier la religion des élèves en les regardant", a-t-il justifié sur TF1. Gabriel Attal souhaite s'entretenir "dès la semaine prochaine" avec les responsables d'établissements scolaires pour les aider à appliquer cette interdiction.

"L'abaya n'a pas sa place dans notre école, pas plus que les autres signes religieux", a-t-il appuyé lors de sa conférence de presse, évoquant la "fidélité à nos valeurs et le refus du communautarisme". Le ministre n'en a pas dit plus sur les modalités de cette interdiction. Il a précisé que "300 000 personnels par an" seraient formés aux "enjeux de laïcité" d'ici à 2025 et l'ensemble des 14 000 membres du personnel de direction "avant la fin de l'année".

Cette décision intervient alors que de plus en plus d'établissements signalent des atteintes à la laïcité, notamment pour des questions vestimentaires, et réclament une clarification. Jusqu'ici, le ministère leur laissait une marge d'interprétation sur le caractère religieux du port de l'abaya, tout en estimant possible de l'interdire. Pap Ndiaye, le prédécesseur de Gabriel Attal, s'était refusé à réglementer dans le détail "les longueurs des robes".

De nouvelles évaluations sur les maths et le français en CM1 et quatrième

Lors de sa conférence de presse, le ministre a insisté sur les "savoirs fondamentaux", à savoir les mathématiques et le français, annonçant pour cette année scolaire un "choc des savoirs". Cela passera notamment par l'instauration de nouvelles évaluations nationales en CM1 et en quatrième, afin d'"objectiver les difficultés de chaque élève dès le début de l'année scolaire".

En CP, deux heures par jour devront être consacrées à l'apprentissage et à la pratique de la lecture. En CM1, les élèves qui ont du mal avec la lecture "bénéficieront d'une pratique quotidienne renforcée avec la lecture de textes longs", a annoncé Gabriel Attal. En CM2, "les élèves devront produire un texte écrit" chaque semaine, a ajouté le ministre.

Au collège, une heure hebdomadaire de soutien en français et mathématiques sera instaurée pour les élèves de sixième, "sur la base de l'évaluation de début d'année". Elle sera assurée notamment par des enseignants d'école élémentaire. Pour permettre l'introduction de cette heure de soutien, l'heure de technologie en classe de sixième est supprimée. Le dispositif "devoirs faits", qui consiste en un accompagnement de deux heures et demie par semaine pour les devoirs, sera généralisé à l'ensemble des élèves de sixième.

Une "organisation" pour proposer des fournitures scolaires au "prix de gros"

A quelques jours de la rentrée scolaire pour des millions d'élèves, le 4 septembre, et alors que les prix des fournitures scolaires ont augmenté de 10% en un an, Gabriel Attal a déclaré vouloir "trouver une organisation" afin que "les parents puissent acheter des fournitures avec des prix de gros". "On vit une période d'inflation qui est dure, très dure, et les fournitures scolaires ne sont pas quelque chose sur lequel on peut rogner", a justifié le ministre, qui a précisé vouloir "y travailler au cours de l'année".

"Il faut simplifier la liste des fournitures scolaires demandées aux élèves", a-t-il par ailleurs demandé, tout en assurant qu'il respectait "la liberté pédagogique" des enseignants. Le ministre n'a pas apporté de détails sur cette mesure lors de sa conférence de presse.

Tous les professeurs revalorisés dès septembre, le "pacte enseignant" mis en œuvre

"En septembre, chaque enseignant, sans condition, gagnera entre 125 et 250 euros net de plus par mois", a assuré Gabriel Attal, confirmant les annonces du mois d'avril. "Pas un seul professeur titulaire ne touchera moins de 2 100 euros net par mois", a-t-il ajouté lors de sa conférence de presse, parlant de la "plus grosse hausse de salaire de nos professeurs depuis des décennies". Les chefs d'établissements, eux, percevront "1 000 euros de plus par an", tandis que les accompagnants d'élèves en situation de handicap (AESH) bénéficieront d'une "revalorisation de 10 à 13%", a annoncé le ministre.

Interrogé sur TF1 sur le manque de professeurs à la rentrée et les absences non remplacées en cours d'année, qui représenteraient chaque année "15 millions d'heures perdues" pour les élèves, Gabriel Attal a reconnu qu'il était nécessaire "d'attirer plus d'enseignants, de les valoriser", notamment "financièrement". Dans le cadre "du pacte enseignant" présenté en avril, les enseignants qui remplaceront un collègue pour une absence de courte durée seront rémunérés 1 250 euros brut pour un forfait de 18 heures, soit 69 euros brut de l'heure, précise le ministère dans son dossier de presse.

"La moitié des absences de courte durée est liée à des contraintes administratives", a par ailleurs admis Gabriel Attal, qui assure vouloir "balayer devant sa porte" pour "libérer du temps pédagogique aux enseignants". "Pour un élève, [les absences d'enseignants] ça peut être, mis bout à bout, un an de cours perdu sur sa scolarité", a chiffré le ministre de l'Education nationale.

Le harcèlement, "grande cause de l'année scolaire"

"On n'apprend pas bien si on n'est pas heureux", "le harcèlement à l'école fait souffrir trop de nos enfants", a observé Gabriel Attal lors de sa conférence de presse, après le suicide en mai d'une adolescente. Le ministre a ainsi annoncé que "la lutte contre le harcèlement" serait "la grande cause de l'année scolaire". C'est un "impératif que je fixe pour l'ensemble de l'Education nationale : nos enfants doivent être écoutés et protégés", a-t-il déclaré. Cela concerne aussi le cyberharcèlement.

Autre nouveauté, un élève responsable de harcèlement scolaire pourra désormais être transféré dans un autre établissement, pour ne pas imposer ce changement à la victime.

Au lycée professionnel, les stages en entreprise seront rémunérés

Dès cette rentrée, les élèves de lycée professionnel vont toucher un peu d'argent pendant leur période en entreprise, jusqu'ici non rémunérée, à hauteur de 50 euros par semaine en classe de seconde, 75 euros en première et 100 euros en terminale, soit "jusqu'à 2 100 euros sur un cycle de trois années de formation", a détaillé lors de la conférence de presse Carole Grandjean, la ministre chargée de l'Enseignement et de la Formation professionnels.

Autres nouveautés en filière professionnelle, "chaque lycée disposera d'un bureau des entreprises" et les établissements "accompagneront leurs anciens élèves sans solution", a ajouté Carole Grandjean. La ministre a également annoncé qu'elle allait "lancer de nouvelles possibilités de formation en bac +1 pour les élèves". "Chaque bac pro offrira demain au moins une spécialité pour poursuivre ses études, avec dès cette année 5 000 places en bac +1", a-t-elle détaillé. Et d'ajouter : "Mon cap est clair : faire reconnaître la voie professionnelle pour ce qu’elle est, une filière de réussite." La réforme du lycée professionnel sera évaluée via trois indicateurs : la réduction du nombre de décrocheurs, l'augmentation du taux d'insertion dans l'emploi après le diplôme et l'amélioration du taux de poursuite des études après le diplôme (CAP ou bac pro).

Lancez la conversation

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour commenter.