À qui va profiter la fin des "super promotions" dans les rayons de supermarchés ?
Fini le "un acheté, un offert"... Ce 1er mars entre en vigueur l'une des mesures phares de la loi du député Renaissance, Frédéric Descrozaille qui interdit donc les "super promos" dans les rayons des supermarchés, tout en encadrant les bonnes affaires à l'image des règles qui s'appliquent sur les produits alimentaires depuis 2018. Ce texte s'applique dans les rayons hygiène beauté, entretien et droguerie. Les -70%, -80%, voire -90% vont donc disparaître : ce sera -34% maximum pour les couches bébé, les gels douche, les produits lave-vaisselle, les lessives et autres détergents.
L'objectif est de rééquilibrer les négociations commerciales entre distributeurs, grands adeptes de prix cassés, et des fournisseurs chargés de les financer. Sans difficulté pour les géants mondiaux, c'était très différent pour les petits fabricants qui dénonçaient une concurrence déloyale. Or, après deux ans d'inflation, six consommateurs sur dix avouent choisir leur hypermarché en fonction des bonnes affaires proposées. D'ailleurs, au rayon beauté ou entretien, la moitié des ventes se font grâce à ces prix barrés.
Les "promophiles", grands perdants
Et les clients risquent donc de sentir la différence, selon Romain Charles, qui dirige Lucky Cart, une entreprise qui personnalise les promotions pour mieux séduire les consommateurs. "Les grands perdants là-dedans, ce sont les promophiles, ceux qui vont analyser tous les prospectus pour aller chercher toutes les bonnes offres en magasin. Pour tous les consommateurs qui vont faire leurs courses sans forcément analyser tous les prospectus, j'imagine que le député Frédéric Descrozaille s'est certainement dit que ces économies faites sur la promotion allaient être réinjectées en baisse de prix. Et je pense que rien n'est moins sûr", analyse l'expert.
Alors, à qui va profiter de la fin des "giga promo" ? La décision a provoqué une levée de boucliers des distributeurs contre ce qu'ils surnomment les "promotions interdites". Les patrons des enseignes ont même demandé un moratoire d'un an, en vain. En fait, le législateur a voulu protéger les petits fournisseurs face aux géants mondiaux, comme Céline Augusto et sa marque de couche écologique pour bébé. "Aujourd'hui, on est bloqué par les moyens colossaux qui sont mis sur la marque Pampers en promotion", dénonce la cofondatrice de Love & Green, qui représente 3 % du marché français des couches, contre 55 % pour le numéro un du secteur.
"La multinationale vend 60 % de ses volumes en promotion, avec des prix qui sont devenus fous avec des 70, 80 voire 90 % de remise. Quand vous êtes une PME, il vous est totalement impossible de suivre."
Céline Augusto, cofondatrice de Love & Greenà franceinfo
"Pour une PME comme la nôtre, 30 % de volume sous promotion représente un gros niveau d'investissement. On va continuer à le faire. On espère un assainissement du marché où les règles de concurrence vont redevenir loyales. Elles sont aujourd'hui totalement déloyales", défend-elle.
Depuis le retour de l'inflation, un tiers des Français reconnaissent se priver de certains produits d'hygiène, de dentifrices, de shampoing voire de protections féminines. Les plus prudents ont fait des stocks à prix cassés, mais les réserves ne durent qu'un temps. À noter que les déstockeurs et autres discounters ne sont pas concernés par la loi Descrozaille. Ils pourraient donc finir par être les véritables gagnants avec des prix imbattables, même sans promotions.
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